Synthèse de la presse américaine du 29 Mars 2017

 

Mercredi 29 mars 2017

Ambassade de France à Washington

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Benoît Cormier

  1. France/Europe

Brexit

L’activation par la Première ministre britannique Theresa May de l’article 50 du traité de Lisbonne qui amorce officiellement le processus de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne fait la « une » des médias. Pour The Atlantic, « l’abîme du Brexit commence » ; « les partisans du Brexit sont prêts à souffrir », titre The Daily Beast. D’autres médias sont moins alarmistes : « le Brexit peut ne pas être un désastre », juge Bloomberg. Aussi Foreign Policy appelle-t-il les opposants au Brexit à accepter la décision souveraine du peuple britannique.

« A qui incombe la responsabilité de la fragilisation de l’Union européenne ? », s’interroge Politico qui énonce douze personnes ou décisions ayant, selon le magazine contribué à affaiblir l’Europe – parmi lesquelles François Mitterrand, Boris Johnson et une surabondance de traités.

  1. International

Climat

Signé par Donald Trump le 28 mars, le décret sur l’indépendance énergétique prévoyant le réexamen des mesures clefs de l’administration Obama en matière de la lutte contre le changement climatique – dont le Clean Power Plan – suscite de vives réactions à la « une » des médias (WP, NYT, WSJ, The Atlantic, Los Angeles Times, Christian Science Monitor).

Déplorant cette décision, les titres de presse traditionnels livrent de virulentes critiques. L’équipe éditoriale du Washington Post estime que la volonté du président américain de « mettre fin à la guerre contre le charbon » – comme il l’a affirmé lors d’un discours prononcé au sein de l’Agence de protection de l’environnement préalablement à la signature du décret – « met en danger la Terre ». Partageant cette analyse, le New York Times – également dans un éditorial – et Foreign Policy ajoutent que le président Trump a de facto « répudié l’Accord de Paris » car ce décret vise à démanteler les mesures de lutte contre le changement climatique adoptées par son prédécesseur. Or, celles-ci donnaient aux Etats-Unis les outils nécessaires pour atteindre les objectifs d’une réduction d’un quart des émissions de carbone d’ici 2025 par rapport au niveau enregistré en 2005.

Outre les risques environnementaux que ce décret fait peser sur l’avenir de la planète, les médias progressistes fustigent aussi cette décision car elle leur apparaît préjudiciable aux intérêts mêmes des Etats-Unis. « L’abrogation du Clean Power Act amoindrit le leadership de Washington sur la scène internationale en matière de lutte contre le changement climatique », s’alarme l’équipe éditoriale du New York Times. Dans une tribune publiée par ce même journal et intitulée « Donald Trump est un agent des Chinois », Thomas Friedman ajoute qu’ « ignorer le changement climatique et les bénéfices, y compris économiques, des énergies propres ne fait qu’aider un rival : Pékin ».

Pour le New York Times, la signature du décret rappelle que plusieurs hauts responsables de l’administration Trump sont « des négationnistes du changement climatiques », parmi lesquels le président lui-même, le vice-président Mike Pence, le chef de la stratégie de la Maison Blanche Steven Bannon, le directeur de l’Agence de protection de l’environnement Scott Pruitt, ou encore le secrétaire à l’Energie Rick Perry. Leur « ignorance destructive » est dénoncée par John Podesta – ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton – dans une tribune publiée par le Washington Post.

Il pourrait néanmoins s’avérer très difficile pour Donald Trump de freiner l’impulsion environnementale de Barack Obama. « Il est encore possible d’arrêter cette folie », estime ainsi le New York Times qui évoque : (i) le délai d’au moins un an qui sera nécessaire à l’Agence de protection de l’environnement pour remplacer le Clean Power Act ; (ii) la mobilisation de certains Etats fédérés et de villes qui poursuivront la mise en œuvre de leurs politiques favorables à l’environnement ; et (iii) l’opinion publique qui pourrait constituer un obstacle majeur au programme climato-sceptique du président américain. « Rien n’est joué » ajoute le Los Angeles Times qui fait écho au Christian Science Monitor, selon lequel l’administration s’engage dans une voie ardue.

En revanche, les titres conservateurs tels que le Wall Street Journal se réjouissent de la décision de Donald Trump. Dans un éditorial, le quotidien estime que ce décret permettra de mettre un terme à « la guerre contre les énergies fossiles menée par Barack Obama » et à « la prise en otage des capacités énergétiques des Etats-Unis par les progressistes obsédés par le changement climatique ». De même, dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal, le chercheur Paul Tice estime que le décret « va dans la bonne direction », déplorant « les réglementations lourdes mises en place par l’administration Obama et qui pesaient sur les entreprises ». Le site d’extrême-droite Breibart ironise pour sa part sur les commentaires jugés excessifs du réalisateur Michael Moore, lequel a déclaré sur Twitter que Donald Trump allait causer « l’extinction de l’humanité ».

Lutte contre le terrorisme

« Donald Trump pourrait parvenir à remporter la guerre contre Daech », estime le Los Angeles Times selon lequel « le renforcement des efforts déployés en Irak et en Syrie pour lutter contre les djihadistes est à mettre au crédit du nouveau président ». Cependant, le Washington Post et le New York Times déplorent à nouveau, en « une », que l’augmentation des frappes entraîne un accroissement du nombre de victimes civiles.

Autres article à signaler :

Le New York Times souligne l’ampleur des manifestations en Côte d’ivoire où le peuple se mobilise pour protester notamment contre les inégalités.

Politico rapporte que le Sénat américain a voté à l’unanimité en faveur de l’intégration dans l’Otan du Monténégro.

III. Politique intérieure          

Liens présumés entre l’équipe de Donald Trump et la Russie

En « une », le Washington Post – dont Vox se fait l’écho – révèle que l’administration Trump a essayé d’empêcher l’ancienne ministre de la Justice par intérim Sally Yates de témoigner dans le cadre de l’enquête de la chambre des Représentants sur les liens présumés entre l’équipe de Donald Trump et la Russie. Cela a suscité « la colère des démocrates » qui accusent les républicains de tenter de faire obstacle aux investigations.

« Devin Nunes est dangereux ». Tel est le titre d’une tribune de Frank Bruni publiée par le New York Times dans lequel l’observateur reproche au président de la commission du renseignement de la chambre des Représentants une trop grande proximité avec la Maison Blanche. En revanche, l’équipe éditoriale du Wall Street Journal le soutient, estimant que si Devin Nunes démissionne, son homologue démocrate Adam Schiff devra aussi quitter ses fonctions.

            « Donald Trump ne comprend toujours pas qu’il dirige désormais une entreprise publique et que ses actionnaires sont le peuple américain », déplore David Ignatius dans une tribune publiée par le Washington Post, estimant que les méthodes de gouvernance du président, qui livre notamment une bataille contre les agences de renseignement, le discréditent.

Droit à la protection des données privées

Le Washington Post en « une » et l’équipe éditoriale du New York Times s’alarment d’un vote des Républicains au Congrès qui annule une réglementation de la Federal Communications Commission (organe de régulation des télécommunications) adoptée en octobre 2016, laquelle permettait de protéger les données privées des internautes. Désormais, les fournisseurs d’accès à internet pourront les utiliser et les revendre sans l’accord des utilisateurs.