Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin
30 mars 2017
- L’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne par le Royaume-Uni fait les gros titres de la Süddeutsche Zeitung et de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui publie une tribune de la Première ministre britannique (« May : nous quittons l’UE, pas l’Europe ») et du Tagesspiegel (« Londres 12h20 – Big bang »). Die Welt fait état des derniers développements judiciaires sur la situation de son correspondant incarcéré en Turquie (« les avocats de Deniz Yücel saisissent la cour constitutionnelle de Turquie »).
- Allemagne
« Ankara a voulu que Berlin espionne des responsables politiques » (FAZ)
Sur un ton scandalisé, les quotidiens rapportent qu’au moins deux responsables politiques, la députée SPD Michelle Müntefering – épouse de l’ancien vice-chancelier Franz Müntefering et présidente de la commission chargée des relations germano-turques au Bundestag – et une dirigeante conservatrice berlinoise d’origine turque, ancienne secrétaire d’Etat du Land, figurent sur la liste de cibles à espionner remise en février dernier par les services secrets turcs à leurs homologues allemands du BND. Mme Müntefering, qui a protesté dans un communiqué, a été informée lundi par le ministère fédéral de l’Intérieur qu’elle figurait sur cette liste en raison de ses relations avec des partisans du mouvement Gülen, indique la Süddeutsche Zeitung. Les journaux se font l’écho de la réaction indignée du président du groupe social-démocrate au Bundestag, Thomas Oppermann, qui a jugé cette pratique « absolument inacceptable », disant « rester sans voix devant l’acharnement avec lequel le gouvernement turc s’emploie à détériorer les relations avec l’Allemagne ». Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président des Verts, Cem Özdemir, déplore que « le gouvernement fédéral n’arrive visiblement pas à protéger les Turcs d’Allemagne de l’emprise d’Erdogan ». A Berlin, les ministres fédéraux des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, et de l’Intérieur, Thomas de Maizière, ont exprimé leur crainte que les tensions croissantes au sein de la communauté turque et les activités d’espionnage du renseignement turc en Allemagne ne mettent en péril les progrès d’intégration réalisés ces dernières décennies, indique la FAZ. Les commentateurs, indignés, appellent à une réaction de l’Etat. « Que doit-il encore se passer pour que ces actes aient des conséquences politiques et judiciaires ? La République fédérale est un Etat de droit, il n’a pas à tout supporter », s’exclame le Tagesspiegel. Comparant les activités du MIT turc à l’espionnage par la Stasi est-allemande de ses ressortissants en Allemagne de l’Ouest, la Süddeutsche Zeitung appelle également à des sanctions pénales comme conséquence de l’instruction ouverte contre X par le parquet fédéral.
Politique africaine du gouvernement fédéral
Une conférence conjointe des ministères fédéraux de la Défense et du Développement sur l’Afrique a souligné la détermination de Berlin à agir de manière coordonnée sur les foyers de crise de ce continent, rapporte le quotidien alternatif tageszeitung. Ursula von der Leyen (CDU) a critiqué dans ce contexte le fait qu’au niveau européen, les missions militaires et les instruments de coopération et de développement soient trop déconnectés les uns des autres et que le dialogue entre les responsables de ces deux domaines d’intervention soit faible ou chargé d’acrimonie : « ce n’est pas avec cet insupportable esprit de concurrence que les problèmes seront résolus », a-t-elle martelé selon le Handelsblatt.
- Europe
Brexit : « voyage vers l’inconnu » (Handelsblatt)
Paradoxalement, l’activation de l’article 50 du traité de Lisbonne par le Royaume-Uni fait couler moins d’encre que ces derniers jours. Les médias se concentrent aujourd’hui sur la lettre adressée par Theresa May au président du Conseil européen – lettre résumée par la Première ministre britannique dans une tribune paraissant dans six journaux européens dont la FAZ et Le Parisien – et son discours devant le parlement britannique. « Elle a adopté un ton plus conciliant et, pour la première fois, a non seulement parlé au nom du bruyant camp des pro-Brexit, mais aussi des 48% qui avaient voté contre », constate le Handelsblatt à l’instar d’autres quotidiens. « Elle a enfin commencé à préparer ses concitoyens au fait que cette décision aura un coût pour le pays, et leur a rappelé une réalité, celle que le Royaume-Uni reste européen », note également la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien de Munich dresse, dans ce contexte, un portrait favorable de l’équipe en charge des négociations à Bruxelles, au premier plan desquels Michel Barnier et son adjointe, l’Allemande Sabine Weyand. Comme hier, les quelques commentaires cachent mal leur tristesse devant cette césure historique et rappellent les liens étroits tissés entre le Royaume-Uni et les autres Etats membres. La FAZ insiste sur le fait que les Vingt-Sept et le Royaume-Uni resteront partenaires même une fois la sortie de l’UE effective et qu’il importe en conséquence d’éviter les pressions et menaces de sanctions lors des négociations.
Echec de la fusion des bourses allemande et britannique
L’annonce par la commission européenne de son veto à la fusion entre la Deutsche Börse et le London Stock Exchange, suite au refus de LSE de céder une société qui aurait créé une situation de monopole, est peu commentée. Les journaux rappellent, à l’instar de Die Welt, que cette décision était attendue. La véritable pierre d’achoppement pour ce rapprochement a été la question du siège social du futur groupe, les autorités de supervision allemandes jugeant impossible qu’il soit situé comme prévu à Londres, hors de l’UE, alors que les Britanniques ne voulaient pas en démordre, explique Die Welt : « en ce sens, et comme le souligne le fait que cette décision a été annoncée le jour de l’activation de l’article 50 par Londres, on peut dire que cette fusion est la première victime du Brexit », écrit le journal. « Sur la place boursière de Francfort, le moins qu’on puisse dire est qu’on ne regrette pas ce projet », remarque la Frankfurter Allgemeine Zeitung./.