Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
31 mars 2017
- Divers sujets se partagent les Unes de la presse allemande ce matin. Sous le titre « mauvaise humeur au gouvernement contre le directeur du BND », la Frankfurter Allgemeine Zeitung révèle que la chancelière aurait appris par la presse que les services secrets turcs avaient demandé à leurs homologues allemands d’espionner un membre du Bundestag. La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à une décision de justice établissant « la responsabilité des parents en cas de téléchargements illégaux par leurs enfants ». Die Welt s’intéresse à une étude montrant qu’en Allemagne « le Nord décroche en matière de croissance » par rapport au reste du pays. Der Tagesspiegel titre sur le blues affiché par la présidente de l’AfD (« pour moi, l’AfD n’est pas sans alternative »).
- Allemagne
La grande coalition peine à s’accorder sur les derniers projets du gouvernement
Lors de ce qui pourrait être la dernière réunion de concertation des dirigeants de la grande coalition, les chefs des partis et groupes parlementaires CDU, CSU et SPD se sont accordés difficilement mais sans conflit sur le « catalogue de mesures des derniers mois » (Süddeutsche Zeitung) de la législature, alors qu’au lendemain des élections régionales en Sarre, conservateurs et sociaux-démocrates tentent déjà de se positionner en perspective des élections législatives de septembre, constate la presse. « C’en est fini de gouverner, la probabilité que soient mis encore en chantier de grands projets est quasi-nulle », estime le Handelsblatt. Tandis que la CDU/CSU veut, de l’avis des quotidiens, faire la démonstration qu’elle poursuit sans faillir son programme de gouvernement, le SPD avait, selon plusieurs journaux, présenté plusieurs mesures inacceptables par les conservateurs, afin de pointer une attitude de blocage de la CDU/CSU. A l’instar de la Süddeutsche Zeitung et du Handelsblatt, les médias relèvent que le président du SPD, Martin Schulz, avait tenté de ne pas assister à cette réunion et a laissé à son prédécesseur et ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel le soin de défendre devant les députés SPD le résultat de la réunion de concertation. « Même si ses conseillers essaient autant que possible de le tenir loin des affaires quotidiennes à Berlin, et même s’il veut éviter les images où il se rend à la chancellerie comme partenaire de coalition, le chef du SPD ne peut pas se soustraire à sa responsabilité, voilà son dilemme », analyse le Handelsblatt.
Espionnage turc en Allemagne : le BND critiqué pour sa réaction trop tardive
La Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho du mécontentement de la chancelière fédérale et des ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères, qui n’auraient appris qu’hier par la presse que le nom d’une député SPD allemande, Michelle Müntefering, figurait sur la liste des cibles à espionner fournie par les services secrets turcs à leurs homologues allemands, alors même que la veille, les relations difficiles avec la Turquie avaient été au menu d’une réunion du Conseil fédéral de sécurité à laquelle participait le président du BND, Bruno Kahl. Selon des sources proches des autorités de sécurité, celui-ci n’aurait lui-même pas été au courant, indique la FAZ. Le journal estime que le BND aurait été négligent, analysant trop tardivement cette liste et ne repérant pas les noms sensibles y figurant. Le quotidien de Francfort critique le fait que Bruno Kahl, un proche de Wolfgang Schäuble issu du ministère des Finances, ait été nommé à un poste où il reste trop souvent spectateur au lieu de diriger réellement ses services.
- International
Raid aérien meurtrier de la coalition anti-EI en Syrie : le rôle de la Bundeswehr mis en cause par l’opposition
La Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et Bild relèvent que, sans attendre les conclusions de l’enquête, l’opposition parlementaire (Die Linke et les Verts) met en cause la responsabilité de la Bundeswehr dans la frappe de la coalition anti-Daech qui aurait fait une trentaine de civils près de Raqqa, puisque la frappe aurait été conduite sur la base de photos prises par les avions de reconnaissance allemands. Tout en déplorant les victimes civiles, la FAZ estime que la mission de la Bundeswehr dans la lutte contre Daech « n’en est pas pour autant délégitimée ». La Süddeutsche Zeitung estime également que la Bundeswehr n’a que la responsabilité de fournir des photos de cibles, mission qu’elle remplit sur mandat du Bundestag, et non de les interpréter avant les frappes conduites par d’autres. Dans le cas d’espèce, conclut la Süddeutsche Zeitung, l’opposition doit davantage s’en prendre à la majorité parlementaire qui a décidé de la mission des Tornado qu’à la Bundeswehr.
- France
Premier déplacement de Franck-Walter Steinmeier à Paris comme président fédéral
Nombreuses photos à l’appui, la presse se fait largement l’écho de la première visite à l’étranger du nouveau président fédéral qui l’a mené à Paris, où il a été reçu par le président de la République. Les journaux indiquent que dans ses anciennes fonctions de chef de la diplomatie allemande, F.-W. Steinmeier s’est déjà rendu 30 fois dans la capitale française, et font écho à ses propos rappelant qu’il était aux côtés du président de la République au stade de France lors des attaques du 13 novembre 2015.
Sur le fond, les quotidiens retiennent la volonté des deux présidents de préserver la construction européenne et, comme le met en exergue la FAZ, « d’ouvrir ensemble un nouveau chapitre pour l’Europe ». F.-W. Steinmeier a également mis en garde contre « la nouvelle fascination de l’autoritarisme qui a infiltré profondément l’Europe », une remarque à lire dans le contexte des élections présidentielles en France estiment les journaux. Pour Die Welt, cette visite en pleine campagne électorale française traduit en effet l’urgence ressentie par F.-W. Steinmeier de plaider la cause de la démocratie et de la construction européenne alors qu’une victoire du Front national mettrait en péril la cohésion de l’UE. « Rester solidaires quand le monde tout autour menace d’éclater, voilà ce qu’a été le message principal de cette visite », résume la Süddeutsche Zeitung./.