Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin
5 avril 2017
- L’attaque aérienne à l’arme chimique à Khan Cheikhoune fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « Assad assassine à nouveau – on gaze des enfants… et le monde ne fait rien » (Bild), « l’opposition accuse Assad d’une attaque chimique » (Süddeutsche Zeitung), « souffrance de la Syrie – impuissance du monde » (Die Welt), « attaque chimique en Syrie » (Der Tagesspiegel). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une à la visite du ministre des Affaires étrangères allemand à Londres (« Gabriel : il ne s’agit pas de punir le Royaume-Uni »). Le quotidien des affaires Handelsblatt publie une interview du patron de la poste allemande (« pour la Poste, le Brexit est une chance »).
- Allemagne / Europe
Discours de Frank-Walter Steinmeier (SPD) devant le Parlement européen
La presse, toutes tendances confondues, s’accorde à saluer le discours prononcé par le président fédéral à Strasbourg hier, dont elle cite de larges extraits, et son engagement pour la préservation des acquis et de l’esprit de l’Union européenne. « Il y a longtemps qu’un dirigeant allemand n’avait pris fait et cause pour l’UE avec autant d’ardeur », souligne le conservateur Die Welt. « Il est moins pastoral que son prédécesseur, plus spécialiste de politique européenne », salue la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Est-ce vraiment là le même Frank-Walter Steinmeier qui parle ? Celui qui, à la tête de la diplomatie allemande, alignait les circonlocutions et voulait maintenir avec abnégation le dialogue avec les pires interlocuteurs au risque de renier ses convictions ? », s’étonne le Tagesspiegel. « Le maître des discours timorés et conciliants a adopté un nouveau ton, c’est visiblement la crise [de l’UE] qui lui a délié la langue », observe également Die Welt. Sans être un orateur hors pair, le président fédéral « a compris que le plus important après le Brexit est de prendre fait et cause pour l’Europe et ses institutions, avec détermination et humilité », commente la Süddeutsche Zeitung.
Déplacement du nouveau ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel à Londres
Dans des articles essentiellement factuels, les quotidiens rapportent que les ministres allemand et britannique des Affaires étrangères, connus pour leur franc-parler, ont adopté une « tonalité conciliante » (Handelsblatt) malgré des avis radicalement divergents sur le Brexit. Lors du point de presse conjoint, Sigmar Gabriel a plaidé en faveur de négociations « équitables » tant pour Londres que pour les Vingt-Sept sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, soulignant qu’elles seront « très difficiles » mais que l’objectif doit être de conserver de bonnes relations, rapporte la presse. « L’Allemagne sera un interlocuteur loyal car nous voulons rester amis », a-t-il ajouté.
Les prestations des deux ténors du SPD sur la scène européenne amène la Frankfurter Allgemeine Zeitung à constater qu’en ce début de campagne électorale allemande, « le SPD brûle pour la politique européenne alors que la CDU et la CSU se contentent d’entretenir un reste de flamme », entravés que sont les conservateurs par la crise grecque toujours présente, la crise migratoire « dont ils sont cette fois directement responsables », et la concurrence des eurosceptiques de l’AfD auprès de leurs électeurs. Sur ce terrain en tout cas, le candidat tête de liste du SPD pour la chancellerie fédérale, Martin Schulz, « a une expérience de leader alors que le bilan d’Angela Merkel n’est pas formidable », conclut la FAZ.
- International
Syrie : « le martyre sans fin » (Die Welt)
L’attaque aérienne à l’arme chimique suscite un émoi considérable dans des médias révoltés, à l’image du tabloïd Bild qui choisit de publier les images « insoutenables » des victimes pour témoigner de la brutalité d’Assad contre son peuple. Les quotidiens se font l’écho des réactions internationales, Bild citant celles du président de la République et du Ministre et notant, à l’instar des autres journaux, que la France et le Roayume-Uni ont proposé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui se tient cet après-midi. Les commentaires se désolent de l’impuissance des Occidentaux : « l’indignation est justifiée mais dérisoire face à un dictateur prêt à tout » (FAZ), les réactions sont « justes mais insupportablement dérisoires », renchérit le Tagesspiegel. Les éditorialistes dénoncent avec virulence les exactions commises par Assad et le fait qu’il continue à être considéré comme un recours pour une transition vers un nouveau régime : « peut-on sérieusement envisager qu’un criminel de guerre soit le fer de lance de la lutte contre le terrorisme islamiste ? » (FAZ). La tageszeitung s’élève vivement contre l’idée d’une aide occidentale à la reconstruction de la Syrie tant qu’Assad est au pouvoir : « c’est tout simplement impossible, chaque euro apporté à un ministère, une chambre de commerce ou une compagnie des eaux conforte Assad, or les milices d’Assad et les mercenaires à la solde de l’Iran pratiquent une épuration politique et confessionnelle, et aussi longtemps que cela dure, l’Europe ne doit verser aucun argent à Damas », martèle le quotidien alternatif de gauche. « Les Européens sont en partie responsables pour n’avoir pas réagi devant la passivité des Etats-Unis qui ont laissé Assad enfreindre leurs lignes rouges les unes après les autres », écrit le Tagesspiegel qui déplore le peu d’influence de l’UE sur les négociations sur la Syrie. La Süddeutsche Zeitung pointe le peu d’empressement mis par les Occidentaux à contrôler l’engagement pris par la Syrie en 2014 de démanteler ses armes chimiques, dénonçant violemment une « realpolitik assassine »./.