Aujourd’hui en Allemagne – 6 Avril 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

6 avril 2017

  1. Les réactions à l’attaque chimique de Khan Cheikhoune font les gros titres de la presse allemande ce matin : « Donald Trump esquisse un tournant dans sa politique syrienne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « [Sigmar Gabriel :] une attaque à l’arme chimique est un acte de barbarie » (Süddeutsche Zeitung), « Syrie : l’impuissance de l’Occident » (Der Tagesspiegel). Le tabloïd Bild titre « Assad le toxique – le pire père au monde » en mettant en vis-à-vis des photos de dépouilles d’enfants tués dans l’attaque et les images de propagande du dictateur entouré de ses enfants. Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à la rencontre entre le président américain et son homologue chinois (« le duel des superpuissances »). Die Welt met en avant la baisse des ventes de véhicules diesel (« le diesel ne s’allume plus »).
  2. Allemagne

Projet de loi contre les contenus haineux sur les réseaux

La presse accueille avec circonspection le projet de loi du ministre fédéral de la Justice Heiko Maas (SPD) obligeant les réseaux sociaux à supprimer ou bloquer les publications manifestement délictueuses dans les 24 heures suivant leur signalement, et les autres contenus délictueux dans les sept jours suivant leur signalement, sous peine de lourdes amendes pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros. Si aucun média ne met en cause l’objectif de la loi, le dispositif inquiète. La Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel font leur les critiques des Verts et des professionnels du secteur qui craignent qu’une telle loi ne mette les sociétés en situation de se substituer à la justice, au détriment de la liberté d’expression : « c’est la justice qui doit trancher [quelles publications doivent être effacées], pas un arbitraire comme Facebook & Cie. » (Süddeutsche Zeitung). Le quotidien de Munich estime que Heiko Maas, qualifié de « ministre de l’Arbitraire », devrait « travailler à réformer le système judiciaire pour qu’il puisse remplir son office » face à un phénomène nouveau, plutôt que de transférer une telle responsabilité à des acteurs privés. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, tout en voyant un progrès pour les victimes des contenus illégaux, craint également qu’une loi aussi dissuasive ne pose un principe nouveau en communication : « dans le doute, on enlève ». Malgré cette même inquiétude de l’autocensure, le Tagesspiegel relativise pour sa part la portée du nouveau projet : « ce sera une perte, mais pas un drame. […] De vraies atteintes à la liberté d’expression ne sont pas à craindre, car les opinions peuvent être exprimées par bien d’autres manières ».

  1. Europe

« La BCE autorise des aides publiques pour les banques italiennes en crise » (FAZ)

Sans surprise, la Frankfurter Allgemeine Zeitung et le Handelsblatt, qui critiquent sans relâche le « laxisme monétaire » du président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, accueillent négativement l’annonce des banques italiennes Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca qu’elles ont reçu le feu vert de la BCE pour être recapitalisées, au motif qu’elles sont considérées comme viables. « La promesse des dirigeants politiques européens de ne plus mettre à contribution les contribuables pour renflouer les banques en crise n’a aucune valeur, le feu vert de la BCE ouvre grand la porte à d’autres sauvetages de banques zombies maintenues en coma éveillé grâce aux contribuables », s’étouffe la FAZ.

  1. International

Attaque chimique en Syrie : « gaz toxique, mensonges et culpabilité » (Süddeutsche Zeitung)

Tous les médias rapportent que lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, le vote d’une résolution présentée par la France et la Grande-Bretagne et les Etats-Unis pour condamner l’attaque chimique en Syrie a été reporté pour tenter d’obtenir l’accord de la Russie, qui l’a jugée « inacceptable » en l’état car imputant la responsabilité de l’attaque au régime de Damas. Lors de la conférence internationale de donateurs pour la Syrie qui se tenait hier à Bruxelles, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), a déclaré que l’usage d’armes chimiques était « un crime de guerre, une barbarie » mais que la responsabilité de ce crime n’était pas encore établie, appelant la Russie à permettre de faire rapidement la lumière sur les auteurs de l’attaque et à en tirer les conséquences, rapportent la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Süddeutsche Zeitung et le Tagesspiegel. Les journaux soulignent dans ce contexte que son homologue britannique, Boris Johnson, a clairement accusé le régime de Damas d’être responsable de cette attaque. En tout état de cause, la version des faits livrée par la Russie n’apparaît pas crédible aux yeux des journalistes allemands qui regrettent qu’il soit « pratiquement impossible d’établir la vérité » (Die Welt, Süddeutsche Zeitung) sur la nature, le déroulement et les auteurs de l’attaque de Khan Cheikhoune. Lors de cette conférence, Berlin s’est engagé à verser près d’1,2 milliard d’euros supplémentaires pour l’aide aux réfugiés syriens, mais S. Gabriel a insisté pour que ces fonds ne soient en aucun cas utilisés pour la reconstruction de la Syrie aussi longtemps qu’il n’y aurait pas de changement de régime, font valoir les quotidiens.

Tout en retenant des déclarations du président américain, à l’instar de Bild, que « les USA menacent Assad d’une guerre » en cas d’échec d’une résolution au Conseil de sécurité, les quotidiens s’interrogent sur la portée réelle d’une telle prise de position. La Süddeutsche Zeitung estime qu’il s’agit d’une menace aussi vaine que la « ligne rouge » de son prédécesseur et que sur le fond, D. Trump ne s’intéresse nullement au sort des victimes syriennes. « Trump a réussi le tour de force de condamner l’attaque et dans le même élan de faire porter une responsabilité égale à Assad et à Obama », s’indigne Die Welt, en critiquant, comme la Süddeutsche Zeitung, le fait que les dernières positions américaines sur le régime de Damas « aient pu être interprétées par Assad comme un chèque en blanc pour éradiquer ses opposants par tous les moyens ». « Obama n’a pas été pour la Syrie à la hauteur de ses ambitions morales, mais pour Trump, la morale n’a aucune valeur et il contribue ainsi au triomphe du pire cynique qui existe », s’emporte encore le conservateur Die Welt. La FAZ pour sa part voit comme un léger progrès le fait que D. Trump soit cette fois sur la même ligne que ses partenaires occidentaux s’agissant de la responsabilité d’Assad. « Tous les regards sont maintenant tournés vers Moscou sans qui ce régime n’existerait plus », conclut la FAZ.

  1. France

« Le patron de Peugeot réaffirme ses engagements vis-à-vis d’Opel » (Berliner Zeitung)

Les quotidiens rendent largement compte de la rencontre, hier au ministère fédéral de l’Economie à Berlin, entre le Pdg de PSA Carlos Tavares et les interlocuteurs allemands concernés par le rachat d’Opel par le constructeur français : outre la ministre Brigitte Zypries (SPD) et son secrétaire d’Etat Matthias Machnig, le chef du syndicat de branche IG Metall et le vice-président des représentants du personnel d’Opel ainsi que les ministres-présidents de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer (SPD), de Thuringe, Bodo Ramelow (Die Linke), et enfin le ministre de l’Economie de Hesse, Tarek Al-Wazir (Verts). Les journaux, qui notent que selon les participants, cette réunion s’est déroulée dans une atmosphère « très constructive », se félicitent de ce que le patron de PSA ait confirmé vouloir respecter tous les accords sur l’emploi existants chez Opel et à ne procéder à aucun licenciement économique dans les usines allemandes d’ici fin 2018. La Süddeutsche Zeitung relève la satisfaction exprimée par B. Ramelow sur C. Tavares, « un manager ayant une vision claire de ses objectifs ». Néanmoins, la presse ne cache pas une certaine inquiétude sur le fait qu’il ne soit pas engagé sur la période allant au-delà et que ces garanties « restent orales » (Handelsblatt). La Süddeutsche Zeitung consacre dans ce contexte un article au rapprochement de deux entités industrielles aux cultures d’entreprises différentes, estimant que l’intégration d’Opel par PSA sera difficile en raison des divergences connues en matière de management, déjà éprouvées lors de fusions industrielles franco-allemandes par le passé, mais aussi de la fierté des salariés d’Opel vis-à-vis de leur entreprise et de l’importance accordée à la cogestion. Pour la Süddeutsche Zeitung, Carlos Tavares présente toutefois le profil idéal – à la fois manager international et ayant l’expérience des sensibilités des gouvernements – pour mener à bien un tel rapprochement./.