En Allemagne, le revenu universel testé façon loterie

Que se passe-t-il quand on touche assez d’argent pour vivre sans travailler ? « Tous dorment mieux et personne n’est devenu fainéant. » C’est du moins la leçon qu’a tirée l’Allemand Michael Bohmeyer (photo) de son expérience un peu limitée de revenu universel, chère au candidat socialiste à la présidentielle, Benoît Hamon. À défaut de respecter les canons scientifiques, l’initiative de ce fondateur de start-up a fait beaucoup de bruit dans les médias outre-Rhin. Pour choisir ses heureux bénéficiaires, Michael Bohmeyer les a tirés au sort en direct sur Internet, façon « Roue de la fortune ». À l’arrivée, l’opération a permis de sélectionner, depuis mi-2014, un échantillon pas forcément représentatif de 85 personnes, dont une dizaine d’enfants. Les heureux gagnants ont ensuite touché 1 000 euros par mois pendant un an, grâce aux dons de 55 000 particuliers recueillis par la structure privée berlinoise « Mein Grundeinkommen ». Qu’ont-ils donc fait de cet argent ? Certains ont pu s’offrir des vacances inabordables auparavant. Beaucoup se sont formés pour changer de travail et devenir « coach mental » ou éducateur. Très populaire sur les réseaux sociaux, cette initiative privée alimente le débat sur l’opportunité de créer un revenu universel en Allemagne. Les experts critiquent pourtant cette expérience. Elle est « mal conçue » pour répondre aux questions de fond, estime Alexander Spermann, économiste à l’université de Fribourg, interrogé par l’AFP. Selon lui, l’initiative de Michael Bohmeyer se borne à apporter une réponse anecdotique à la question : « Que faire d’un chèque en blanc que je recevrais à Noël ? »

Le Figaro 18/04/2017