Synthèse de la presse américaine du 18 Avril 2017

 18 avril 2017

Ambassade de France à Washington

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Election présidentielle française

A quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle française, les médias américains livrent des analyses alarmistes. « La France est face à un terrible choix », estime Jeremy Black dans une tribune du Wall Street Journal ; « la course finale inclut quatre candidats et trois scénarios cauchemardesques », titre Slate ; « l’élection française est insensée », juge The Daily Beast ; « la campagne menée par François Fillon témoigne de son indifférence envers la notion d’éthique politique et l’éloigne plus que jamais de Charles de Gaulle », analyse pour sa part Foreign Policy.

Par ailleurs, le New York Times se fait l’écho des interrogations de l’équipe d’Emmanuel Macron selon laquelle la Russie s’ingèrerait dans la campagne pour soutenir François Fillon. A titre d’exemple, le quotidien relève que Sputnik, un site d’information qui bénéficie du soutien financier de l’Etat russe, publie depuis plusieurs semaines sur sa plateforme française des informations contradictoires avec celles diffusées par les principaux titres français, présentant le candidat de la droite et du centre comme le favori de la course à la présidentielle en le créditant de plus de 24% d’intentions de vote, devant le candidat du mouvement En Marche.

  1. International

Turquie

Le « oui » au référendum organisé le 14 avril en Turquie continue de susciter un vif écho médiatique. Selon Politico, cinq éléments sont à retenir : (i) le président Erdogan a obtenu ce qu’il souhaitait… ; (ii)… mais n’en sort pas pour autant renforcé ; (iii) pour la première fois, le dirigeant turc a perdu dans les principales villes (Ankara, Istanbul et Izmir) ; (iv) la Turquie demeure très divisée ; (v) cette fois, les prévisions des sondages se sont avérées exactes.

Chroniqueurs et éditorialistes continuent d’exprimer leurs inquiétudes face au risque d’une dérive autoritaire voire d’une confiscation dictatoriale du pouvoir par le président Erdogan (éditorial du New York Times, éditorial de Bloomberg, tribune de Jennifer Rubin dans le Washington Post).

La presse revient aussi sur les réactions de la communauté internationale. Aux Etats-Unis, le Washington Post souligne, en « une », que les félicitations adressées par Donald Trump à Recep Tayyip Erdogan par téléphone le 15 avril contrastent avec la prudence affichée par le département d’Etat – lequel a appelé la Turquie à respecter les droits fondamentaux des citoyens et a pris acte des irrégularités observées par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Le Wall Street Journal souligne pour sa part que le ton montre entre Bruxelles et Ankara et que les appels à la fin des négociations sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne se multiplient. « Les résultats du référendum compliquent les relations d’Ankara avec les puissances occidentales », résume l’équipe éditoriale du Wall Street Journal.

Corée du Nord

Le déplacement du vice-président américain Mike Pence en Asie fait la « une » des principaux titres (WP, NYT, WSJ) qui s’interrogent, à cette occasion, sur la stratégie de Donald Trump vis-à-vis de Pyongyang et livrent des analyses contrastées.

« L’Amérique ne peut pas grand-chose en ce qui concerne la Corée du Nord », estime The Atlantic. Malgré le ton ferme du vice-président – qui a appelé Pyongyang à ne pas sous-estimer la détermination américaine, rapporte le Washington Post –, les Etats-Unis évitent de définir une « ligne rouge », remarque le New York Times. « Donald Trump parviendra-t-il à pousser la Chine à agir ? », s’interroge l’équipe éditoriale du Washington Post. Rien n’est moins sûr, selon le chroniqueur du Wall Street Journal Gerald Seib. Celui-ci indique que la volonté de coopération de Pékin avec Washington sur ce dossier pourrait être mise à l’épreuve par l’installation d’un système anti-missile en Corée du Sud à laquelle la Chine s’oppose pour l’instant.

En revanche, le professeur de l’Université Columbia Charles Calomiris estime, dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, que Pékin pourrait coopérer avec Washington pour freiner Pyongyang car la Chine a conscience que la croissance de son économie se ralentit et qu’elle doit faire face à une monnaie qui s’affaiblit – entre autres défis.

Autres articles à signaler :

En « une », le Wall Street Journal publie un reportage sur la bataille que livrent les forces américaines contre Daech en Afghanistan.

Après la diffusion sur Facebook d’un assassinat, les principaux titres (WP, NYT) reviennent en « une » sur la responsabilité indirecte du réseau social dans la retransmission en ligne de telles scènes d’horreur.

III. Politique intérieure          

Présidence Trump

Dans une tribune publiée par le New York Times, l’ancien secrétaire d’Etat adjoint Anthony Blinken estime que Donald Trump, en propageant des fausses informations et en utilisant Twitter de manière inconsidérée, y compris dans le domaine des affaires étrangères, « perd déjà la guerre de la crédibilité » et met en péril la sécurité nationale des Etats-Unis. Dans le Washington Post, James Hohmann déplore le goût du secret de Donald Trump qui a mis fin à la divulgation du nom des individus qui se rendent à la Maison-Blanche. Celui-ci agit comme « un lame duck president », estime le Los Angeles Times.

En « une », le New York Times indique que les Américains ayant voté pour Donald Trump dans les « swing states » s’impatientent. Si beaucoup lui font encore confiance, note le quotidien, ils estiment qu’il serait sans doute opportun que Mike Pence joue un rôle plus important et sont parfois « déconcertés » par les tweets du président américain.

L’équipe éditoriale du Wall Street Journal salue les efforts de dérégulation déployés par l’administration Trump.