Aujourd’hui en Allemagne. 24 Avril 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

24 avril 2017

  1. Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « le choix sera entre Macron et Le Pen » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Macron et Le Pen en tête » (Süddeutsche Zeitung), « un duel pour l’Europe » (Die Welt), « Macron ou Le Pen » (Der Tagesspiel).
  2. France

1er tour de l’élection présidentielle : « un espoir pour la France » (Die Welt)

Contrastant avec les premières réactions soulagées et optimistes des dirigeants politiques allemands devant la « courte victoire » (FAZ) d’Emmanuel Macron sur Marine Le Pen, les éditorialistes restent très prudents sur l’issue du second tour de la présidentielle au vu des résultats du premier tour. « La France est déchirée politiquement et plus de 40% des Français ont voté pour un candidat d’extrême-gauche ou d’extrême-droite, une radicalisation déjà constatée dans d’autres pays occidentaux », déplore la Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Ce résultat n’est relativement rassurant qu’à première vue », estime Die Welt. « Même si Macron l’emportait au second tour, la situation politique de notre voisin resterait préoccupante, car 40% des électeurs ont voté en faveur de candidats remettant en question la place de la France dans l’UE », renchérit le Tagesspiegel. Néanmoins, plusieurs journaux considèrent, comme la Süddeutsche Zeitung, qu’après les élections en Autriche et aux Pays-Bas, le premier tour de la présidentielle française confirme que l’extrême-droite marque le pas en Europe. « Après l’Autriche et les Pays-Bas, la France montre qu’on peut avoir du succès avec une position clairement pro-européenne », se félicite la Schwäbische Zeitung.

Toute la presse s’accorde à constater que les deux candidats en lice au second tour « ont en commun d’être en rupture avec l’ordre établi des partis politiques » (Tagesspiegel) et « illustrent, chacun à sa manière, le ras-le-bol des Français du système politique » (Badische Tagblatt). « Beaucoup de Français ont voté non par conviction mais par opposition à d’autres candidats à qui ils voulaient bloquer la route, et le résultat traduit le rejet des partis établis, socialistes comme conservateurs », observe la Saarbrücker Zeitung, « c’est une révolution par les urnes : les socialistes et les conservateurs ont perdu leur abonnement au pouvoir », souligne aussi la Landeszeitung de Lüneburg.

Les journaux s’étonnent de la performance d’Emmanuel Macron, « ayant réussi à mobiliser, hors parti et en partant de zéro, davantage de partisans que le PS » (SZ), « réussissant une performance historique en faisant éclater le paysage politique encroûté et en proposant une alternative aux socialistes et aux conservateurs à bout de souffle tant sur le plan des personnes que des programmes » (Die Welt). Porté par des électeurs « misant sur la sagesse du centre et méfiants à l’égard des promesses des radicaux », son arrivée en tête du premier tour « est un signe d’espoir », écrit la Süddeutsche Zeitung, « il est maintenant le seul espoir pour la France et l’Europe », abonde Die Welt. Tous espèrent, à l’instar de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, une réédition du « sursaut républicain » : « Macron ne sera élu que si les Français veulent, comme en 2002, empêcher qu’un Le Pen accède à l’Elysée ».

  1. Allemagne

Congrès fédéral de l’AfD : « pas un bon jour pour Frauke Petry » (Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung)

Réunis en congrès samedi et dimanche à Cologne, les quelque 600 délégués du parti AfD ont élu à 67,7% des voix comme candidats tête de liste pour les élections au Bundestag le duo formé par Alexander Gauland, jusqu’ici vice-président du parti, et Alice Weidel, membre du bureau fédéral. Les délégués ont également adopté leur programme qui préconise notamment la sortie de l’euro, la déchéance de nationalité pour des délinquants qui l’auraient acquise il y a moins de 10 ans et rejette toute possibilité de regroupement familial pour les réfugiés. Les journaux relèvent tout particulièrement l’échec de la présidente du parti, Frauke Petry, dont la motion visant à définir la stratégie future du parti en abandonnant la ligne la plus droitière et nationaliste s’est heurtée au refus des délégués.

Dans leurs commentaires, les quotidiens se penchent sur le duo tête de liste du parti. « Alexander Gauland a atteint son but visant à donner à l’AfD un profil convenable et intellectuel de droite sans pour autant fermer la porte aux nationalistes et extrémistes », fait valoir Die Welt pour qui « avec Gauland et Weidel il ne saurait plus être question d’exclure du parti une personnalité telle que Björn Höcke ». « Alexander Gauland et Alice Weidel n’ont pas cherché à cacher à Cologne qu’ils ne se montreraient pas difficiles sur la pêche aux voix bien à droite », estime également le tabloïd Bild pour qui A. Gauland incarne l’aile national-conservatrice, tandis que l’économiste Alice Weidel incarne l’aile libérale. « La jeune Alice Weidel est supposée présenter le visage sympathique de l’AfD, mais le nationalisme et l’hostilité à l’islam sont toujours là même si l’emballage se veut plaisant », juge la tageszeitung. Concernant le programme du parti, les quotidiens font majoritairement valoir qu’il demeure « idéologiquement éclectique, plutôt de gauche en matière de politique sociale et très à droite pour le reste » (Berliner Zeitung). « L’AfD continue d’osciller entre des positions ordo-libérales et la primauté de l’Etat providence », souligne le Handelsblatt. La FAZ estime que le courant libéral, sceptique envers l’Etat, qui a porté le parti à ses débuts a totalement disparu, cédant le pas au populisme de droite./.