Aujourd’hui en Allemagne. 25 Avril 2017

Synthèse de la presse quotidienne

25 avril 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

  1. Le résultat du premier tour de l’élection présidentielle continue de faire les gros titres des médias : « Macron s’engage dans le second tour contre Le Pen avec de larges soutiens » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « la tâche titanesque d’Emmanuel Macron » (Die Welt), « une révolution française » (tageszeitung). Pour sa part, la Süddeutsche Zeitung révèle que « Berlin bloque des tests plus contraignants sur les émissions polluantes des véhicules », le quotidien s’étonnant que le gouvernement allemand résiste à la volonté de la Commission européenne de renforcer le dispositif européen de supervision des contrôleurs nationaux pour éviter toute collusion avec les constructeurs. Le Tagesspiegel titre sur la réaction du ministre fédéral de l’Intérieur à la hausse de la criminalité en Allemagne (« De Maizière déplore un ensauvagement de la société »). Le quotidien des affaires Handelsblatt titre sur la réunion Women20 qui se tient aujourd’hui à Berlin dans le cadre de la présidence allemande du G20 (« on cherche des cheffes [aux postes de direction des entreprises] »).
  2. France

1er tour des élections présidentielles : « grand coup de balais en France » (Handelsblatt)

Dossiers spéciaux, portraits, analyses, interviews : les quotidiens consacrent dans l’enthousiasme l’essentiel de leurs pages politiques au candidat d’En Marche, à ses chances de s’imposer au second tour face à la présidente du Front national, au bouleversement du paysage politique français et aux réactions soulagées en Allemagne et sur les marchés financiers face à la présence au second tour d’un candidat pro-européen et libéral. Cet engouement est toutefois tempéré par les éditoriaux, qui mettent en garde contre la tentation de décréter E. Macron victorieux avant l’heure et de sous-estimer le potentiel des électeurs anti-européens en France, soulignant également les nombreuses inconnues d’une possible présidence Macron, à commencer par l’absence d’une majorité identifiable lors des prochaines législatives.

Pour les commentateurs, le premier constat qui s’impose est celui du bouleversement du système politique français : « les Français n’ont pas seulement choisi deux candidats, ils ont aussi signé la fin de la Ve République qui n’existe plus que sur le papier », considère la Süddeutsche Zeitung, « c’est une nouvelle ‘révolution’ française qui a commencé, qui pourrait augurer d’un bouleversement en profondeur du système établi depuis 1958 », abonde la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « grand coup de balais du système politique, les citoyens français, rebelles notoires, ont envoyé à la casse ce qu’il restait des anciens piliers socialistes et conservateurs », écrit le Handelsblatt, « le paysage politique français est un champ de ruines », renchérit la Berliner Zeitung. Même s’ils la jugent probable, les journaux estiment que la victoire d’E. Macron est loin d’être acquise compte tenu du fait que « près de la moitié des électeurs a voté au premier tour pour l’extrême-droite ou l’extrême-gauche » (Berliner Zeitung). « Les lignes de rupture qui traversent la France après des années de mondialisation et d’ouverture européenne ne vont pas disparaître, la nouvelle géographie électorale reproduit étonnamment la carte électorale du référendum de 1992 sur Maastricht », analyse la FAZ.

La presse s’accorde par ailleurs à juger « titanesque » (Die Welt), « herculéenne » (Süddeutsche Zeitung), la tâche qui attendrait E. Macron une fois élu président. « Macron n’est pas le messie, il doit faire ses preuves », met en garde la Berliner Morgenpost qui, comme nombre d’autres quotidiens, relève la relative inexpérience politique du candidat d’En Marche et la difficulté qu’il aura, non seulement à réunir une majorité de gouvernement, mais aussi à imposer des réformes là où tous ses prédécesseurs se sont heurtés à la rebellion populaire. Inquiet, comme ses confrères, de la « pression de la rue » face aux réformateurs français, le Handelsblatt estime toutefois que la France ne se résume pas à ce blocage populaire : « la société française a évolué plus vite que la politique, il y a davantage d’accords d’entreprise, les syndicats modérés ont devenus majoritaires dans le secteur privé, et le principal d’entre eux appelle même à soutenir la candidature de Macron », fait valoir le Handelsblatt.  « Il ne faudrait pas qu’il finisse comme une autre jeune star pro-européenne de la politique, Matteo Renzi, qui a échoué à cause des défections dans son camp, d’attentes démesurées et de son inexpérience », marque la Süddeutsche Zeitung. « Il faut se garder d’une euphorie trop précoce. Quant Obama est arrivé au pouvoir en 2009, beaucoup ont chaussé leurs lunettes roses et huit ans plus tard, c’est Donald Trump qui est à la Maison Blanche », conclut la Berliner Morgenpost.

 « Un ouf de soulagement à Berlin qui mise pleinement sur Macron » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

« Si ce n’est pas la chancelière personnellement, plusieurs de ses proches collaborateurs ont eu un soupir de soulagement et manifesté leur joie à l’issue du premier tour des élections présidentielles en France », note la FAZ qui en veut pour preuve les tweets publiés par le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, et Peter Altmaier, le chef de la chancellerie. Le journal fait également état de la réaction depuis Amman du vice-chancelier et ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), qui, estime la FAZ, a exprimé tout haut un sentiment partagé au sein du gouvernement fédéral en déclarant que Macron était le seul candidat véritablement pro-européen. Pour Die Welt qui cite également les réactions officielles allemandes sur Twitter, « le gouvernement fédéral se positionne clairement en faveur d’E. Macron et le soulagement à l’issue du premier tour des présidentielles se mesure aux attentes quasi surhumaines que suscite le candidat Macron ».  De l’avis du journal, de tels messages de soulagement et de sympathie n’auraient pas eu lieu d’être si E. Macron s’était retrouvé au second tour face par exemple à François Fillon, mais la situation à l’approche du 7 mai est telle qu’il s’agit de « choisir entre pour ou contre l’Europe et entre plus ou moins de démocratie », d’autant que le score de 20% réalisé par Jean-Luc Mélenchon révèle aussi l’ampleur du mécontentement que suscite l’Europe chez le premier partenaire de l’Allemagne. « Si le gouvernement fédéral cherche en priorité à souligner ses dénominateurs communs avec Macron, il ne se fait toutefois pas d’illusions sur le fait que la coopération commune risque de s’avérer difficile », souligne encore le journal conservateur pour qui on partage à Berlin l’idée que « Macron ne sera pas un partenaire facile, mais exigeant, plus exigeant en matière européenne que ne l’a été François Hollande car il se montre notamment favorable à davantage d’intégration et plaide pour plus d’investissements ». Le quotidien économique Handelsblatt se range également à cet avis et souligne que « désireux de coopérer étroitement avec l’Allemagne, Emmanuel Macron veut une politique de défense commune, un gouvernement économique ainsi qu’un budget européen », sans oublier qu’il a « récemment critiqué l’excédent commercial allemand ».

Se faisant comme toujours l’écho du point de vue exprimé par les milieux économiques et industriels, la FAZ relève que ces derniers ont également réagi positivement aux résultats du premier tour et misent sur la stabilité, face à la catastrophe que signifierait l’élection de Marine Le Pen. Tout comme la Süddeutsche Zeitung et le Handelsblatt, le journal note également la réaction de soulagement des marchés financiers et notamment l’envolée du Dax. « Les marchés financiers fêtent Macron – Macron enchante les investisseurs », fait valoir le quotidien des affaires qui s’attarde sur les effets bénéfiques des résultats du premier tour sur les emprunts français, le marché des actions et l’euro.

  1. Allemagne

« A Seehofer va succéder Seehofer » (Süddeutsche Zeitung)

Confirmant les informations parues la semaine dernière, Horst Seehofer a fait savoir hier qu’il serait à nouveau candidat au poste de ministre-président de Bavière en 2018 et entendait conserver également la présidence de la CSU. La presse indique que les instances du parti ont unanimement approuvé cette décision et a désigné Joachim Herrmann, actuel ministre de l’intérieur de Bavière, comme candidat tête de liste pour les élections au Bundestag.

Estimant que cette décision n’aura surpris personne à la CSU, la FAZ souligne comme l’ensemble des journaux que Horst Seehofer est revenu sur ses déclarations antérieures et entend demeurer encore un temps le « double monarque » de Bavière, cantonnant le prétendant à la succession, Markus Söder au rôle de « prince Charles de la CSU ». De l’avis du Handelsblatt, en raison de relations devenues difficiles entre la CDU et la CSU, la chancelière ne saurait que se réjouir à demi de ce revirement de Horst Seehofer. « La CSU repousse à nouveau la question du changement de génération », constate la Berliner Zeitung, tandis que le tabloïd Bild interprète le retour de Karl-Theodor zu Guttenberg dans le cadre de la campagne pour les élections régionales de 2018 comme une manière pour Horst Seehofer de barrer la route à son ambitieux dauphin Markus Söder en promouvant un concurrent de poids./.