Actualité des think tanks au 3 Mai 2017

 

Think Tank Hebdo 

Ambassade de France à Washington

Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks 

 À NE PAR MANQUER

L’évincement du président de la Heritage Foundation, Jim DeMint, fait l’objet de l’attention des médias (cf. article du Wahington Post) qui indiquent que la « réorientation politique » du centre de recherche, enclenché par J. DeMint en 2013, était devenue « gênante » pour le conseil d’administration.

100 PREMIERS JOURS DE L’ADMINISTRATION TRUMP

La politologue Ellen Tauscher estime que la montée du populisme aux États-Unis et l’élection de Donald Trump reflètent la « perte d’espoir » d’une partie de la population américaine qui a été « incapable de s’adapter » aux changements drastiques liés à la mondialisation. L’experte souligne cependant que le président Trump n’a jusqu’à maintenant adopté « aucune législation favorable à sa base, bien au contraire ». Manuel Muniz estime pour sa part que le président américain « joue avec le feu » alors qu’il « ment quotidiennement à la population américaine, y compris  à sa base électorale ». Il rejoint, de ce fait, les propos d’E. Tauscher et souligne que décisions qu’il a prises « seront difficiles à défendre » auprès de ses électeurs. John Negroponte, ancien ambassadeur américain au Mexique, s’est quant à lui concentré sur la rhétorique « diffamatoire » du président Trump envers la population mexicaine. Il évoque le « manque flagrant de connaissance » de l’administration au sujet de la « relation paisible et privilégiée » qu’entretiennent les deux pays. De même, M. Muniz s’inquiète de l’état de des relations diplomatiques qu’entretiennent les États-Unis sur la scène internationale. À titre d’exemple, le spécialiste évoque les « contradictions hebdomadaires » de l’administration au sujet de l’importance de l’OTAN et de l’alliance transatlantique. L’expert estime en ce sens que le président ne pourra pas défendre indéfiniment « tout et son contraire ».

 

Le chercheur Daniel Benaim s’est intéressé au réalignement diplomatique des États-Unis au Moyen-Orient. Comme l’ensemble des experts présents lors de cette conférence, il salue le choix du général James Mattis à la tête du Département de la défense et de H.R. McMaster comme conseiller à la sécurité nationale. Ces choix démontrent l’importance des enjeux liés à la sécurité nationale pour l’administration actuelle. D. Benaim estime cependant que, dans son ensemble, les 100 premiers jours de l’administration Trump furent « chaotiques et ont parfois démontré une incompétence rarement observée dans l’histoire récente du pays ». Il cite à titre d’exemple la faiblesse du Secrétaire d’Etat Rex Tillerson, les réductions d’effectif au Département d’État, et le changement de ton quotidien quant à l’importance des alliés traditionnels des États-Unis. Plus nuancée, la journaliste Kim Ghattas souligne le rapprochement – « pour le meilleur et pour le pire » – entre l’administration Trump et plusieurs dirigeants de pays influents dans la région dont l’Arabie Saoudite. Le président Trump « ne critique pas » ces pays pour leur manquements en matière de respect des droits humains « comme le faisait le président Obama », un changement de ton qui « trouve écho dans la région », estime K. Ghattas. Pour sa part, le politologue Richard Fontaine s’inquiète de la rhétorique du président américain envers l’Iran, «à la veille d’une élection présidentielle importante dans le pays ». Pour lui, l’administration Trump «favorise », par sa rhétorique offensive, le candidat conservateur Ebrahim Raïssa qui emploie lui aussi un ton dur contre Washington.

 

« La ville de Washington n’était pas prête à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ». Tel est le constat de Leon Wieseltier qui se montre très critique des actions du président depuis son investiture. Selon lui, « incompétence et ignorance » sont les deux mots qui décrivent les 100 premiers jours de Donald Trump au pouvoir. Plus nuancée, Susan Hennessey souligne « quelques bons coups » du nouveau président, notamment la riposte en Syrie à la suite de la récente attaque à l’arme chimique perpétrée par le régime de Damas. Elle évoque cependant le « manque de cohérence » dans les actions de l’administration qui semble « s’inspirer des talk-shows populaires plutôt que de s’appuyer sur une équipe compétente ». Elle salue néanmoins les nominations du président en matière de sécurité nationale – James Mattis et H.R. McMaster. Benjamin Wittes admet quant à lui être « toujours à la recherche d’une idéologie ou d’un cadre de référence » lui permettant d’analyser la présidence Trump. Il estime que la seule chose qui motive le président actuellement est « cette impression de gagner ». Ces experts s’entendent sur le fait que l’administration actuelle « n’opère pas selon une stratégie réfléchie mais bien de manière réactive et émotionnelle ».

« 100 jours après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, les dirigeants européens ont toujours de la difficulté à discerner les intentions du président ». Tel est le constat du politologue de la Carnergie qui indique que l’affaiblissement de l’OTAN  représente la « plus grande peur » de la part des Etats européens. Les pays membres devront cependant « s’engager » à augmenter leur budget de défense. Sur la question des échanges commerciaux, E. Brattberg souligne que le président a, depuis son élection, nuancé sa rhétorique et s’est dit ouvert à la renégociation de certains accords. Au sujet de la Russie et de la coopération internationale, le politologue estime encore une fois que le président Trump est plus modéré que le candidat Trump mais qu’il est également capable de « changer rapidement d’idée ». Pour l’heure, le chercheur indique que la « confusion » liée à l’administration Trump est « quasi inévitable » et que les dirigeants européens « devront s’adapter ».