Aujourd’hui en Allemagne. 4 Mai 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

4 mai 2017

  1. Les derniers développements du scandale de l’officier de la Bundeswehr soupçonné de préparer un attentat terroriste font les gros titres de la presse ce matin : « la Bundeswehr doit réfléchir à l’image qu’elle donne d’elle-même » (Süddeutsche Zeitung), « la ministre von der Leyen se met en scène en éclaireuse de conscience » (Die Welt), « Merkel défend von der Leyen » (Der Tagesspiegel). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre sa Une aux discussions sur le Brexit : « l’UE attend 100 milliards d’euros du Royaume-Uni ». Le quotidien des affaires Handelsblatt s’intéresse aux bons chiffres du marché de l’emploi en Allemagne mais note les lacunes en main d’œuvre qualifiée : « l’Allemagne cherche des travailleurs qualifiés ».
  2. Allemagne

« Von der Leyen a le plein soutien de Merkel » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

La presse fait état de la visite hier de la ministre de la défense à Illkirch où était stationné le lieutenant allemand soupçonné de préparer un attentat. Bild et la Süddeutsche Zeitung relèvent qu’après avoir vu une salle commune contenant des reliques de la Wehrmacht, Mme von der Leyen a publiquement insisté sur le fait que l’armée allemande d’aujourd’hui ne devait en aucun cas se réclamer de cet héritage. La FAZ insiste de son côté sur le « plein soutien exprimé » par la chancelière à Ursula von der Leyen et mentionne que la ministre s’est engagée à faire toute la lumière sur l’affaire, notamment les raisons pour lesquelles la hiérarchie allemande du soldat, pourtant alertée par l’encadrement français, s’était abstenue de toute mesure disciplinaire à son encontre alors qu’à sa sortie de Saint-Cyr en 2014 il avait attiré l’attention par un mémoire de maîtrise dans lequel il présentait des thèses racistes.

Dans leurs réactions éditoriales, les journaux s’intéressent moins à la ministre de la défense aujourd’hui qu’aux dysfonctionnements au sein de la Bundeswehr que l’affaire révèle. La FAZ se demande ainsi comment il est possible que le service allemand de contre-intelligence militaire ne se soit pas penché sur le dossier alors que le soldat n’a pas cherché à cacher ses convictions d’extrême-droite. « La Bundeswehr fait-elle face à un manque de personnel tel que de tels faits ne s’accompagnent pas de poursuites ? », s’interroge le journal. De l’avis du Tagesspiegel, le scandale est bien le révélateur des erreurs et manquements induits par les réformes successives au sein de l’armée allemande ces dernières années, à commencer par l’abandon de la conscription qui fait que l’armée allemande d’aujourd’hui n’est plus le reflet de la société.

  1. Europe

« La peur d’un Brexit sauvage » (Handelsblatt)

Le ton monte entre Bruxelles et Londres alors même que les discussions sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’UE n’ont pas commencé, s’inquiète la presse en rendant compte de la « colère » de Theresa May envers la Commission européenne, accusée de vouloir s’immiscer dans les élections législatives britanniques. « Personne ne s’attendait à ce que les discussions sur le Brexit soient une partie de plaisir, mais que l’ambiance soit à ce point empoisonnée avant même l’ouverture officielle des négociations, cela surprend », écrit la Süddeutsche Zeitung. Observant que le pays est « divisé comme jamais » avant les élections anticipées, la Süddeutsche Zeitung ne sait que penser de la position de Theresa May : « croit-elle vraiment ce qu’elle dit car elle a perdu le contact avec la réalité, ou ment-elle sciemment ? D’une manière ou d’une autre, c’est préoccupant ». Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, il est temps de cesser les escarmouches de part et d’autre et de se préparer sérieusement : « on ne peut qu’espérer que le gouvernement May adapte ses exigences et ses objectifs à la complexité du dossier, sinon la déception sera inévitable ». Le Handelsblatt estime réelle la menace d’un échec des négociations et se fait l’écho des craintes croissantes des acteurs économiques : « le risque d’un Brexit dur pèse comme une épée de Damoclès sur l’Europe, le marché britannique serait coupé du jour au lendemain du continent avec des conséquences dramatiques pour les entreprises internationales et leurs salariés », écrit le quotidien des affaires.

Tribune conjointe de Pierre Moscovici et Günther Oettinger

Sous le titre « L’UE, le meilleur pour nos deux pays », la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie la tribune conjointe des commissaires européens français et allemand qui paraît également dans Les Echos.

  1. International

Présidence allemande du G20 : « Merkel calme les attentes avant le sommet » (FAZ)

Sous ce titre, la FAZ signale qu’à deux mois du sommet du G20 qui doit se tenir à Hambourg, la chancelière s’est attachée à tempérer les attentes de ceux qui espèrent de la rencontre des résultats concrets, déclarant devant les participants économiques du B20 hier à Berlin que « la conservation des acquis est parfois déjà un succès en soi », en allusion aux divergences sur les questions de libre-échange et à la lutte contre les dérèglements climatiques. Lors de son intervention, la chancelière a plaidé en faveur de la liberté et de l’ouverture des marchés et mis en garde contre le protectionnisme et le repli sur soi, qu’elle a qualifiés de « culs de sac », souligne le journal.

Dans un commentaire, le Tagesspiegel estime que les propositions faites par les participants à la rencontre B20 se bornent à des recommandations consensuelles et dénuées de concret. Cette manière de passer en revue un nombre incalculable de thèmes, mais de manière à ne pas prêter le flanc à la moindre forme de contestation ou de protestation est perçue par le journal comme un « coup tactique intelligent » de la part de la chancelière en pleine année électorale.

Russie-Turquie

La rencontre hier à Sotchi entre les présidents russe et turc fait l’objet d’une large couverture, généralement factuelle, la Berliner Zeitung notant que chaque visite de R.T. Erdogan à V. Poutine « déclenche systématiquement les sonnettes d’alarme dans les capitales européennes, l’UE craignant depuis toujours que la Turquie ne délaisse ses partenaires occidentaux pour s’allier à Moscou ». Les journaux relèvent que les relations entre les deux pays restent toutefois empreintes de désaccords non seulement en raison des sanctions économiques décrétées par la Russie contre la Turquie, mais aussi d’intérêts commerciaux turcs en Ukraine et de profondes divergences dans le conflit syrien./.