Aujourd’hui en Allemagne. 10 Mai 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France à Berlin

10 mai 2017

  1. L’arrestation d’un troisième suspect dans le scandale du réseau terroriste de l’armée allemande fait les gros titres de la presse ce matin : « un nouvel officier de la Bundeswehr arrêté sur des suspicions de terrorisme  » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « un nouveau soldat soupçonné de terrorisme » (Süddeutsche Zeitung) ; « y a-t-il une cellule terroriste d’extrême-droite dans les rangs de la Bundeswehr ? » (Die Welt). Der Tagesspiegel consacre sa Une au fait que « le délégué fédéral pour les droits des patients tire la sonnette d’alarme » sur les carences de l’assurance-maladie. Le quotidien des affaires Handelsblatt s’intéresse à la volonté de BMW d’augmenter fortement ses capacités de production d’ici 5 ans : « le plan à 3 millions [de véhicules produits par an] de Krüger ».
  2. France / Allemagne

« La grande coalition rejette unanimement les eurobonds de Macron » (FAZ)

Après les réactions de félicitations et de soulagement ayant suivi l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, les dirigeants politiques allemands spécialistes des questions budgétaires montent au créneau sans attendre pour rappeler que l’idée de lancer des emprunts européens (« eurobonds ») reste un chiffon rouge pour l’Allemagne.

« L’opinion négative du gouvernement allemand sur les eurobonds n’a pas changé », avait rappelé dès lundi le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert lors du point de presse trihebdomadaire. « Ni la zone euro ni la France ne souffrent d’un niveau d’endettement trop bas », a pointé hier dans le tabloïd Bild le secrétaire d’Etat aux Finances Jens Spahn, l’un des porte-voix de l’aile la plus conservatrice de la CDU. Dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ministre bavarois des Finances, Markus Söder (CSU), répète sa farouche opposition à toute mutualisation de la dette des pays de la zone euro en soulignant que « chaque pays doit payer ses dettes lui-même, le contribuable allemand ne saurait être prié de passer à la caisse pour les dettes d’autres pays. Si nous avons combattu en Allemagne le système injuste de la péréquation financière entre Länder, ce n’est pas pour l’introduire maintenant en Europe ». Interrogé par la FAZ, le député CDU Ralph Brinkhaus, expert des questions budgétaires, rappelle l’opposition de principe des conservateurs à toute mutualisation des dettes de la zone euro. Carsten Schneider, porte-parole du groupe SPD au Bundestag pour la politique budgétaire, est sur la même ligne : « nous n’avons pas besoin d’eurobonds, et de davantage de communautarisation des garanties que ce qui existe déjà avec le MES et la BCE », déclare-t-il à la FAZ.

Le quotidien de Francfort, champion de l’orthodoxie budgétaire, interroge également, dans le cadre d’une longue interview, le président du parti libéral FDP, Christian Lindner, en ces termes : « le futur président Emmanuel Macron ne prévoit pas de réformes économiques en profondeur et veut mutualiser les dettes avec l’introduction d’eurobonds, comment le moteur franco-allemand peut-il fonctionner dans ces conditions ? » Christian Lindner exprime son « extrême soulagement » devant la victoire d’Emmanuel Macron mais prédit un débat « inconfortable » entre Berlin et Paris sur le projet européen : « il est favorable à une UE où les responsabilités sont communautarisées et délayées, et moi j’appelle le gouvernement fédéral à faire exactement l’inverse ». La Süddeutsche Zeitung donne pour sa part la parole à l’économiste et président de l’institut allemand Ifo Clemens Fuest – dont les positions sont également connues pour leur rigueur – qui juge que « le transfert de souveraineté fonctionne sur le plan monétaire et la régulation bancaire mais pas sur le plan budgétaire. Une mutualisation des dettes est exclue car le Bundestag et l’Assemblée nationale devraient céder leurs prérogatives en matière de budget ». Seul le quotidien tageszeitung juge utile de préciser que « Macron n’exige pas l’introduction d’eurobonds, il n’en est plus question dans son programme électoral actuel, de tels emprunts sont pour lui juste la dernière étape d’une réforme exhaustive de la zone euro ».

A l’instar des autres opposants à la souplesse budgétaire, l’économiste Clemens Fuest souligne que « c’est aux Français de régler leurs problèmes, le gouvernement fédéral n’a ni la mission ni le pouvoir d’aider la présidence Macron à devenir un succès ». La Süddeutsche Zeitung se penche, dans son éditorial économique, sur « la constatation presque unanime que Macron aura besoin de l’aide de l’Allemagne pour renouveler la France ». Le quotidien de centre-gauche – qui, comme l’ensemble de la presse, toutes tendances confondues, défend une vision ordolibérale de l’économie – estime que l’idée qu’investir davantage en Allemagne pour relancer la croissance française est un non-sens économique, et que les difficultés structurelles et d’investissement de l’Allemagne sont un problème réel « qui n’a rien à voir avec Macron ». Là où l’Allemagne peut « aider » le nouveau président français, c’est en développant une nouvelle manière de discuter avec la France des questions européennes, « sans cavaliers seuls et sans dire non à tout ce qui vient de Paris », écrit la Süddeutsche Zeitung. De l’avis du quotidien, des compromis seraient possibles sur les questions du budget et d’un ministre des Finances de la zone euro. « Des eurobonds, en revanche, sont inacceptables pour l’Allemagne, ce serait un risque incalculable », tranche également le journal.

  1. Allemagne

« Arrestation d’un nouvel officier de la Bundeswehr soupçonné de terrorisme » (FAZ)

L’arrestation d’un 3ème suspect dans l’affaire de la caserne d’Illkirch amène Die Welt à s’interroger sur l’existence d’un réseau d’extrême droite au sein de la troupe. La presse indique que la ministre de la défense, qui fait face aux vives critiques du SPD, sera entendue aujourd’hui par la commission de défense du Bundestag. Tout en estimant qu’il est plus que temps de se pencher sur les méthodes de recrutement de la Bundeswehr, la FAZ met en garde contre le risque de jeter l’opprobre sur l’ensemble de l’armée et dénonce « l’exorcisme » auquel se livre Ursula von der Leyen (CDU) sur les références à la Wehrmacht au risque d’ignorer que la Bundeswehr n’a pas été créée ex-nihilo.

« Record pour les exportateurs allemands » (FAZ)  

Les journaux se font l’écho du nouveau record atteint par les exportations allemandes au mois de mars qui ont à nouveau progressé de 0,4%, atteignant un montant total de 118 milliards d’euros. Réagissant à ce résultat, le Handelsblatt juge le moment venu pour l’Allemagne de réorienter sa politique économique jusqu’ici guidée par le seul objectif de l’équilibre budgétaire. Rappelant qu’en Allemagne seuls les hauts revenus progressent et que les origines sociales s’avèrent aujourd’hui encore déterminantes pour réussir sa scolarité, le journal fait valoir qu’après des années d’économies, il faut maintenant réembaucher dans les administrations et les écoles, diminuer la pression fiscale sur les petits et moyens salaires et stimuler la consommation intérieure.

  1. International

Turquie : « oui au droit d’asile, mais aussi au commerce » (tageszeitung)

Les journaux accueillent favorablement la décision prise par le gouvernement fédéral d’accorder l’asile à des ressortissants turcs possédant un passeport diplomatique. La FAZ indique que cette mesure devrait s’appliquer à des soldats turcs sous béret OTAN et que depuis la tentative de putsch de juillet dernier, 410 demandes d’asile ont été déposées en Allemagne par des citoyens turcs ayant un passeport diplomatique ou de service. Les quotidiens signalent par ailleurs que la chancelière a fait savoir qu’elle s’opposerait à la tenue en Allemagne des opérations liées à un éventuel référendum turc sur la réintroduction de la peine de mort. « Accorder le droit d’asile à des personnes poursuivies pour leurs opinions politiques et condamner la peine de mort sont l’un comme l’autre des éléments constitutifs de la République fédérale », acquiesce la Süddeutsche Zeitung avant de juger que la chancelière, en campagne pour sa réélection, s’est probablement inspirée de la stratégie de son homologue néerlandais Mark Rutte, laquelle s’est avérée payante. « Les messages en provenance de Berlin concernant la peine de mort ou l’asile à des soldats turcs sont autant de signaux adressés à l’électeur allemand destinés à lui faire comprendre que nous ne courbons pas l’échine face à Erdogan », conclut le quotidien. Plus caustique, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung met en parallèle la « position soit disant ferme de la chancelière sur la peine de mort » avec les négociations actuellement en cours entre les ministères allemand et turc de l’économie visant à élargir les échanges commerciaux et dénonce les « contradictions, voire le double langage de la politique allemande vis-à-vis de la Turquie ». Le journal en veut pour preuve concrète le projet de la firme allemande d’armement Rheinmetall de fabriquer des chars en Turquie. « ceux qui critiquent publiquement Erdogan pour lui livrer ensuite des chars mettent en jeu leur propre crédibilité et le gouvernement fédéral serait bien inspiré de ne rien précipiter dans cette affaire de chars », juge également la Berliner Zeitung./.