Aujourd’hui en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

16 mai 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

  1. Les réactions des leaders politiques aux élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie font les gros titres de la presse : « Merkel impose à la CDU de s’engager dans le combat électoral pour les élections fédérales » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Schulz : le SPD a un long chemin devant lui » (Süddeutsche Zeitung). Die Welt juge que, pour le SPD et les Verts, « il faut tout reprendre à zéro ». Le Handelsblatt évoque la perspective d’une coalition entre conservateurs et libéraux en Rhénanie-du-Nord-Westphalie : « nostalgie noire-jaune ». Der Tagesspiegel consacre pour sa part sa Une  aux nouvelles tensions entre l’Allemagne et la Turquie : « Berlin menace Ankara d’un retrait de ses troupes ».
  2. Allemagne / France

« Bienvenue, Monsieur le Président » (Die Welt)

En français dans le texte, Die Welt et le Tagesspiegel souhaitent à la Une la bienvenue au président de la République, consacrant, comme de nombreux confrères, leur photo du jour à l’accueil « chaleureux » réservé à Emmanuel Macron par la chancelière fédérale. L’accueil enthousiaste de membres du mouvement pro-européen de Pulse of Europe massés derrière la grille de la chancellerie fédérale est également relevé par les journaux, la Frankfurter Allgemeine Zeitung se félicitant que « les temps changent » et que « les partisans de l’Europe soient venus saluer le président de la République là où il y a encore quelques mois manifestaient des populistes eurosceptiques ».

Les journaux ne manquent pas de s’étonner de « l’élan inhabituel de lyrisme » (Bild) qui a saisi Angela Merkel en conférence de presse, sa citation de Hermann Hesse (« il y a de la magie dans chaque commencement ») étant mise en exergue dans de nombreux titres. Elan bref puisqu’elle est aussitôt revenue à son « pragmatisme coutumier » (Bild) en soulignant que « la magie ne dure que si les résultats sont au rendez-vous », note la presse, presque rassurée. De la conférence de presse conjointe, les quotidiens retiennent que « Merkel et Macron veulent réformer l’UE » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « insuffler une nouvelle dynamique à l’UE » (Die Welt) et que « Macron veut une ‘refondation de l’Europe’ » (Tagesspiegel). Les journaux notent que le président de la République a été plus loin que la chancelière sur les thèmes européens et que « des lignes de partage demeurent » (Bild), mais que « tous deux ont souligné vouloir travailler dans un objectif de résultats » (FAZ). Emmanuel Macron « a présenté ses positions de manière étonnement concrète à Berlin, tandis que Merkel s’est ménagée des voies de sortie », observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La presse prend bonne note de la volonté marquée par le chef de l’Etat de conduire des réformes en France et du démenti apporté sur les ‘eurobonds’, mais ne commente pas à ce stade ses déclarations.

Toute la presse, notamment berlinoise, fait valoir, dans plusieurs portraits, qu’Emmanuel Macron a choisi de s’appuyer sur l’expertise allemande et européenne de l’ambassadeur de France en Allemagne pour diriger la cellule diplomatique de l’Elysée, un signe, pour les journaux, de l’importance donnée par le président de la République à une étroite concertation avec Berlin.

De nombreux articles sont consacrés à la nomination d’Edouard Philippe comme Premier ministre, dont les journaux notent qu’il est parfaitement germanophone, ayant passé son baccalauréat au lycée français de Bonn. Le choix d’un député des Républicains à la tête du gouvernement traduit par ailleurs, pour les médias, la volonté d’Emmanuel Macron d’une recomposition de la vie politique. Les correspondants à Paris de la presse allemande publient des portraits favorables d’un « homme du centre » (Die Welt), « dépassant les lignes partisanes » (FAZ), « passerelle entre les camps politiques » (Handelsblatt).

  1. Allemagne

« Merkel impose à la CDU de s’engager dans le combat électoral pour les élections fédérales » – « Schulz entend marquer des points grâce à l’innovation » (FAZ)

Revenant en détail sur l’issue des élections régionales en Rhénanie du Nord-Westphalie marquées par la victoire de la CDU, les journaux notent que pour la chancelière, qui s’est abstenue de tout triomphalisme et « appelle à la prudence » (FAZ), « une nouvelle phase dans la campagne électorale a commencé ». Angela Merkel a fait état hier des sujets qui vont être mis en avant : les emplois de demain, le passage au numérique, l’enseignement et la recherche. De son côté, le président du SPD et candidat tête de liste du parti Martin Schulz s’est montré combatif et a indiqué qu’il allait faire des propositions concrètes concernant l’avenir du pays, évoquant les investissements à réaliser dans le domaine de l’enseignement et des nouvelles technologies et plaidant par ailleurs pour un renforcement de l’Europe.

Alors que les consultations sont en cours au sein du SPD pour la succession d’Hannelore Kraft,  présidente de la fédération SPD de Rhénanie du Nord-Westphalie et vice-présidente du parti au niveau fédéral, qui a abandonné ses mandats en raison de la défaite de son parti, la presse signale que l’on s’oriente vers un gouvernement CDU/FDP en Rhénanie du Nord-Westphalie (qui disposerait d’une seule voix de majorité au parlement régional), après le refus opposé par le SPD de former une grande coalition avec la CDU. Les journaux notent toutefois que les libéraux du FDP, qui ont réalisé dimanche leur plus fort score jamais atteint dans le Land, ont exigé comme préalable à toute coalition un changement de politique, notamment en matière de sécurité.

Dans leurs analyses, les quotidiens se penchent sur les enseignements que l’on peut tirer du scrutin de dimanche pour les élections législatives de septembre. De l’avis de la FAZ, passé le moment d’euphorie suscité par l’investiture de Martin Schulz, c’est à présent la CDU qui sort consolidée car les Allemands, qui n’ont pas motif de se plaindre de la situation économique du pays, ne sont donc pas tentés par l’alternance politique. En se focalisant sur davantage de justice sociale, M. Schulz a, pour le journal, choisi le mauvais sujet car déjà au moment où il prenait les rênes du parti, l’inquiétude liée à l’insécurité était le premier sujet de préoccupation des citoyens. Concernant la perspective du retour du FDP au Bundestag, la Berliner Zeitung convient qu’une entrée des libéraux dans le gouvernement qui va se mettre en place en Rhénanie du Nord-Westphalie faciliterait la tâche du parti qui joue en septembre son va-tout au niveau fédéral. La tageszeitung reconnaît qu’un retour du FDP au Bundestag est tout à fait souhaitable car la composante libérale y a toute sa place. Le journal fait valoir néanmoins qu’une réédition de la coalition CDU/FDP au niveau fédéral est à éviter car la vision libérale incarnée par Christian Lindner n’est pas plus sociale que par le passé, raison pour laquelle il faut à tout prix éviter le retour du « libéralisme le plus sauvage » au sein du gouvernement fédéral.

  1. International

« Berlin menace de retirer ses soldats d’Incirlik » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

« Le gouvernement fédéral a menacé la Turquie de retirer les soldats allemands de la base d’Incirlik si Ankara continue d’en refuser l’accès à des parlementaires allemands », rapporte la FAZ avant de citer la chancelière selon laquelle « par différents canaux il a été clairement indiqué aux autorités turques que la Bundeswehr est une armée parlementaire ». Le quotidien précise que le gouvernement fédéral a jugé « totalement inacceptable » le refus d’Ankara d’autoriser l’accès à cette base de l’OTAN. Pour la FAZ, nul besoin de s’interroger sur les motifs des autorités turques, la réaction d’Ankara étant la réponse à la décision de l’Allemagne d’accorder l’asile à des officiers turcs qui en ont fait la demande. « Déjà par le passé, Erdogan s’est servi de cette interdiction pour punir Berlin de mesures jugées inamicales », rappelle le journal qui déplore une réaction complètement disproportionnée et indigne de la part d’un allié de l’OTAN, mais encourage le gouvernement fédéral à garder néanmoins la tête froide. « Tant que les rotations aériennes ne sont pas entravées, un retrait des troupes paraît excessif, ne s’accompagnerait que de désavantages sur le plan opérationnel et contribuerait à envenimer le climat au sein de l’OTAN ». Si le Tagesspiegel appelle lui aussi à ne pas sur-réagir, la Berliner Zeitung juge toutefois qu’une position claire et unanime de l’Alliance vis-à-vis de la Turquie serait bienvenue. Plus tranché, le quotidien alternatif de gauche tageszeitung estime qu’il n’y a pas d’alternative au retrait du contingent allemand et qu’il est temps de mettre un terme au pseudo-partenariat avec la Turquie dans l’OTAN./.