Aujourd’hui en Allemagne. 17 Mai 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

17 mai 2017

  1. Divers sujets se partagent les Unes de la presse ce matin. La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre ses gros titres à la décision de la CJUE relative à la ratification des traités commerciaux : « la CJUE renforce les droits des parlements sur les traités de libre-échange ». La Süddeutsche Zeitung titre sur le fait que « Trump divulgue des informations secrètes ». Le renforcement des messages sécuritaires du SPD est à la Une de Die Welt (« le SPD veut expulser immédiatement les délinquants étrangers » et du Tagesspiegel (« le SPD se réarme sur la sécurité intérieure »)
  2. France / Allemagne

« Un acte de refondation » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Plusieurs quotidiens analysent la portée des déclarations du président de la République et de la chancelière fédérale, lors de leur conférence de presse conjointe, pour le moteur franco-allemand et l’Union européenne. Ils soulignent, pour s’en réjouir, qu’Emmanuel Macron a réuni autour de lui des personnalités non seulement germanophones mais ayant une profonde connaissance de l’Allemagne, de sa société et de sa culture (« Edouard Philippe, Sylvie Goulard, Philippe Etienne, Sylvain Fort », énumère Die Welt qui cite également le nom de Bruno Le Maire comme possible membre du gouvernement). « On parle à nouveau allemand », se félicite la FAZ, qui met en exergue l’annonce par le chef de l’Etat du rétablissement des classes bilangues à la rentrée 2017.

Sur les questions européennes, la presse, à l’instar du tabloïd Bild, relève que la chancelière a surpris en concédant à son interlocuteur français que des modifications des traités européens était envisageables, alors que le gouvernement allemand répète à l’envi, depuis des années, qu’une telle option, certes souhaitable, est irréalisable dans l’état actuel des choses. « Il est inéluctable qu’à moyenne échéance, la position de la zone euro, en avant par rapport au reste de l’UE, se concrétise dans les textes », considère le Tagesspiegel, dont le rédacteur en chef estime que l’élection d’Emmanuel Macron constitue la dernière chance de sauver l’idée européenne, et se réjouit de voir de jeunes pro-européens applaudir à sa venue en brandissant des drapeaux de l’UE et des deux pays.

Une fois n’est pas coutume, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, sous la plume d’un de ses correspondants diplomatiques, appelle le gouvernement allemand à infléchir sa position rigoriste sur les questions économiques et budgétaires européennes. « S’il est une chose qui paraît claire, c’est que le nouveau président français attend de Berlin un fort soutien. (…) Au fond, il veut être récompensé pour avoir préservé l’UE de Marine Le Pen, et il faut que cela soit pris très au sérieux en Allemagne », recommande ce commentaire contrastant avec les positions inflexibles de la rédaction économique du journal. « La destinée de l’intégration européenne va dépendre, plus que jamais, du bon fonctionnement du moteur franco-allemand. Depuis des années, et pas seulement sous Hollande, ces relations n’étaient pas brillantes, et pas seulement du fait des Français. Le fait que l’Allemagne ait essayé d’imposer son modèle économique à la zone euro a été une erreur. (…) Avec Macron, Merkel obtient une seconde chance en Europe », écrit la FAZ. Une approche que semble conforter une phrase de la chancelière rapportée par Bild : « nous avons un intérêt élémentaire à ce que Macron ait du succès », a déclaré hier Angela Merkel devant le groupe CDU/CSU au Bundestag selon le journal.

Bild indique par ailleurs que lors du prochain conseil des ministres franco-allemand, l’harmonisation de l’imposition des sociétés devrait être l’une des priorités, Berlin et Paris voulant éviter d’être entraînés dans la spirale du dumping fiscal initiée par l’Europe de l’Est. « Une tentative d’harmonisation fiscale a déjà été lancée mais elle n’a pas abouti », rappelle à ce propos la Süddeutsche Zeitung.

  1. Allemagne

Campagne électorale : le SPD passe à l’offensive sur la sécurité et la fiscalité

Die Welt et le Tagesspiegel dévoilent le contenu du programme de campagne du SPD et indiquent que les sociaux-démocrates adoptent une ligne dure en matière de renforcement de la sécurité (création de 15 000 postes dans la police), de lutte contre la criminalité, l’extrémisme et le terrorisme. Préconisant la « tolérance zéro » envers les islamistes et prédicateurs de haine, le programme que les instances dirigeantes du parti ont fait parvenir à l’ensemble des délégués envisage aussi le renvoi dans leur pays des auteurs étrangers de délit une fois purgée leur peine en Allemagne.

La FAZ et le Handelsblatt signalent de leur côté qu’avant même que Martin Schulz ait concrétisé son projet, Stefan Weil (SPD), ministre-président de Basse-Saxe, est passé à l’offensive en présentant hier son propre projet qui envisage une suppression de l’impôt de solidarité (introduit en 1991 pour financer la réunification) et des allègements fiscaux pour les salaires moyens et modestes (inférieurs à 112 000 euros annuels). De l’avis du Handelsblatt, en prônant l’abandon de l’impôt de solidarité, Stefan Weil prend de court le SPD qui, deux jours après la cuisante défaite du parti en Rhénanie-du Nord-Westphalie, se serait bien passé de ce pavé dans la mare, le SPD s’étant jusqu’ici mis d’accord sur une réorientation des rentrées fiscales générées par ce prélèvement de manière à pouvoir également venir en aide aux régions défavorisées de l’ouest de l’Allemagne.

  1. Europe

« La CJUE renforce les droits des parlements en matière de libre-échange » (FAZ)

La Frankfurter Allgemeine Zeitung et la Süddeutsche Zeitung commentent la décision rendue par la CJUE qui a estimé que les traités commerciaux négociés par l’UE doivent être approuvés par l’ensemble des parlements des Etats membres. Sans surprise, la FAZ déplore une décision qui, aux yeux du journal, renforcera la main des opposants à tous les traités de libre-échange et estime qu’il s’agit d’une « mauvaise nouvelle pour la politique commerciale européenne ». « La politique commerciale était jusqu’ici et avait vocation à demeurer une compétence clé de l’Union européenne, sans quoi aucun marché communautaire ne peut fonctionner », assène le journal. La Süddeutsche Zeitung salue quant à elle une « bonne et importante décision pour l’Europe ». En faisant droit aux parlements nationaux, les juges européens contribuent à renforcer la démocratie et indirectement à favoriser davantage de transparence », se félicite le quotidien./.