Think Tank Hebdo. Du 18 au 24 Mai 2017

 

Ambassade de France à Washington

Think Tank Hebdo

Newsletter hebdomadaire des travaux des Think Tanks aux Etats-U

Du 18 au 24 mai 2017
 

A NE PAS MANQUER

 

L’AEI tient une conférence le 30 mai sur The future of Iranian power in the Middle East au cours de laquelle la politique étrangère américaine vis-à-vis de Téhéran sera analysée par Lt. Gen. Thomas J. Trask, Vice Adm. Ret. Mark Fox et J. Matthew McInnis.

 

POLITIQUE ETRANGERE AMERICAINE

 

De nombreux think-tanks (Brookings, Council on Foreign Relations, CSIS, CATO, Heritage Foundation, Hudson Institute) sont revenus sur la visite de Donald Trump au Moyen-Orient et sur les défis de la politique étrangère américaine dans la région notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

–       Trump of Arabia – Jon B. Alterman – CSIS

Jon B. Alterman souligne l’approche complètement « opposée » à celle de son prédécesseur, qu’a prise Donald Trump vis-à-vis du Moyen-Orient. En effet, l’actuel président américain lors de sa visite en Arabie Saoudite a mis au clair ses priorités : une hostilité affichée envers l’Iran et un refus de s’impliquer dans les questions de démocratisation et de gouvernance. Avec cette nouvelle ligne, le président Trump a été accueilli avec un « fort soulagement » par les pays du Golfe. Le chercheur insiste sur l’importance d’un « leadership » américain au Moyen-Orient et ce, à plusieurs niveaux. Les Etats-Unis doivent ainsi assurer un rôle « plus actif » dans la résolution des conflits dans la région en déployant une réelle stratégie militaire et diplomatique. Ils doivent aussi s’assurer que les gouvernements locaux luttent « sérieusement » contre la radicalisation. Enfin, l’auteur note que les Etats-Unis devraient également rechercher des manières « créatives » pour renforcer la gouvernance dans les pays arabes.

–       Trump bows to the Saudis – John Glaser and Benjamin H. Friedman – CATO

Le changement de politique au Moyen-Orient par l’administration Trump est également relevé par John Glaser et Benjamin Friedman qui soulignent néanmoins le « raisonnement fragile » sur lequel celui-ci s’appuie. Les auteurs avancent ainsi des circonstances nouvelles dans la région qui rendent cette position « plus ou moins » stable : (i) l’Iran qui se bat désormais aux côtés des Américains en Irak et en Syrie contre Daech, (ii) une remise en cause de la dépendance énergétique américaine et (iii) l’accord sur le nucléaire iranien qui pourrait être mis à mal par l’hostilité renouvelée des Etats-Unis vis-à-vis de Téhéran alors que celui-ci apporte un moyen pacifique d’influencer la politique iranienne. Ainsi, la nouvelle ligne proposée par Donald Trump aux côtés de l’Arabie Saoudite constituerait un « regrettable retour au statu quo ». Les Etats-Unis gagneraient à « se distancier » des deux pays, l’actuelle politique ne faisant que ressurgir « l’instabilité et l’extrémisme » dans la région.

–       Want a new counterterrorism strategy? Be careful what you wish for – Eric Rosand and Alistair Millar – Brookings

Alors que la nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme voulue par l’administration américaine a été détaillée, Eric Rosand et Alistair Millar déplorent l’absence de prise en compte des études récentes sur les facteurs menant au terrorisme. Pour les chercheurs, ce ne sont pas la religion, l’idéologie ou internet qui constituent les bases du recrutement mais davantage les abus commis par les militaires et la police à l’encontre de sa propre population. Les recherches ont ainsi conclu que c’est « l’isolement des jeunes, la marginalisation et le manque de confiance entre les autorités locales et les communautés » qui alimentent la violence terroriste dans le monde. Cependant, dans la stratégie américaine, il n’est que très peu fait mention de la promotion des droits de l’Homme, du développement, des principes de bonne gouvernance et de l’ensemble des outils de « soft power » pour lutter contre les sources du terrorisme. Selon les auteurs, une politique ignorant les leçons tirées de ces dix dernières années « ne peut être efficace sur le long-terme ». Pour eux, l’efficacité de la nouvelle stratégie américaine est d’autant plus mise à mal par les coupes budgétaires dans les programmes d’assistance internationaux américains et dans le corps diplomatique, la déclaration du secrétaire d’Etat Rex Tillerson qui fait état d’une différence entre « les intérêts et les valeurs » des Etats-Unis et l’absence d’une politique étrangère cohérente dans laquelle inscrire cette stratégie.

 

ELECTION PRESIDENTIELLE IRANIENNE

 

–       Iranians vote for competence over ideology – Barbara Slavin – Atlantic Council

Pour Barbara Slavin, la large victoire du président sortant Hassan Rohani a été un « triomphe de la compétence et de l’ouverture sur l’idéologie et l’isolationnisme » bien que celui-ci doive maintenant faire face à de nombreux obstacles. L’auteure s’inquiète particulièrement de l’attitude « hostile » de l’administration Trump dont la décision de s’aligner sans réserves sur la position saoudienne risque « d’enflammer les conflits sectaires » déchirant davantage le Moyen-Orient. Lors de son discours à Riyad, Donald Trump n’a en effet même pas reconnu la victoire de H. Rohani et a appelé à isoler Téhéran. La ligne américaine tranche avec celle d’autres représentants occidentaux qui ont félicité le président sortant pour sa réélection et souhaitent que celui-ci réussisse à préserver l’accord sur le nucléaire tout en réduisant les tensions régionales. B. Slavin estime qu’il serait « sage » de la part de l’administration Trump de considérer la volonté de Téhéran de réengager les relations bilatérales. Selon elle, les Iraniens « ont du mérite » pour avoir réussi à tenir des élections dans une région dont les pays sont principalement dirigés par « des monarques et des dictateurs ».

–       What will Rouhani’s repeat mean for Iran and Washington ? – Suzanne Maloney – Brookings

Le résultat de l’élection présidentielle iranienne a permis d’éviter de nombreux « désastres » et a été accueilli avec « soulagement » par la population comme par les pays étrangers qui craignaient un dangereux retour en arrière en cas de victoire du candidat conservateur, Ebrahim Raisi. Suzanne Maloney nuance le succès d’H. Rohani en notant que celui-ci n’est pas la solution directe aux problèmes des Iraniens bien qu’il s’agisse d’un pas vers une « gouvernance plus responsable ». L’élection présidentielle a illustré la « profonde polarisation » de la société iranienne tout en montrant que si la base conservatrice ne s’était pas élargie, elle n’avait pas non plus diminué, E. Raisi ayant obtenu presque 16 millions de votes. Ainsi, H. Rohani va devoir « manœuvrer habilement » pendant les quatre prochaines années pour éviter que les attentes de la population ne soient déçues. Pour S. Maloney, l’administration Trump devrait se réjouir du dénouement de cette élection, H. Rohani « laissant la porte ouverte » à des relations avec Washington.

  Réalisation : Joanna Bosse-Platière / Service de presse et communication – Ambassade de France à Washington