Aujourd’hui en Allemagne. 26 Mai 2017

Usine chimique du groupe Bayer à Leverkusen. La fédération de l'industrie allemande (BDI) est plus optimiste qu'il y a trois mois sur les perspectives de croissance de l'Allemagne cette année en raison de la faiblesse des cours du pétrole, de la vigueur de la consommation et de la baisse de l'euro. /Photo d'archives/REUTERS/Ina Fassbender

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

26 mai 2017

  1. Les messages adressés par le président Trump aux responsables européens à l’occasion de son déplacement à Bruxelles fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « Trump exige d’énormes sommes d’argent des alliés de l’OTAN » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Trump se plaint de l’Allemagne » (Süddeutsche Zeitung), « Trump attaque les alliés » (Handelsblatt). Der Tagesspiegel titre sur le soutien apporté par l’ancien président Obama à Angela Merkel lors des journées de l’Eglise protestante allemande : « Obama se range aux côtés de Mme Merkel ». Die Welt note que « les Britanniques traquent les commanditaires de l’attentat » de Manchester.
  2. Allemagne

Journées de l’Eglise protestante allemande : « Obama se range aux côtés de Merkel » (Tagesspiegel)

En conviant Barack Obama et Angela Merkel à discuter, face à 80 000 personnes massées devant la Porte de Brandebourg, de l’engagement démocratique et de l’influence de leur foi sur l’exercice du pouvoir, les responsables des Journées de l’Eglise protestante allemande ont donné à ce grand rassemblement bisannuel une connotation plus politique que par le passé, constatent les quotidiens. « Obama a tenu des propos très politiques pour soutenir Angela Merkel et se distancier de Donald Trump sans le nommer », résume la Berliner Zeitung. Soulignant la ferveur et l’engouement populaires avec lesquels a été accueilli l’ancien président américain « comme une pop-star », les journaux considèrent que cette aura de sympathie a également bénéficié à la chancelière fédérale face à un public souvent jeune qui a apprécié sa prestation, plus enjouée et personnelle qu’à l’ordinaire, selon la presse. Alors que B. Obama a exprimé son soutien à la politique migratoire défendue par A. Merkel en ne tarissant pas d’éloges sur son interlocutrice, cette manifestation ultra-médiatisée en plein cœur d’un Berlin ensoleillé a pris des allures de « cadeau de campagne électorale », notent quelques quotidiens à l’instar de Bild. « Visiblement, Obama considère la chancelière comme la seule ayant suffisamment d’expérience et de sérénité pour conserver le cap face à Trump et les autres crises. La question que devrait se poser le SPD, c’est pourquoi Obama ne juge pas la gauche allemande capable de relever ce défi », s’interroge le quotidien alternatif tageszeitung. Le chef du SPD Martin Schulz participe aujourd’hui à une discussion dans un cadre plus confidentiel, comme plusieurs autres dirigeants politiques pendant ces cinq jours d’un rassemblement qui commémore le 500e anniversaire de la Réforme et s’achèvera dimanche à Wittemberg (Saxe-Anhalt), rappelle la presse.

  1. Europe /international

« Donald Trump choque Bruxelles » (Die Welt), « Trump attaque ses alliés » (Handelsblatt)

La presse se montre quelque peu choquée des propos peu amènes pour ses partenaires européens tenus par le président américain lors de ses rencontres avec les dirigeants de l’UE et les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’OTAN. S’agissant de la première entrevue avec les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, la presse constate qu’elle n’a apporté « aucun rapprochement sur le fond, tant en matière de sécurité intérieure, de commerce ou de climat » (Handelsblatt) et qu’elle a mis en lumière le désintérêt patent du président américain pour l’Europe. Les journaux révèlent, pour s’en inquiéter, que Donald Trump aurait de nouveau critiqué en termes très vifs les excédents de la balance commerciale allemande lors de son entretien avec J.-C. Juncker (« les Allemands sont mauvais, très mauvais ») et déclaré vouloir mettre un coup d’arrêt aux ventes massives de voitures allemandes aux Etats-Unis. Les journaux s’étonnent encore davantage de ce que « l’imprévisible » Donald Trump ait lancé une diatribe contre les mauvais payeurs au sein de l’Alliance atlantique au moment même où les partenaires de l’OTAN voulaient envoyer un signal d’unité dans la lutte contre Daech.

Les éditoriaux ne s’attardent pas toutefois sur ces réserves à l’égard du président américain, analysant plutôt l’état de l’Alliance atlantique, « une alliance tiraillée par ses propres contradictions » (Handelsblatt). S’agissant de l’engagement de l’OTAN au sein de la coalition internationale contre Daech, la Frankfurter Allgemeine Zeitung estime qu’il ne changera pas grand-chose sur le plan militaire, mais que cette annonce permet de désamorcer les critiques de D. Trump envers l’OTAN. « Même si cet engagement fait sens, il ne peut faire oublier que l’OTAN n’a pas non plus de solutions pour venir à bout du terrorisme et que c’est essentiellement un geste symbolique », abonde la Süddeutsche Zeitung. Par ailleurs, la plupart des journaux estiment que le rappel à l’ordre de D. Trump en matière de budget de défense est certes peu diplomatique mais se justifie sur le fond : « les bonnes paroles ne suffisent plus, l’Allemagne et les autres qui manquent à leur parole vont devoir honorer leurs promesses par des planifications budgétaires crédibles », considèrent le Tagesspiegel et le Handelsblatt. Les journaux observent, enfin, que l’OTAN souffre d’un manque de cohérence dans son action, notamment pour cause d’intérêts divergents entre ses membres, comme entre les Etats-Unis et la Turquie sur la question kurde. « Le fait que la Turquie devienne un facteur d’insécurité est une source supplémentaire de conflit au sein de l’OTAN », déplore la FAZ.

Turquie : « Merkel marque une ligne rouge face à Erdogan » (Tagesspiegel)

Toute la presse se félicite de ce que la chancelière fédérale ait, en marge du sommet de l’OTAN à Bruxelles, exigé du président turc que les parlementaires allemands aient accès librement au déploiement de la Bundeswehr stationné sur la base turque d’Incirlik, faute de quoi Berlin se verrait obligé de retirer ce contingent, qui participe à la lutte contre Daech. Les relations germano-turques sont d’autant plus tendues que des officiers de haut rang de l’armée turque sont arrivés récemment en Allemagne pour demander l’asile politique suite à la tentative de putsch de l’été dernier, et alors que Berlin reste soucieux de voir libérer deux journalistes allemands d’origine turque emprisonnés en Turquie, rapporte la Süddeutsche Zeitung./.