Synthèse de la presse quotidienne
29 mai 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- Les déclarations d’Angela Merkel sur l’Europe et le transatlantique à son retour des sommets de l’OTAN et du G7 font les gros titres de tous les médias : « Merkel : nous, les Européens, devons prendre notre destin en main » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « Merkel considère que les USA ne sont plus fiables » (Süddeutsche Zeitung), « compter sur les USA – ‘une époque révolue’ » (Die Welt), « Merkel : les USA ne sont plus un partenaire fiable » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt note dans ce contexte que « Merkel a besoin d’alliés » dans la perspective du G20 de Hambourg et compte sur le soutien des dirigeants indien et chinois.
- Allemagne
Critiques de Peer Steinbrück (SPD) envers Martin Schulz et la campagne électorale du SPD
Dans des entretiens publiés hier par Bild am Sonntag et la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, Peer Steinbrück, ancien ministre fédéral des finances et ex-candidat tête de liste du SPD, fait valoir ses critiques envers la manière dont le parti mène campagne pour les élections au Bundestag. Il déplore ainsi l’image de « pleurnichards » qui est, selon lui, celle des sociaux-démocrates, la focalisation trop étroite sur le thème de la justice sociale et, dans des remarques perçues comme visant directement Martin Schulz, explique le succès de personnalités politiques telles qu’Emmanuel Macron en France, Christian Lindner (FDP) en Allemagne ou Sebastian Kurz en Autriche, par la « lassitude » ou « l’ennui » qu’inspirent les « politiques conformistes qui s’expriment prudemment et veillent à ne heurter personne ».
Si les journaux se montrent unanimement sévères à l’égard de propos qu’ils jugent déplacés et inconvenants de la part d’un supposé ami politique, ils n’en soulignent pas moins que le SPD perd à nouveau un point dans les sondages, atteignant à présent 25% d’opinions favorables, selon la dernière enquête Emnid (CDU : 38%). Ce score n’est que de deux points supérieur à celui auquel plafonnait le parti juste avant que Sigmar Gabriel ne passe le relais à Martin Schulz, relève le Handelsblatt.
« Le SPD réclame une décision rapide sur Incirlik » (Süddeutsche Zeitung)
La Süddeutsche Zeitung rapporte que le gouvernement fédéral entend décider dans les deux semaines qui viennent du retrait ou non du contingent de l’armée allemande de la base d’Incirlik en Turquie. Selon l’Auswärtiges Amt, les discussions sont en cours avec la partie turque et une décision devrait intervenir d’ici mi-juin. Cependant, la pression augmente dans les rangs du SPD pour qu’une décision intervienne dès la semaine prochaine, ajoute le quotidien de Munich qui en veut pour preuve les propos de Niels Annen, porte-parole du groupe parlementaire SPD pour la politique étrangère, selon lequel « Mme Merkel est rentrée les mains vides du sommet de l’OTAN » et « on ne saurait tolérer que le gouvernement turc continue de la sorte ». « Soit la décision de retrait du contingent allemand d’Incirlik intervient cette semaine en conseil des ministres, soit c’est le Bundestag qui doit trancher », ajoute-t-il, le Handelsblatt interprétant de tels propos comme un « ultimatum » du SPD au ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel.
- International
Sommet du G7 / Donald Trump sous le feu des critiques allemandes
Le sommet du G7 à Taormina n’aura pas permis de sauver les apparences d’une convergence entre les Etats-Unis et ses alliés occidentaux, constate la presse en dressant un bilan très négatif de l’ensemble du premier déplacement du président Trump à l’étranger. Tous les quotidiens soulignent que pour la première fois depuis la mise en place de ce sommet informel, le G7 ne s’est pas conclu sur un communiqué consensuel, les partenaires de D. Trump tenant à marquer ouvertement leur désaccord avec la position américaine sur le climat. Les médias font grand cas de la déception exprimée à plusieurs reprises, et de manière appuyée, par Angela Merkel, laquelle a qualifié de « très insatisfaisantes » les discussions sur le climat avec le président américain, en insistant sur le rapport de force de « six à un » en faveur de l’accord de Paris. « L’époque où nous pouvions compter sur d’autres est révolue, nous Européens devons vraiment prendre en main notre propre destinée », a ajouté hier la chancelière dans le cadre d’un meeting électoral commun avec le président de la CSU, déclarations qui font les gros titres des journaux et sont abondamment commentées. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se fait l’écho des critiques de responsables politiques allemands de tous bords, y compris du coordinateur du gouvernement fédéral pour les relations transatlantiques, Jürgen Hardt (CDU), à l’égard de l’attitude de D. Trump lors du sommet du G7.
Les éditorialistes se montrent très préoccupés par les divisions apparues entre le président des Etats-Unis – dont ils fustigent à longueur de commentaires les manières grossières et l’inculture politique – et ses alliés. Sous le titre « on ne peut plus compter sur les Etats-Unis », la Frankfurter Allgemeine Zeitung déplore que D. Trump « ne comprenne pas que les Etats-Unis ont une responsabilité sur le plan international » et estime que les présidents américains défendaient eux aussi les intérêts de leur pays sans pour autant jouer les démolisseurs de l’ordre établi occidental. En des termes analogues, le Handelsblatt s’alarme de ce que D. Trump soit « sur le point de faire vaciller l’ordre établi des valeurs occidentales » en affichant sa « nette préférence pour les autocrates ». Pour la presse, la frustration des interlocuteurs du président américain ne doit toutefois pas déboucher sur un ostracisme visant les Etats-Unis, qu’elle considère toujours comme un partenaire essentiel pour l’Europe et l’Allemagne : « il n’y a pas d’alternative au dialogue (…), sans les Etats-Unis, voire contre eux, les problèmes du monde ne pourront trouver de solution », écrit ainsi la Süddeutsche Zeitung, « à l’avenir aussi, l’Amérique reste le partenaire le plus important des Européens en matière économique et de politique étrangère et de sécurité », insiste le tabloïd Bild.
Quelques journaux estiment que le cadre dans lequel Angela Merkel a « concédé une rupture dans les relations entre les Etats-Unis et l’Europe » (Tagesspiegel) n’est pas anodin et que ses déclarations ne sont pas dénuées d’arrière-pensées électorales face à un SPD ayant fait de D. Trump « son épouvantail ». Les photos de cette manifestation, la montrant attablée avec Horst Seehofer à un stand de fête bavarois, « évoquent la manière dont Gerhard Schröder avait envoyé à George Bush une fin de non-recevoir sur l’Irak au détour d’une place de marché de province », critique le tabloïd Bild à ce propos.
Les médias relèvent, enfin, la proximité affichée par la chancelière allemande et le président de la République lors du sommet de Taormina. « Plus le fossé s’élargit avec l’Amérique de Trump, plus les relations deviennent étroites entre l’Allemagne et la France », écrit Bild am Sonntag en notant qu’à l’issue des discussions houleuses sur la protection climatique, les dirigeants français et allemand et leurs conjoints s’étaient retirés pour un entretien confidentiel « dans un excellent climat ». « Le président français est un partenaire important pour la chancelière et les apartés se sont multipliés en marge de la réunion de l’Otan et du G7 », note la Süddeutsche Zeitung. De l’avis des journaux, tels Die Welt, le président de la République a réussi son entrée sur la scène internationale, non seulement en imposant son autorité à D. Trump dans une poignée de main largement commentée mais aussi par l’image de sérieux et de compétence renvoyée lors de ce sommet./.