Synthèse de la presse américaine du 6 Juin 2017

 Ambassade de France à Washington

Mardi 6 juin 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France/Europe

Attentats au Royaume-Uni

Le Wall Street Journal et le New York Times s’interrogent sur « les failles » du Royaume-Uni en matière de sécurité après qu’il a été dévoilé que l’un des auteurs des attentats de Londres était connu des services de police britanniques. Dans un éditorial, le Washington Post condamne pour sa part « le déshonneur » de Donald Trump qui semble « faire de son mieux pour mettre à mal les relations de l’Amérique avec l’un de ses plus anciens alliés », à la suite de ses réactions sur Twitter que le quotidien juge « irraisonnées et irresponsables ».

Présidence Macron

« La France a-t-elle trouvé son Ronald Reagan ? », s’interroge, dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, Walter Mead. Selon cet expert du Hudson Institute – un think tank conservateur –, le président Macron, bien que davantage centriste que conservateur, perçoit, à l’instar de l’ancien président américain, la nécessité de se positionner comme un « dirigeant qui suscite de l’espoir, réformateur et à même de transformer un pays », par opposition à leurs prédécesseurs – les présidents Carter et Hollande –, jugés moins charismatiques. De même, l’hebdomadaire The Nation publie un article exhaustif sur « la France qui va de l’avant » que souhaite incarner le président Macron.

  1. International

Golfe

Les médias (WP, NYT, WSJ) reviennent tous, en « une », sur la décision de cinq Etats du Moyen-Orient de rompre leurs relations diplomatiques avec le Qatar, soulignant qu’elle intervient seulement dix jours après le déplacement de Donald Trump dans la région. Si la presse suggère que le président américain aurait indirectement « enhardi » ces pays sunnites, le Wall Street Journal rappelle que les Etats-Unis ont cependant des intérêts très importants au Qatar où est implantée leur plus importante base militaire. « Cet isolement diplomatique est-il de nature à provoquer la prochaine grande guerre ? », s’interroge pour sa part Foreign Policy.

Syrie

Les médias (USA Today, ABC, TIME, NYT) se font tous l’écho du début de l’offensive des troupes arabes et kurdes soutenues par les Etats-Unis visant à reprendre Raqqa des mains de Daech.

Israël

A l’occasion du 50ème anniversaire de la guerre des six jours, le New York Times indique que les Israéliens demeurent « divisés » sur leur victoire « stupéfiante » qui a aussi fait de leurs ancêtres « des occupants ». « Malgré le pouvoir croissant de la droite israélienne, cet événement marquant ne fait pas l’objet d’une effusion nationale », ajoute le quotidien.

Politique étrangère américaine

« Sur la scène internationale, Donald Trump est un ‘disrupteur en chef’ », analyse le chroniqueur du Wall Street Journal Gerald Seib selon lequel, malgré une doctrine difficilement identifiable, quatre éléments sous-tendent, à ce stade, la politique étrangère de Donald Trump : (i) la promotion des intérêts économiques américains, une priorité sur « tout le reste » ; (ii) la défense d’intérêts communs qui doivent prévaloir sur les valeurs communes ; (iii) le refus d’accepter, par principe, la continuité dans la conduite des affaires étrangères ; (iv) la conviction qu’il pourra parvenir à de meilleurs accords que ses prédécesseurs. Le président du Council on Foreign Relations Richard Haas ajoute que le président américain perçoit le monde comme « un coût » pour les Etats-Unis davantage que comme « un bénéfice », de telle sorte qu’il est enclin à privilégier l’isolement.

III. Politique intérieure          

Donald Trump et Twitter

            Tous les médias (WP, NYT) fustigent l’utilisation que fait Donald Trump de Twitter, qui conduit le chroniqueur du Washington Post Eugene Robinson à s’interroger sur « la stabilité émotionnelle » du président américain alors que les commentaires du président américain sur le réseau social l’isolent aux Etats-Unis et sur la scène internationale, relève Dana Milibank dans le même journal, et sont de nature à faire obstacle à la mise en place de son projet de décret sur l’immigration (WSJ).

Administration Trump

Le chroniqueur du New York Times David Leonhardt s’alarme, dans une longue tribune du journal, de la « présidence anarchique » de Donald Trump qui rejette la notion d’Etat de droit et « flirte avec celle de Louis XIV : l’Etat, c’est moi ». Cinq éléments conduisent l’observateur à livrer cette analyse : (i) Donald Trump politise le rôle des forces de l’ordre et des effectifs de la justice ; (ii) il porte atteinte au système judiciaire en vilipendant ses décisions ; (iii) il place ses intérêts au-dessus de la loi par le biais de multiples conflits d’intérêts potentiels ; (iv) il ne traite pas les citoyens de manière égale, ciblant par exemple les Hispaniques et les Afro-américains en matière de criminalité ; (v) et il tente de s’arroger le monopole de la vérité en s’attaquant quotidiennement aux médias. Dans un éditorial, le New York Times s’étonne, en particulier, du contraste entre le positionnement de Donald Trump durant la campagne – lequel s’était présenté comme le candidat « de l’ordre et de la loi » – et sa gouvernance, notant que la moitié des 93 procureurs fédéraux des Etats-Unis ont été limogés.

A l’inverse, le Washington Post souligne la mesure, le sens du travail en équipe, les orientations idéologiques du secrétaire à la Défense James Mattis qui sont en parfaite opposition avec la personnalité et les orientations de Donald Trump. Le secrétaire d’Etat Rex Tillerson s’est quant à lui rapproché du président américain mais délaisse ses liens avec ses propres équipes au département d’Etat, indique Politico qui souligne le rôle majeur que joue sa directrice de cabinet, Margaret Peterlin, dans la gestion du département. A ce sujet, le New York Times évoque « la frustration » des diplomates américains dont certains expriment publiquement leur désaccord avec la politique de la nouvelle administration tandis que d’autres démissionnent, à l’instar du numéro 2 de l’ambassade des Etats-Unis à pékin, David Rank, à la suite de l’annonce de la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris, précise le Washington Post.

Climat

Selon un sondage réalisé par le Washington Post et ABC, 59% des Américains sont opposés à la sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris –  un taux qui atteint 82% chez les électeurs démocrates et 63% parmi les indépendants contre seulement 25% pour les républicains.

Santé

En « une », le New York Times s’alarme du triste record atteint par les Etats-Unis en 2016, année au cours de laquelle le nombre de décès résultant d’overdoses de médicaments a atteint le chiffre inégalé de 59 000 – soit une augmentation de 19% par rapport à l’année 2015 – selon une compilation préliminaire de données réalisée par le quotidien. Dans ce contexte, l’équipe éditoriale du Washington Post salue la décision de l’Etat de l’Ohio – où la hausse de ces décès a augmenté de 25% entre 2015 et 2016 – de poursuivre les laboratoires pharmaceutiques afin que soit apportée une réponse judiciaire au rôle qu’ils ont joué dans la propagation d’une « épidémie d’addictions aux opioïdes ».