Think Tank Hebdo du 1 au 7 juin 2017

 

Think Tank Hebdo

Newsletter hebdomadaire des travaux des Think Tanks aux Etats-Unis

Du 1 au 7 juin 2017
 

A LA UNE

 

Politique étrangère américaine

Les thinks-tanks s’interrogent sur la nouvelle politique étrangère que l’administration américaine commence à définir. Après la visite du président Trump au Moyen-Orient et en Europe, les sommets de l’OTAN et du G7 et plus récemment la décision de se retirer de l’Accord de Paris, plusieurs experts ont exprimé leur vision sur le futur du leadership américain (Carnegie). La Directrice de la Carnegie au Moyen-Orient, Maha Yahya, estime que, pour Donald Trump, le leadership américain est vu comme un « fardeau » et non une opportunité. Selon elle, ces prises de position mettent à mal la stature des Etats-Unis et transforment le pays en une force « imprévisible et instable » aux yeux des autres nations. Le Directeur de la Carnegie à Moscou, Dmitri Trenin, nuance cette opinion en estimant que les Etats-Unis demeurent le leader mondial dans de nombreux domaines, une tendance qui n’est pas prête de s’inverser du fait de « l’absence de volonté » de la part des autres dirigeants occidentaux de se mettre sur le devant de la scène internationale.

La tribune publiée par H.R. McMaster et Gary Cohn dans le Wall Street Journal a particulièrement inquiété certains chercheurs de la Brookings. Constanze Stelzenmüller et Tamara Cofman Wittes rapportent les deux éléments principaux de la nouvelle « doctrine Trump » en matière de relations internationales : (i) des alliances vues comme de « simples communautés d’intérêts temporaires » et (ii) un monde composé de nations « en perpétuelle compétition ».  C. Stelzenmüller estime que cette vision du monde « à somme nulle » proposée par l’administration « rompt de manière décisive » avec la continuité de la politique étrangère américaine depuis 1945. Selon T. Cofman Wittes, en essayant de créer une politique cohérente à partir des « impulsions » de Donald Trump, ses conseillers ont décuplé l’impact de « l’incompétence » de leur président. Les auteurs s’inquiètent des conséquences d’une telle doctrine sur les relations avec le reste du monde et notamment l’Europe qui a réalisé, par le biais d’Angela Merkel, une « déclaration d’émancipation ».

 

Europe

Max Bergmann (Center for American Progress) dresse le portrait d’une Europe en danger face à la menace « claire et réelle » de la Russie. Selon lui, la sécurité européenne ne peut être assurée par l’actuelle politique de défense des Etats qui doivent prendre immédiatement les mesures nécessaires pour pouvoir se protéger efficacement si le soutien américain venait à leur faire défaut. Andrew Michta (Carnegie) souligne également l’incapacité pour l’Europe de répondre par elle-même à ses besoins sécuritaires face aux attaques terroristes et aux pressions russes, mettant en lumière « l’opportunité » pour l’OTAN de se réformer.

 

Afghanistan

Alors que le président Trump doit prendre une décision sur le déploiement de troupes et de fonds supplémentaires à la mission américaine en Afghanistan, Anthony Cordesman (CSIS) note le manque de « débat » sur la stratégie des Etats-Unis dans le pays. Il retrace les difficultés auxquelles sont confrontées les institutions politiques et militaires et appelle à l’adoption d’une politique plus efficace priorisant la « qualité » sur la quantité de forces américaines. Adam Weinstein (Atlantic Council) partage ces conclusions tout en soulignant l’importance de considérer le conflit afghan comme un conflit régional que seule une « diplomatie inclusive » serait à même de résoudre.

 

Qatar

Les think-tanks (Atlantic Council, Middle East Institute, Hudson Institute) suivent les développements de la crise entre les pays du Conseil de Coopération des Etats arabes du Golfe. Pour H.A. Hellyer (Atlantic Council), le Qatar, isolé diplomatiquement, ne dispose que d’une « faible marge de manœuvre » face à ses voisins qui cherchent, par ces mesures, à « reconfigurer » la région et « consolider » le pouvoir saoudien. Selon Walter Russell Mead (Hudson Institute), l’embargo sur le Qatar en plus de permettre la mise en œuvre d’un « front anti-Iran », pourrait délégitimer le Hamas afin d’unir les Palestiniens derrière le Fatah, entité dépendante des Etats du Golfe.

 

Guerre des Six Jours

A l’occasion des 50 ans de la Guerre des Six Jours, différents think-tanks (Brookings, Wilson Center, Council on Foreign Relations) reviennent sur les conséquences de ce conflit historique qui a façonné le Moyen-Orient.

 

 

LE FOCUS DE LA SEMAINE

 

A la suite de l’annonce de Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, les principaux think-tanks américains (Brookings, American Enterprise Institute, CSIS, Center for American Progress, Heritage, CATO, Wilson Center, Council on Foreign Relations, RAND) sont revenus sur cette décision.

La décision de Donald Trump a été fustigée dans un article de la Brookings où plusieurs auteurs l’ont accusé de « se tirer une balle dans le pied », de commettre une « énorme erreur de politique étrangère » et « erreur de jugement tragique et imprudente », « allant à l’encontre des intérêts économiques et géopolitiques américains ».  La RAND Corporation souligne les risques auxquels s’exposent les Etats-Unis par une telle décision en termes de leadership mondial, de diplomatie et d’environnement. Selon les auteurs, il y a de grandes chances pour que les emplois américains soient menacés et que l’influence et l’économie américaines soient affaiblies.  Stewart Patrick (Council on Foreign Relations) estime que cette décision « met en danger » la sécurité et la prospérité des Etats-Unis tout en « détruisant » ce qu’il restait de la crédibilité américaine.

A cette occasion, Vinod Thomas (Brookings) rapporte, dans son article, The Climate Crisis, une analyse chiffrée des conséquences du réchauffement climatique, mettant en lumière la nécessité de politiques globales pour répondre à ces nouveaux défis. Christina Golubski souligne l’engagement du continent africain dans la lutte contre le changement climatique, qui « a pris la tête » des efforts du fait notamment de sa grande vulnérabilité.

Les think-tanks conservateurs applaudissent quant à eux le retrait de l’Accord de Paris. Marc Thiessen (AEI) fait un parallèle entre « l’hystérie » suscitée par la décision, pourtant « sans surprise », de Donald Trump et les réactions tout aussi négatives qu’avait provoqué celle du président George W. Bush de se retirer du protocole de Kyoto. Selon le chercheur, les Etats-Unis ont réduit leurs émissions beaucoup plus rapidement que l’Europe sans mettre à mal l’économie américaine grâce à « la libre-entreprise, la technologie et l’innovation » et non grâce à des « morceaux de parchemins ».

Heritage salue la décision du président américain par le biais de son président Edwin Feulner et souligne la contribution du think-tank dans la prise de position de Donald Trump. En effet, les travaux de recherche sur le climat de Heritage ont déjà été cités par l’administration Trump pour ce qui est des effets néfastes de l’Accord de Paris sur l’économie américaine.

 

 

Réalisation : Joanna Bosse-Platière / Service de presse et communication – Ambassade de France à Washington
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