Synthèse de la presse quotidienne
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
8 juin 2017
- Le témoignage de l’ancien directeur du FBI devant le sénat américain fait les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung(« Trump voulait la fin de l’enquête contre Flynn ») et de la Süddeutsche Zeitung (« l’ex-patron du FBI Comey charge Trump »). Die Welt met à sa Une les attaques terroristes en Iran (« l’Etat islamique célèbre le double attentat de Téhéran »), ainsi que leTagesspiegel (« terrorisme à Téhéran – le Moyen-Orient dans la tourmente »). Le quotidien des affaires Handelsblatt titre sur la censure par la cour de Karlsruhe d’un impôt sur le combustible nucléaire que contestaient les énergéticiens EON et RWE (« victoire tardive pour les groupes nucléaires »).
- Allemagne
« L’Etat fédéral va devoir rembourser des milliards aux opérateurs de centrales nucléaires » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
L’ensemble de la presse commente l’arrêt rendu hier par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe qui ouvre la voie à plus de 6 milliards d’euros de dédommagements pour les énergéticiens allemands. La Cour a en effet jugé contraire à la constitution la taxe sur le combustible nucléaire. Cette taxe avait été introduite en 2010 dans le cadre de l’accord de coalition de l’époque comme une contrepartie à l’autorisation de prolonger la durée d’activité des centrales nucléaires. Cette mesure, rappellent les journaux, n’avait pas été supprimée malgré la décision de sortie rapide du nucléaire intervenue quelques mois plus tard, après la catastrophe de Fukushima. La Cour conteste notamment l’appellation de « taxe à la consommation » que le gouvernement avait attribué à l’impôt.
Estimant qu’il s’agit d’une « claque sévère » (Handelsblatt) infligée à l’Etat fédéral, la presse conservatrice se réjouit du « signal plus que nécessaire » (FAZ) « réconfortant pour les citoyens et les entreprises » (Handelsblatt) envoyé par Karlsruhe et qui signifie que L’Etat fédéral et les Länder ne peuvent prétendre à un droit de taxation discrétionnaire. De l’avis du quotidien économique, c’est un juste retour des choses à la suite de la décision du législateur de passer outre le cadre constitutionnel à des fins purement politiques. Voyant dans l’arrêt rendu la « sanction pour une mauvaise politique », le Tagesspiegel se félicite lui aussi des limites fixées par Karlsruhe aux « brigands » parmi les responsables politiques en charge des finances qui se voient à présent sanctionnés pour la mise en œuvre « dilettante » du tournant énergétique allemand. De l’avis du quotidien, cette décision de justice jette aussi le discrédit sur la coalition conservatrice libérale de l’époque qui se voit a posteriori désavouée. Les quotidiens de gauche désapprouvent pour leur part une décision qui s’apparente à une « récompense non méritée » pour des énergéticiens « eux-mêmes coupables d’erreurs stratégiques en ce qui concerne l’avenir de leur secteur en Allemagne » (Berliner Zeitung) et s’inquiètent des lourdes conséquences financières pour le contribuable (tageszeitung). La Süddeutsche Zeitung qui se fait l’avocat des droits du législateur en matière de fiscalité s’étonne de la manière dont Karlsruhe « vient mettre des bâtons dans les roues de l’exécutif ».
Le SPD dévoile son projet sur l’avenir des retraites
« L’âge légal de départ à la retraite resterait inchangé à 67 ans, le niveau des retraites stabilisé à 48% du salaire moyen perçu et celui des cotisations à 22% d’ici à 2030 », résume Bild qui souligne également que pour les salaires les plus faibles, le projet du SPD envisage un niveau de retraite d’au moins 10% supérieur au montant du revenu allemand de solidarité (Hartz IV). « Des exigences qui sonnent bien, mais dont le financement au-delà de 2030 reste une interrogation », commente le tabloïd. « Le fait que ces calculs s’arrêtent en 2030, à savoir au moment où le régime général des retraites va aborder sa phase la plus difficile, montre bien que le SPD n’a qu’une confiance limitée dans le financement de ses promesses », observe également la FAZ. Dans son ensemble, la presse réserve toutefois un accueil assez positif au projet du SPD. La Süddeutsche Zeitung loue un concept « mesuré » et « calculé au plus juste ». La tageszeitung juge que le projet « destiné à renforcer la confiance dans le système public » « va dans le bon sens ». Le Handelsblatt et le Tagesspiegel sont reconnaissants au SPD « d’oser » aborder ce dossier et soulignent que les sociaux-démocrates viennent de prendre une sérieuse avance sur la CDU dont les propositions tardent à venir.
- International
« Terrorisme à Téhéran – le Moyen-Orient dans la tourmente » (Tagesspiegel)
Les premières attaques terroristes revendiquées par Daech sur le sol iranien alarment d’autant plus la presse qu’elles interviennent sur fond de tensions croissantes dans le Golfe, « où l’heure des diplomates et médiateurs a sonné » (Süddeutsche Zeitung) pour tenter d’apaiser la crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar. Le ministre allemand des Affaires étrangères, qui recevait hier son homologue saoudien, a mis en garde contre une escalade du conflit dans la région du Golfe, rapporte la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Sigmar Gabriel (SPD), qui avait réagi vivement hier à la mise au ban du Qatar par l’Arabie saoudite et les pays riverains, a évoqué sans les nommer les accusations portées contre des fondations saoudiennes de financer aussi des organisations terroristes, soulignant que l’Allemagne tenait particulièrement à ce qu’aucun pays de la coalition contre Daech ne participe au financement du terrorisme, relève la FAZ. Le chef de la diplomatie allemande a par ailleurs marqué que l’Allemagne et l’Europe avaient une position différente de celle des Etats-Unis vis-à-vis de l’Iran, rejetant une politique « uniquement basée sur la confrontation » pour plaider en faveur de négociations. Tous les quotidiens soulignent l’extrême complexité des rivalités et des lignes de conflits au sein des pays du Golfe, à l’instar de la FAZ, qui note que « d’un côté, l’Iran finance des groupes terroristes, de l’autre, il joue aussi un rôle non négligeable dans la lutte contre Daech et a notablement contribué à son recul. L’exacerbation du conflit entre Riyad et Téhéran menace les succès obtenus en la matière ». Les quotidiens ne cachent pas leur profonde inquiétude : « la situation dans le Golfe est fortement explosive, pour la région et pour le monde entier », estime le tabloïd Bild qui s’interroge « devons-nous craindre une nouvelle guerre du Golfe ? ».
Les grands éditorialistes condamnent à nouveau, dans ce contexte, le rôle joué par Donald Trump dans l’exacerbation de la situation dans le Golfe : Die Welt déplore une « double crise, l’une presque incontrôlable qui traverse l’ensemble du monde arabe, l’autre étant le résultat de l’inconscience, de l’incompétence et du manque de leadership à Washington ». « Qui peut stopper cette folie ? En temps normal, ce serait le moment où les Etats-Unis interviendraient dans le rôle du gendarme du monde ! Reste à espérer que Donald Trump le comprenne », commente Bild./.