Ecole : les méthodes d’enseignement pointées du doigt

Le nombre d’heures de français ou de mathématiques est bien plus important en France qu’ailleurs.

C’est une étude qui tombe à point nommé pour le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Le réseau Eurydice, créé par la Commission européenne pour diffuser des informations sur les systèmes éducatifs, vient de publier des données qui montrent que la France est championne des fondamentaux. Comme l’avait déjà souligné l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France fait partie des pays qui donnent le plus d’heures de français, de mathématiques ou de sciences à ses élèves.

Parmi les 42 systèmes éducatifs scrutés par Eurydice, la France est le pays qui offre le plus d’heures de français à l’école primaire (1.656), alors que la moyenne européenne est à 953 heures. En mathématiques, la France dispense 900 heures aux élèves à l’école primaire. Elle est, avec le Danemark et le Portugal, en tête des pays qui fournissent le plus gros volume d’heures dans cette matière, là où la moyenne européenne est de 670. En sciences, là encore, la France propose 306 heures au primaire contre une moyenne européenne à 284 heures. Et pourtant… Les élèves français sont les cancres de la classe européenne en mathématiques et en sciences, si l’on se réfère à l’étude internationale TIMMS, publiée en novembre 2016. Une autre étude, publiée début novembre, avait souligné les faibles résultats en orthographe des élèves français. Le nombre d’heures d’enseignement, souvent brandi par les politiques, ne donne pas de réponse pertinente.

Manque d’autonomie

A la question de savoir pourquoi certains élèves ne sortent pas de CP sans avoir les fondamentaux pour lire, écrire, compter, Jean-Michel Blanquer répondait le mois dernier : « C’est mon métier de savoir comment s’y prendre. C’est la formation des enseignants, et notamment la formation continue, la documentation pédagogique, s’attacher à faire ce qui marche. » C’est sur ce point que le ministre de l’Education compte pour faire bouger les lignes, quitte à secouer le sacro-saint principe de liberté pédagogique. « Nous savons qu’il y a des méthodes qui fonctionnent, d’autres qui ne fonctionnent pas », disait-il encore. Le ministère de l’Education vient d’ailleurs d’annoncer que les professeurs destinés à enseigner dans les CP dédoublés de l’éducation prioritaire à la rentrée prochaine bénéficieraient d’une « formation adaptée à ce nouveau contexte d’enseignement ». « L’enjeu majeur, c’est la qualité de la pédagogie déployée dans ces classes », ajoute le ministère.

L’étude Eurydice insiste sur une autre spécificité du système français : le nombre d’années de scolarisation obligatoire y est moindre que dans d’autres pays. Les années d’école sont donc plus chargées en France qu’ailleurs, d’autant que le volume d’heures de cours y est plus important. Sur ce point, Jean-Michel Blanquer n’a pas caché son intention de sensibiliser plus tôt les élèves à la lecture, dès la grande section de maternelle. L’étude pointe aussi le manque d’autonomie du système français. Une autonomie qui est aussi celle que veut promouvoir le ministre de l’Education pour le second degré.

Marie-Christine Corbier, Les Echos

Les Echos 16/06/2017