Synthèse de la presse quotidienne
26 juin 2017
Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
- La charge de Martin Schulz contre Angela Merkel lors du mini-congrès du SPD hier fait les gros titres de la presse : « Schulz reproche à Merkel d’attenter à la démocratie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Welt) ; « Schulz s’attaque vivement à Merkel » (Süddeutsche Zeitung) ; « Schulz attaque Merkel » (Der Tagesspiegel). Le quotidien des affaires Handelsblatt publie pour sa part une interview de Wolfgang Schäuble, dans laquelle le ministre fédéral des Finances CDU critique les propositions du SPD en matière de finances publiques, jugeant que le projet des sociaux-démocrates en matière de retraites relève « de l’obscurantisme à l’égard des électeurs ».
- Allemagne
Congrès du SPD : Schulz s’attaque vivement à Merkel » (Süddeutsche Zeitung)
La presse rapporte que les 535 délégués du SPD réunis hier en congrès à Dortmund ont à l’unanimité approuvé le programme de gouvernement du parti en cas de victoire aux élections du 24 septembre. La Süddeutsche Zeitung relève que dans un discours qui a duré 80 minutes, le président du parti et candidat tête de liste Martin Schulz a indiqué qu’il refuserait de signer un contrat de coalition avec un parti n’acceptant pas qu’y figure le mariage pour tous et qu’il s’est également opposé à l’objectif défini à l’OTAN de consacrer 2% de la richesse nationale à l’effort de défense.
Dans leurs commentaires, les journaux critiquent la virulence avec laquelle Martin Schulz a reproché à la chancelière d’« attenter à la démocratie » en poursuivant comme en 2009 et 2013 une stratégie de « démobilisation asymétrique » qui consiste à éloigner les électeurs des urnes en se contentant de déclarations aussi peu concrètes que possibles. Les quotidiens jugent le propos « excessif », « déplacé » (Berliner Zeitung) et indigne des échanges entre partis démocratiques (Die Welt). « Le fait d’éviter tout débat sur le fond n’est pas pour autant une preuve de mépris de la démocratie », objecte le Tagesspiegel. « Une atteinte à la démocratie c’est ce que Trump fait aux Etats-Unis ou Erdogan en Turquie, mais pas la berceuse entonnée par la CDU/CSU », juge la tageszeitung. De l’avis du tabloïd Bild, cet excès de langage reflète en réalité la fébrilité à laquelle est en proie le SPD. De fait, les journaux s’accordent à considérer que dans un discours de bonne facture sociale-démocrate (Die Welt), M. Schulz s’est montré combatif, mais estiment que ceci ne suffira pas pour vaincre les conservateurs. Selon le dernier sondage Emnid, l’écart s’est encore creusé d’un point entre la CDU/CSU créditée de 39% des intentions de vote et le SPD qui recueille 24% d’opinions favorables, souligne Bild qui qualifie Martin Schulz de « Don Quischulz ». « La plus grande difficulté du SPD dans cette campagne c’est qu’il n’existe pas de réelle volonté de changement en Allemagne, ce qui facilite la tâche de la CDU/CSU et ne l’incite pas à faire des propositions », fait valoir la FAZ. « Tous les quatre ans, le SPD se met en quête de la rayure dans le revêtement téflon de la chancelière », observe la tageszeitung pour qui la mise en scène du congrès de Dortmund avait « des airs de déjà-vu » « L’unique et dernière chance qui reste pour le SPD consiste à parvenir à mobiliser les 60% d’électeurs qui se déclarent indécis », conclut le Handelsblatt.
Reconduites vers l’Afghanistan
Sur la base d’informations de l’hebdomadaire Der Spiegel, plusieurs quotidiens notent qu’un vol charter prévu en milieu de semaine a été repoussé au motif que l’ambassade d’Allemagne à Kaboul, visée par un attentat le 31 mai dernier, n’est pas encore en mesure de reprendre pleinement ses activités. Les journaux relèvent également que les adversaires des reconduites vers l’Afghanistan dans les rangs du SPD se sont imposés lors de leur congrès d’hier, contraignant le parti à se positionner contre les reconduites. « Ceci pourrait mener à des dissensions internes compte tenu du fait que le ministre des affaires étrangères Sigmar Gabriel (SPD) avait récemment mis en garde contre une telle position », relève la Süddeutsche Zeitung. « Martin Schulz a toutefois précisé plus tard que l’opposition du SPD ne concernait pas les délinquants et individus potentiellement dangereux », précise la FAZ. Dans son commentaire de une, le Tagesspiegel appelait samedi le ministère allemand des affaires étrangères à réévaluer la situation sur le terrain, estimant que les attaques survenues dernièrement sont le révélateur d’une « détérioration de la situation ».
- Europe
« Merkel et Macron forment une nouvelle alliance » (Tagesspiegel)
La conférence de presse conjointe donnée par le président de la République et la chancelière fédérale à l’issue du Conseil européen a suscité une large couverture dans la presse de samedi, laquelle se réjouit du retour du couple franco-allemand sur le devant de la scène européenne. La Frankfurter Allgemeine Zeitung se félicite de ce qu’Emmanuel Macron, « Européen convaincu », « redonne confiance en elle à l’UE et appuie tout de suite sur la pédale d’accélérateur ». « La formule Merkron marche, la nouvelle embellie des relations franco-allemandes dissipe l’ambiance déprimante qui régnait ces derniers temps au Conseil européen », abonde la Süddeutsche Zeitung. Pour les Badische Neueste Nachrichten, l’embellie est encore plutôt une question d’atmosphère, « mais l’élan du jeune et charismatique Macron couplé au savoir-faire de Merkel dans la gestion de l’UE laissent penser que le moteur franco-allemand pourrait bientôt accoucher de projets de réforme concrets pour l’UE ». « Merkel et Macron font démonstration d’unité, car seule cette alliance entre la France et l’Allemagne peuvent renforcer l’Europe », souligne la Berliner Zeitung. Les médias relèvent toutefois que les divergences au sein de l’UE (accueil des réfugiés, libre-échange) n’ont pas été occultés pour autant par les 27, la FAZ notant que le plaidoyer du chef de l’Etat en faveur d’un renforcement du contrôle des investissements chinois en Europe n’a pas convaincu ses homologues. Pour le quotidien de Francfort, le président de la République « a dominé son premier Conseil européen, séduisant par un mélange d’éloquence et de compétence qu’on n’avait pas vu à Paris de longue date », mais la bonne entente franco-allemande reste à ce stade du domaine du symbole : « tandis que Macron répétait sa formule d’une Europe qui protège, Merkel mettait en garde contre le protectionnisme. Et les deux dirigeants sont restés le plus vague possible s’agissant de la réforme de la zone euro. Sur le fond, il reste de considérables divergences entre Berlin et Paris », conclut la FAZ.
Zone euro / interview de Wolfgang Schäuble dans le Handelsblatt
Dans un entretien à tonalité électoraliste démontant les propositions du SPD en matière fiscale, le ministre allemand des Finances est également interrogé sur les réformes européennes voulues par Emmanuel Macron. Pour Wolfgang Schäuble (CDU), les idées d’un budget et d’un ministre des finances de la zone euro ne sont pas une « concession » que l’Allemagne devrait faire à la France comme le suggère le journal, au contraire, « j’ai déjà moi-même avancé la plupart de ces idées il y a déjà des années », note-t-il. « Nous ne devons pas nous faire d’illusions, faire évoluer la zone euro va demeurer une tâche difficile », déclare W. Schäuble pour qui « un ministre des finances de la zone euro a besoin de prérogatives répondant à ce titre, sinon on crée une illusion européenne menant, à la fin, à une nouvelle désillusion ». Même si l’Allemagne est, sur le principe, disposée à faire évoluer les traités européens en la matière, le réalisme impose de chercher entre-temps des accords intergouvernementaux, fait valoir le ministre allemand des finances./.