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Synthèse de la presse quotidienne
28 juin 2017
- Le vote prévu vendredi du mariage pour tous par le Bundestag, après la levée inattendue de l’opposition de principe de la chancelière avant-hier fait les gros titres de la presse : « le Bundestag va voter vendredi sur le mariage pour tous » (Frankfurter Allgemeine Zeitung), « le mariage pour tous arrive » (Süddeutsche Zeitung), « le mariage pour tous arrive – dès cette semaine » (Der Tagesspiegel). Die Welt met en avant un rapport d’Eurostat montrant que « l’Allemagne est la première destination du nouveau mouvement migratoire ». Le quotidien des affaires Handelsblatt consacre sa Une à l’amende record infligée par la Commission européenne à Google pour abus de position dominante : « attaque contre les géants ».
- Allemagne
« Le mariage pour tous arrive – dès cette semaine » (Tagesspiegel)
L’ensemble de la presse fait état du revirement inattendu de la chancelière sur la question du mariage pour tous qui devrait conduire à un vote du Bundestag ce vendredi. Interrogée lundi soir sur le mariage homosexuel lors d’une table ronde organisée par le magazine féminin Brigitte, la chancelière s’était montrée ouverte sur la question du mariage pour tous en indiquant préconiser sur cette question davantage une décision de chacun selon sa conscience que la discipline de parti. Par la voix de son président et candidat tête de liste Martin Schulz, le SPD a aussitôt saisi la balle au bond hier en déclarant faire en sorte que cette décision de conscience soit prise dès cette semaine. La presse fait état des critiques qui se sont élevées dans le camp conservateur face au « forcing » du SPD que Volker Kauder, président du groupe parlementaire CDU/CSU a qualifié d’« abus de confiance ». Selon le Tagesspiegel, les instances dirigeantes de la CDU et de la CSU n’envisageaient pas de légiférer sur la question avant les élections de septembre. « La majorité en faveur du texte de loi est acquise car le SPD, les Verts et Die Linke réunis disposent d’une majorité et aussi parce qu’une partie de la CDU/CSU est favorable au projet », note la Süddeutsche Zeitung. Le Tagesspiegel ajoute que dans les rangs conservateurs on évalue aux deux-tiers la proportion de députés susceptibles de voter contre le projet, ne serait-ce que pour protester contre la manière dont le sujet a été imposé.
Sur le fond, les nombreux commentaires reflètent la ligne de partage entre une presse conservatrice viscéralement hostile à la remise en cause de la conception traditionnelle du mariage (« un homme, une femme », fait valoir la FAZ) et une presse de gauche progressiste pour laquelle il était « plus que temps » que la CDU/CSU évolue sur cette question depuis si longtemps en débat. « Bienvenue dans la modernité, Mme Merkel », se réjouit ainsi le Tagesspiegel. « La CDU/CSU est sur le point d’abandonner sa vision hétéro-normative du mariage et d’adopter les standards occidentaux en vigueur depuis un certain temps dans des pays comme l’Espagne, l’Irlande, la Grande-Bretagne, la Scandinavie ou la France », se félicite également la tageszeitung. Sur la forme, les avis divergent. Alors que certains quotidiens concluent à un « habile coup » du SPD (FAZ, Handelsblatt) qui contraint la CDU/CSU à se positionner, pour d’autres, le SPD n’est parvenu qu’à appliquer un « pistolet à eau sur la tempe des conservateurs » (tageszeitung) sachant que la grande force de Mme Merkel est de faire sienne juste à temps la position de son partenaire de coalition dans le but d’éviter tout débat. Les journaux conservateurs Bild et Die Welt s’insurgent contre la manière « indigne » dont la chancelière vient de balayer, à leurs yeux, d’un revers de main l’institution du mariage jusqu’ici si âprement défendue par son camp. Une démarche que le tabloïd juge « peu crédible », de la part de Mme Merkel qui du jour au lendemain en appelle à la conscience des parlementaires. En réalité, il s’agit plutôt de « tourner le dos à une position conservatrice qui fait débat » et d’« éliminer de la campagne électorale un sujet de discorde entre sociaux-démocrates et conservateurs », fait valoir le journal. La Süddeutsche Zeitung partage également cet avis en soulignant qu’avec toute la sobriété qui la caractérise, « Mme Merkel vient de sacrifier une position fondamentale des conservateurs dans le seul but de libérer de tout obstacle le chemin qui doit la conduire à sa réélection ».
- Europe
Amende record pour Google
Dans son ensemble, la presse estime que la condamnation, par la Commission européenne, de Google à une amende de 2,42 milliards d’euros pour abus de position dominante intervient bien tard, neuf ans après le début des infractions contre le droit européen de la concurrence et près de sept ans après l’ouverture d’une procédure par Bruxelles. « Il était probablement nécessaire que la Commission enquête de manière aussi minutieuse pour s’armer contre le recours que ne manquera pas de déposer Google », reconnaît la Frankfurter Allgemeine Zeitung, « mais entre-temps, le marché des comparateurs de prix sur internet s’est développé à une vitesse vertigineuse, et cette évolution ne peut pas être stoppée, même par une autorité de la concurrence ». « L’amende record ne changera rien à la position dominante du moteur de recherche sur internet, ces accusations à l’encontre de Google ne sont pas nouvelles, elles sont graves, et pourtant ni cette critique ni les accusations d’évasion fiscale n’ont modifié les usages des internautes », constate, fataliste, la Berliner Zeitung. Le Tagesspiegel est sceptique devant les postures inflexibles, voire martiales, de la commissaire à la concurrence, estimant qu’elle donne certes un visage à l’Europe des consommateurs, mais que ceux-ci « auraient plus à gagner si l’UE ne mettait pas des années à constater que Google ou Apple abusent de leur position dominante ». « Cela donne l’impression que l’UE a attendu à dessein pour faire engraisser le cochon avant de l’achever », écrit le Tagesspiegel. Sur le fond, les quotidiens ne remettent pas en cause le bien-fondé de cette amende, estimant, comme Die Welt, qu’il convient de laisser davantage de place à la concurrence numérique, faute de quoi ce serait l’innovation qui en pâtirait./.