Synthèse de la presse américaine du 11 Juillet 2017

Ambassade de France à Washington

Mardi 11 juillet 2017

Réalisation : Tristan-Aurel Mouline

Validation : Emmanuelle Lachaussée

  1. France

Présidence Macron

Rassurée par le discours du président Macron au Congrès, l’équipe éditoriale de Bloomberg l’appelle à transformer l’essai en faisant de la réforme structurelle de l’économie sa « priorité première ». « La révolution Macron doit être celle de la croissance », titre le média. Dans une tribune publiée sur le site d’information de la chaîne, la journaliste Megan McArdle évoque pour sa part « le côté obscur » du projet de réforme politique qu’a annoncé Emmanuel Macron. Selon elle, ajouter une dose de proportionnelle est de nature à accroître l’instabilité politique ; quant à la réduction du nombre de parlementaires, elle faciliterait la mainmise du gouvernement et affaiblirait donc le parlement.

Vox se fait l’écho de la tempête sur les réseaux sociaux provoquée par la réponse d’Emmanuel Macron à une question d’un journaliste ivoirien en marge du sommet du G20, le président français ayant fait référence aux problèmes « civilisationnels » de l’Afrique et aux « sept ou huit enfants » des Africaines.

« L’Etat d’urgence deviendra-t-il permanent ? », s’inquiète The Atlantic dans un long article consacré au projet de loi de lutte contre le terrorisme « susceptible de poser une menace pour les libertés ».

  1. International

Irak / Syrie

« L’Irak, un pays multiconfessionnel créé des cendres de la première guerre mondiale, peut-il rester uni ? », s’interroge le New York Times en « une », craignant notamment que les milices chiites ayant combattu Daech ne s’affrontent désormais dans le cadre d’une lutte de pouvoir et redoutant qu’elles ne se vengent contre les communautés sunnites. Plus largement, « quel peut être l’avenir du Moyen-Orient ? », s’interrogent plusieurs éditorialistes dans une longue analyse publiée par Foreign Policy, lesquels estiment que les Etats-Unis ne peuvent pas réduire leur présence dans la région alors que Daech pourrait subsister et qu’une « renaissance djihadiste » est à craindre en Syrie. Par ailleurs, le directeur du Center for Civilians in Conflict, Federico Borello, juge, dans une tribune publiée par USA Today, que « trop de civils » sont décédés à Mossoul et espère qu’ils seront davantage protégés à Raqqa.

Afghanistan

En « une », le New York Times rapporte que des conseillers du président américain (le chef de la stratégie de la Maison-Blanche, Steven Bannon, et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner) ont fait appel à deux hommes d’affaires (Erik Prince, fondateur de l’entreprise de sécurité Blackwater Worldwide, et Stephen Feinberg, un milliardaire qui possède la société militaire DynCorp International) pour concevoir des solutions alternatives au projet du Pentagone de déployer des troupes américaines supplémentaires en Afghanistan. Alors que ceux-ci préconisent de sous-traiter l’action du ministère de la Défense à des entreprises de sécurité, le secrétaire à la Défense, James Mattis, a refusé d’inclure cette option dans la révision de la stratégie américaine en Afghanistan. Son refus témoigne de « la division » qui règne au sein de l’équipe de défense de Donald Trump entre « les généraux » d’une part et les conseillers civils d’autre part, commente le quotidien.

Politique étrangère américaine

Le Washington Post est attentif au déplacement de Rex Tillerson au Qatar. Le secrétaire d’Etat, qui se positionne en « médiateur », souhaite afficher une image d’impartialité et se rendra à cette fin chaque soir dans un pays neutre, le Koweït, dont le dirigeant a tenté de contribuer à résoudre la crise, remarque le journal.

Dans un éditorial, le Washington Post regrette que Rex Tillerson n’ait pas dénoncé, lors de son déplacement en Turquie, le traitement que subissent les dissidents du régime du président Erdogan, probablement soucieux de ne pas le froisser pour faire avancer les discussions sur la lutte contre le terrorisme.

Etats-Unis – Russie

L’équipe éditoriale du Wall Street Journal craint que le renforcement des sanctions contre la Russie que le Sénat américain appelle de ses vœux n’ait un effet contre-productif car préjudiciable aux activités des entreprises américaines dans le secteur de l’énergie.

Corée du Nord

En « une », le Wall Street Journal annonce que Washington semble vouloir opter pour des actions unilatérales vis-à-vis de la Corée du Nord qui incluront le renforcement des sanctions visant Pyongyang mais aussi des banques et entreprises chinoises. Gerald Seib, directeur du bureau du journal à Washington, juge cette stratégie conforme à la ligne défendue par l’ancien secrétaire à la Défense Robert Gates – « le plus expérimenté en matière de sécurité » – selon lequel (i) une réponse purement militaire ne peut être une bonne solution ; (ii) la Chine demeure un élément incontournable pour lutter contre la menace que représente le régime de Kim Jong-un ; (iii) il est désormais temps de bouleverser le statu quo.

En « une », le Washington Post consacre un reportage aux activités lucratives de la Corée du Nord en Afrique qui, en dépit des sanctions dont le pays est la cible, a largement investi dans les infrastructures du continent.

Hong Kong

L’équipe éditoriale du New York Times s’inquiète de l’affaiblissement potentiel voire de la perte d’autonomie de Hong Kong, délaissée par les puissances occidentales et confrontée à l’influence croissante de la Chine continentale.

III. Politique intérieure          

Liens présumés entre l’équipe de Donald Trump et la Russie

En « une », les commentaires des médias (WP, NYT, WSJ, The Daily Beast, Los Angeles Times) ne se tarissent pas après les révélations du New York Times sur les relations entre le fils aîné de Donald Trump, Donald Trump Jr., et la Russie, « un élément qui change la donne », estime le chroniqueur du Washington Post Eugene Robinson. L’équipe éditoriale du quotidien juge les démentis apportés par la Maison-Blanche de plus en plus fragiles et évoque l’hypothèse d’une « collusion » avec la Russie. Quant au New York Times, il dénonce, dans un éditorial également, « une culture de la malhonnêteté ».

Politique migratoire

Le Washington Post révèle que le département de la Sécurité intérieure envisage de durcir les règles d’immigration pour les étudiants étrangers qui pourraient devoir renouveler chaque année leur demande de séjour aux Etats-Unis.

Blocage social

Le chroniqueur du New York Times David Brooks fustige le blocage de l’échelle sociale aux Etats-Unis où la préservation des privilèges des classes moyennes et supérieures se perpétue par l’exclusion des moins privilégiés au sein d’un système fondé sur la connaissance de certains usages davantage que sur le mérite.