Aujourd’hui en Allemagne. 18 Juillet 2017

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

18 juillet 2017

  1. Les tensions germano-turques font les gros titres de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (« Berlin veut trouver une nouvelle date pour la visite parlementaire sur la base de Konya »), de Die Welt (« la Turquie cherche à placer des taupes dans le renseignement intérieur allemand ») et des médias audiovisuels et en ligne qui s’ouvrent ce matin sur l’incarcération en Turquie d’un militant allemand des droits de l’homme, Peter Steudtner, pour « soutien au terrorisme ». La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une à la présentation du « plan Bavière » de la CSU en vue des élections de septembre et estime que le président du parti et ministre-président bavarois « Seehofer est remonté contre Merkel » après le refus par la chancelière des principales exigences de la CSU. Der Tagesspiegel met en avant que « selon les Nations unies, le nombre de victimes civiles en Afghanistan est plus élevé que jamais ». Le Handelsblatt publie une interview du patron de la Lufthansa qui présente ses ambitions en matière de low-cost (« Eurowings a le vent en poupe »).
  2. Allemagne

Présentation par la CSU de son programme de campagne : «  Seehofer remonté contre Merkel » (Süddeutsche Zeitung)

Faisant état de la présentation hier par son secrétaire général Andreas Scheuer du programme électoral de la CSU intitulé « plan Bavière », le quotidien de Munich fait part de la réaction du ministre-président bavarois et chef de la CSU Horst Seehofer à la fin de non- recevoir de la chancelière (interview de dimanche sur ARD) à une limite chiffrée à l’entrée de réfugiés sur le territoire allemand. Evoquant la « déception » et le « mécontentement » de Horst Seehofer, la Süddeutsche Zeitung indique que la CSU s’en tient au seuil de 200 000 réfugiés par an et a approuvé hier à l’unanimité son programme de campagne qui, contrairement à la position exprimée par la chancelière, envisage aussi la possibilité de référendums nationaux et une « garantie famille », à savoir la revalorisation des retraites pour les mères de famille dont les enfants sont nés avant 1992. Cette revalorisation de l’ordre de 360 euros par an est également refusée par la CDU en raison de son coût (6 milliards d’euros).

Dans leurs commentaires, les journaux ironisent sur la manière dont une fois de plus la CSU cherche à se démarquer de la CDU, tout en s’abstenant de faire de ses revendications des lignes rouges susceptibles de compromettre sa participation à un futur gouvernement. La Berliner Zeitung présente cette « souplesse » de la manière suivante : « la CSU s’adapte au succès et celui-ci est actuellement du côté de la chancelière » dont le parti vient de remporter successivement trois scrutins régionaux. La FAZ note froidement que le projet de revalorisation des retraites pour les mères de famille « engloutirait la moitié des baisses d’impôts que la CSU vante de manière magnanime dans son projet électoral ».

Diesel et émissions polluantes : « les responsables politiques accentuent la pression sur les constructeurs » (Handelsblatt)

Alors que le débat sur l’interdiction des véhicules diesel dans les centre-ville est en cours et que depuis plusieurs jours la presse consacre des articles à l’implication de plusieurs constructeurs allemands dans la manipulation des émissions polluantes de leurs véhicules – les dernières révélations concernant Daimler – , le Handelsblatt indique aujourd’hui que la ministre de l’environnement, Barbara Hendricks (SPD) et son homologue en charge des transports Alexander Dobrindt (CSU) réunissent le 2 août un « forum national sur le diesel » à Berlin. Selon le quotidien économique, le but de cette rencontre est la recherche de solutions qui seraient une contrepartie d’un accès aux centre-ville. « A ce stade, les acteurs en présence sont loin d’une solution », fait valoir le journal pour qui « on peine également à identifier quels pourraient être les résultats d’un tel sommet ». « Douze millions d’automobilistes roulant au diesel ne sauraient avoir tort et surtout pas en période électorale », ironise la tageszeitung pour qui « en réalité personne ne souhaite parler d’interdiction, et encore moins interdire formellement » car une telle mesure serait catastrophique pour les innombrables bus et véhicules de livraison sans lesquels les villes seraient quasi condamnées à l’inactivité.

  1. Europe

Pologne : « le parlement européen veut intervenir » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

 Dans un éditorial, la Frankfurter Allgemeine Zeitung critique sévèrement les atteintes à l’Etat de droit et à l’indépendance de la justice en Pologne, relayées depuis quelques jours dans la presse allemande. Le quotidien salue l’initiative de l’ensemble des partis politiques allemands représentés au parlement européen d’affirmer dans une lettre commune adressée à son  président, Antonio Tajani, que la réforme de la justice menée par le parti conservateur polonais « Droit et justice » (PiS) est incompatible avec les traités et les valeurs de l’Union européenne. Le quotidien qui déplore la volonté du parti conservateur polonais d’accroitre son influence sur le pouvoir judiciaire, en particulier sur le tribunal constitutionnel, au risque d’attenter sérieusement au principe de séparation des pouvoirs, se réjouit de la décision de la Commission européenne d’adresser un rappel à l’ordre sur l’État de droit à la Pologne. Les Etats membres doivent affirmer davantage « ce qu’ils exigent de la Pologne et de la Hongrie en matière de justice » estime aussi le journal. Dans des propos au Spiegel (édition en ligne), le ministre allemand des affaires étrangères, Sigmar Gabriel (SPD), met lui aussi en garde : « on ne peut prêcher l’État de droit et la démocratie dans le monde, sans respecter nos propres standards » (…) nous devons tous veiller à ce que nos fondements ne s’effritent pas et la Commission européenne a notre soutien ».

 « L’Estonie met en garde contre les conséquences de Nord Stream 2 » (Tagesspiegel)

Dans un entretien rapporté par le Tagesspiegel, le ministre estonien des Affaires étrangères, Sven Mikser, s’inquiète de la position de force que le projet de gazoduc Nord Stream 2 confère à la Russie en matière d’approvisionnement en énergie des pays européen. « Nous ne devons pas tolérer qu’un fournisseur utilise l’énergie comme instrument de pression politique, et avant de poursuivre ce projet, il convient d’en analyser très soigneusement les conséquences », déclare-t-il au quotidien berlinois en ajoutant : « s’il s’avère que Nord Stream 2 met la Russie en position de faire pression sur un pays européen, par exemple l’Ukraine, nous devons le prendre très au sérieux ». Le journal rappelle que le gouvernement fédéral, notamment l’ex-ministre de l’Economie et actuel ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel (SPD), soutient ce deuxième projet de gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la Baltique, et que l’ancien chancelier Gerhard Schröder (SPD) dirige le conseil d’administration de Nord Stream 2, filiale à 100% du groupe russe Gazprom. L’Estonie – dont le Tagesspiegel rappelle qu’elle a pris la présidence du Conseil européen le 1er juillet – appelle par ailleurs ses partenaires européens à rester fermes sur les sanctions vis-à-vis de la Russie et vigilants face aux « visées expansionnistes » de Moscou à l’égard de ses voisins.

  1. International

Turquie/débat sur l’accès de parlementaires allemands au contingent de la Bundeswehr stationné à Konya

Le retrait par Ankara de l’autorisation délivrée à une délégation parlementaire allemande de rendre visite aux soldats de la Bundeswehr stationnés sur la base de Konya envenime un peu plus les relations germano-turques mais aussi les relations de la Turquie avec ses partenaires de l’Otan, considère la presse. La Frankfurter Allgemeine Zeitung rapporte que le gouvernement fédéral et l’Otan s’efforcent, dans des « pourparlers intensifs », de trouver une nouvelle date pour ce voyage. Le porte-parole du gouvernement fédéral, Steffen Seibert, a réaffirmé que « le droit de visite de députés du Bundestag à des soldats allemands en opérations extérieures n’est pas négociable », selon la FAZ. Tandis que « l’opposition et une partie du SPD préconisent un retrait des soldats allemands si le Bundestag ne peut pas exercer son droit de visite », rapporte la taz, certains conservateurs « freinent », tel le député CSU Hans-Peter Uhl, lequel estime sur la radio publique Deutschlandfunk que l’engagement de l’Allemagne au sein de l’Otan est plus important que le droit de visite des parlementaires allemands. Le président des Verts et candidat tête de liste du parti aux législatives Cem Özdemir met également en garde contre toute « décision précipitée » et propose comme alternative la visite conjointe d’une délégation de parlementaires de plusieurs pays de l’Otan, rapporte la FAZ. Les commentaires condamnent « les petits jeux d’Erdogan » (Süddeutsche Zeitung), « la soif de vengeance d’Erdogan » (FAZ) après l’interdiction qui lui a été faite de tenir un meeting en Allemagne, et le fait que « c’est la Turquie qui met en péril l’Alliance atlantique à Konya et non l’Allemagne » (Tagesspiegel). Plusieurs journaux soulignent les complexités liées au caractère unique mais essentiel de la Bundeswehr comme armée parlementaire./.