Le Royaume-Uni bannit à son tour les véhicules à essence et diesel d’ici à 2040

La circulation des véhicules à moteurs traditionnels sera interdite en 2050. Le gouvernement britannique présente un plan de lutte contre la pollution, qui ne va pas assez loin selon les associations environnementales.

De notre correspondant à Londres

La Grande-Bretagne emboîte le pas de la France. Elle va interdire les ventes de voitures à moteur essence ou diesel à partir de 2040. Leur circulation sur les routes du pays serait bannie dix ans plus tard. Le ministre de l’Environnement, Michael Gove, a confirmé mercredi matin un engagement du programme conservateur de rendre «presque toutes les voitures et camionnettes» zéro-émission d’ici à 2050.

Le Royaume-Uni est le second marché européen pour le diesel. Les ventes de ce type de véhicules ont chuté de 10% au premier semestre, tandis que celles de moteurs essence ont cru de 5%, et celles de modèles hybrides a bondi de 30%. Segment le plus dynamique du marché, ces derniers ne pèsent encore que 5% du total des ventes. Et les véhicules électriques purs représentent moins de 1% du parc automobile.

Au début du mois, Volvo a été le premier constructeur à annoncer l’arrêt des moteurs à combustion d’ici deux ans. BMW vient de s’engager à assembler sa future Mini électrique en Grande-Bretagne à partir de 2019, avec des batteries allemandes.

Aides à l’achat

«La demande pour les véhicules à énergie alternative est en croissance mais à un niveau encore très faible car les consommateurs s’inquiètent des prix, du choix de gammes disponibles et de l’accès à des points de chargement. On risque d’affecter le succès du secteur automobile britannique si on ne laisse pas suffisamment de temps à l’industrie pour s’adapter», prévient Mike Hawes, directeur génértal de la Society of Motor Manufacturers and Traders. Il réclame des aides publiques à l’achat de véhicules propres. La possibilité d’une prime à la casse sera discutée à l’automne.

L’annonce du gouvernement britannique s’inscrit dans un vaste plan pour améliorer la qualité de l’air, doté de 3 milliards de livres (3,36 milliards d’euros) de financements, dont 1 milliard d’aides aux véhicules électriques. Des fonds seront aussi consacrés au développement de bus propres et de programmes de promotion de la marche et du vélo. L’Etat va allouer 255 millions de livres (285 millions d’euros) aux collectivités locales pour les aider à mettre en place des mesures de réduction de la pollution d’ici à la fin de l’année prochaine. Cela pourra impliquer l’interdiction de véhicules diesel sur les axes de circulation les plus pollués. Le maire de Londres, Sadiq Khan, va introduire à l’automne une taxe de 10 livres (11,20 euros) par jour sur les véhicules les plus polluants.

Injonction de justice

Le plan antipollution du gouvernement vise à répondre à une injonction de justice de présenter des mesures avant la fin juillet. Il avait été poursuivi pour son échec à respecter une directive européenne le contraignant à réduire les émissions de dioxyde de nitrogène «le plus rapidement possible». La pollution serait responsable de 40.000 morts prématurées par an en Grande-Bretagne.

Des associations environnementales estiment que les annonces sur le long terme permettent de détourner l’attention des problèmes immédiats. «Nous avons aussi besoin d’agir sur l’urgence sanitaire dans les mois et les années qui viennent», souligne la députée verte Caroline Lucas.

Le Figaro 27/07/2017