Les citoyens peuvent investir dans les projets des collectivités

Entre 2013 et 2017, le montant des dotations aux collectivités a fondu de près de 11 milliards d’euros. Désormais, les communes peuvent faire appel aux citoyens pour financer des projets publics grâce à la plateforme de financement participatif Collecticity.

Installation de panneaux solaires, rénovation d’une église… Si une commune a besoin de fonds pour entreprendre des travaux qui touchent au bien commun, au patrimoine, ou au développement durable, elle peut désormais faire appel aux citoyens via une plateforme de financement participatif appelée Collecticity.

Sur cette plateforme, les collectivités ont le choix: certaines lancent des campagnes de dons, et d’autres des campagnes de prêts.

» Retrouvez ce sujet dans la chronique L’esprit d’initiative d’Emmanuel Moreau sur France Inter

«Dans le cadre d’un don, ce sont souvent des chantiers très locaux, les habitants se sentent plus investis, ils donnent car si les projets ne sont pas financés par les citoyens via la plateforme, alors ils ne seront pas financés par autre chose», explique Julien Quistrebert, l’un des fondateurs de Collecticity. Des chantiers très concrets donc, à l’image de cette petite église du XVII e siècle, en Haute Garonne, qui menaçait de tomber en ruine. Grâce aux 5000 euros récoltés, la toiture et les bois ont été rénovés, les enduits et le mur du cimetière refaits, et un accès handicapé construit.

Pour un prêt, c’est différent. Les contributeurs ne sont pas seulement des locaux. «Le sentiment d’appartenance est moins fort et les personnes peuvent participer au financement pour placer leur argent», dit Julien, qui rappelle que c’est une grande première pour le financement participatif. En effet, prêter aux collectivités était l’apanage des banques.

Un vrai combat juridique

Il a fallu batailler pour en arriver là. Un vrai combat juridique et des critères de participation très précis. Les gens ne peuvent prêter qu’entre 50 et 2000 euros. Il est possible de faire des prêts participatifs publics pour tous types de projets, mais ceux qui concernent le développement durable, l’éducation et la santé ont le plus de chance de réussir.

Le succès de Collecticity dépasse les attentes. La ville de Saint-Brieuc dans les Côtes d’Armor a été la première à tester ce mode de financement par prêt. Il lui manquait 8400 euros pour installer 40m2 de panneaux photovoltaïques sur le toit d’un bâtiment de la ville, exposé plein Sud. Il aura suffi de 20 jours pour que les fonds soient réunis. «Nous avions les moyens de financer la totalité du projet, mais nous avons voulu faire appel au crowdfunding pour sensibiliser la population aux énergies renouvelables, à l’épargne locale et aux circuits hors des banques», raconte Maud Singy, chef du service énergie et developpement durable à la mairie de Saint-Brieuc.

Dans la foulée, c’est la commune bretonne de Langouët, quelques centaines d’habitants à peine, qui s’est lancé. Elle avait besoin de 40.000 euros pour financer une étude sur un projet d’habitat écologique, avec 0 % de pollution et 100 % de réutilisation. Là encore, la campagne a été bouclée dix jours avant le terme. Pas étonnant: les taux d’intérêt des projets tournent autour de 2%. Plus élevé que le livret A, donc.

Le Figaro 29/08/2017