Synthèse hebdomadaire des publications des think tanks du 31 août au 6 septembre 2017

Ambassade de France à Washington

Think Tank Hebdo 

 

En attendant la reprise complète des travaux des think tanks (ralentie par Labor Day), vous trouverez ci-dessous quelques éléments d’analyse sur la Corée du Nord :

 LE FOCUS DE LA SEMAINE : Corée du nord

Les think tanks américains poursuivent leurs analyses de la crise avec la Corée du Nord.

Plusieurs chercheurs désapprouvent la solution militaire (CSIS, Carnegie, Brookings). Pour Anthony Cordesman (CSIS), les actions préventives comportent trop d’incertitudes. En outre, seule une attaque nord-coréenne réellement perpétrée contre les Etats-Unis ou un allié justifierait l’usage de la force et recueillerait le soutien de la Corée du Sud et d’autres pays, ainsi que celui du Congrès et des citoyens américains, selon Richard Sokolsky et Aaron David Miller (Carnegie). Ces derniers estiment que la menace militaire n’est pas réaliste, compte tenu des risques de représailles nord-coréennes contre les forces stationnées en Corée du Sud. Selon Evans Revere et Jonathan Pollack (Brookings), au lieu d’attaquer les installations nucléaires sur le sol nord-coréen, il serait plus légitime pour les Etats-Unis de privilégier les mesures de légitime défense : essayer d’intercepter et d’abattre les missiles lancés contre les Etats-Unis ou leurs alliés.

La possibilité de négocier un gel du programme nucléaire ne fait pas l’unanimité non plus. A cet égard, Evans Revere et Jonathan Pollack se montrent prudents et craignent que les Etats-Unis ne tombent dans le piège d’accepter que la Corée du Nord soit dotée de l’arme nucléaire, un consentement qui compromettrait les liens entre les Etats-Unis et la Corée du Sud et le Japon. « Négocier un gel n’a pas fonctionné dans le passé », rappelle Anthony Ruggiero (Foundation for Defense of Democraties, FDD), qui a conseillé la délégation américaine des Pourparlers à Six en 2005. D’autres experts admettent que l’objectif américain doit rester de dénucléariser complétement le pays mais ne rejettent pas pour autant la solution diplomatique. Pour Michael O’Hanlon et Ryan Hass (Brookings), Washington doit avoir pour but l’arrêt des essais nucléaires et balistiques de longue portée, ainsi qu’un gel de la production de plutonium et d’uranium enrichi. Richard Sokolsky et Aaron David Miller (Carnegie) prônent la tenue discrète de discussions exploratoires entre officiels américains et nord-coréens mandatés par leurs présidents respectifs, pour laisser à la diplomatie une chance de résoudre la crise.

Le durcissement des sanctions est la solution privilégiée par certains think tanks à l’instar de la FDD, la Brookings et le Center for American Progress (CAP). Dans un long article détaillant l’arsenal d’outils dont disposent les Etats-Unis, le CAP montre que la Corée du Nord est beaucoup plus exposée aux systèmes financiers américains et internationaux, et par conséquent plus vulnérable aux sanctions, que ce qui est généralement observé. Le think tank propose à la fois de viser les entreprises basées en dehors de la Corée du Nord qui lui permettent d’accéder aux marchés financiers, et d’élargir les sanctions des Nations unies sur les importations nord-coréennes. Le CAP préconise également de sanctionner les entités et les responsables chinois qui violent les sanctions imposées par la communauté internationale. Une position partagée par la FDD qui dénonce le rôle de la Chine et celui de la Russie dans la prolifération nord-coréenne.