Aujourd’hui en Allemagne. 20 Septembre 2017

Synthèse de la presse quotidienne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemgne

20 septembre 2017

  1. Le discours de Donald Trump à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « Trump menace de détruire totalement la Corée du Nord » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, Süddeutsche Zeitung, Die Welt). Der Tagesspiegel note que le référendum local à Berlin ce dimanche sur l’avenir de l’aéroport de Tegel « émeut et polarise les Berlinois ». Le quotidien des affaires Handelsblatt indique que la société « Knorr réfléchit à une entrée en bourse ».
  2. Allemagne

Campagne électorale

Le tabloïd Bild fait grand cas des déclarations du ministre dirigeant la chancellerie fédérale, Peter Altmaier (CDU), invitant les électeurs allemands à s’abstenir plutôt qu’à voter pour le parti d’extrême-droite AfD, au motif, a précisé le ministre, que « l’AfD divise notre pays en utilisant à son profit les craintes et les inquiétudes de la population ». Dans son éditorial du jour, Bild juge que Peter Altmaier « a commis une erreur » car « la légitimité d’un gouvernement dépend de la participation » et que le « devoir d’un démocrate » est bien plutôt de chercher simplement « à convaincre les gens de ne pas voter pour les ennemis de la démocratie ». Même écho de la part de Die Welt qui se fait fort de rappeler qu’il n’y a pas de démocratie sans pluralité d’opinions. Considérant que la réaction de Peter Altmaier est « anti-démocratique », le quotidien lui reproche également de se simplifier la tâche en ignorant l’AfD, un comportement de nature à renforcer le succès du parti populiste.

La Süddeutsche Zeitung évoque le discours prononcé hier par le président fédéral à l’occasion de l’ouverture d’une série de manifestations sur l’avenir de la démocratie. Le journal note l’inhabituelle sévérité avec laquelle Frank-Walter Steinmeier a déploré la manière dont certains citoyens se rendent à des meetings politiques dans l’unique but d’empêcher les candidats de s’exprimer. « Les responsables politiques et les citoyens doivent réapprendre à débattre dans l’intérêt de la démocratie », a fait valoir M. Steinmeier. Dans un commentaire, la Süddeutsche Zeitung se réjouit que le président fédéral, que l’on croyait « assoupi dans sa tour d’ivoire », se soit enfin réveillé mais juge ce réveil trop tardif pour faire changer d’avis ceux qui s’apprêtent à voter dimanche pour les populistes. « A quoi bon l’Allemagne a-t-elle un chef d’Etat s’il se tait face aux nationalistes et aux nostalgiques du nazisme ? », s’interroge le journal.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie les résultats de la dernière enquête Allensbach confirmant qu’à quelques jours des élections les grands partis perdent du terrain au profit des petits. Ainsi, selon Allensbach, la CDU (36,5%) et le SPD (22%) reculent chacun de deux points par rapport au mois dernier, tandis que l’AfD (10%) progresse de deux points, le FDP (11%) et Die Linke (9%) d’un point. Les Verts sont crédités de 8%. Cette situation inspire à la FAZ la réaction suivante : « le parlement qui sortira des urnes au lendemain du 24 septembre sera à un égard meilleur que le précédent : il sera davantage le reflet de la société ».

  1. Europe / France

La presse reproche aux partis allemands de ne pas prendre position sur les propositions de réformes européennes et attendent une clarification après les élections

Alors que s’achève la campagne électorale allemande sans que les thèmes européens n’aient été abordés ouvertement par les candidats en lice, la presse se montre critique envers la prudence excessive des partis allemands en l’opposant à la campagne présidentielle pro-européenne d’Emmanuel Macron. Die Welt déplore le silence de la chancelière Merkel sur le sujet, redoutant qu’elle ne prenne une nouvelle fois ses électeurs au dépourvu – après les précédents du tournant énergétique et de la crise migratoire – en s’engageant sur la voie d’une réforme de l’UE « pour laquelle elle n’a pas obtenu de mandat ». « Macron avait ouvertement fait campagne pour ses projets de réforme de l’Europe et convaincu les Français, or on ne peut se défaire de l’impression que Merkel n’a pas de plan propre pour cette question si importante pour l’Allemagne et qu’elle se contente de garder toutes les options ouvertes », critique le quotidien conservateur. « Contrairement à Emmanuel Macron, les partis allemands n’ont pas saisi la grande chance qui s’offrait à eux en campagne électorale de rebondir sur le nouvel intérêt de la jeune génération pour l’idée européenne, et se sont contentés de répéter des poncifs sur l’UE dans une langue de bois qui ne parle à personne. Les dirigeants politiques capitulent devant l’aversion supposée de nombreux citoyens à l’égard de l’Europe », déplore la rédaction politique de centre-gauche des quotidiens Berliner Zeitung, Kölner Stadt-Anzeiger, Hamburger Morgenpost, en critiquant tout particulièrement le silence de l’Européen convaincu Martin Schulz.

Les médias n’en attendent qu’avec plus d’impatience que le président de la République concrétise ses propositions de réforme de la zone euro. La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque une information du Financial Times selon laquelle le discours européen du chef de l’Etat est attendu pour le 26 septembre, deux jours après les législatives allemandes. « il pourrait essayer de peser sur les négociations de coalition en forçant les partis en présence à se positionner par rapport à ses projets », rapporte la FAZ toujours de même source. La Süddeutsche Zeitung consacre un article signé de son spécialiste de politique étrangère Stefan Kornelius aux divergences potentielles entre Berlin et Paris sur le sujet : « d’entretiens à Paris et Berlin, il ressort que si Merkel dirige à nouveau une coalition, l’Allemagne et la France connaîtront des différends de taille en matière de réforme des finances et des institutions européennes », écrit la Süddeutsche Zeitung. Malgré les « excellentes relations entretenues par Angela Merkel et Emmanuel Macron », les « différences d’approche » sur ce sujet n’ont pas permis de faire converger leurs positions respectives ni celles des groupes de travail des ministères français et allemand des Finances, souligne le journal de Munich. Selon la Süddeutsche Zeitung, on s’inquiète à Berlin de la volonté du président français de forcer l’intégration européenne, au besoin par une Europe à plusieurs vitesses et sans craindre de toucher aux traités européens : « la stratégie allemande pour l’UE est moins visionnaire, plus terre-à-terre, basée sur la stabilité et le maintien des acquis, et on s’inquiète des risques de division de l’UE, d’autant que Berlin doit respecter une équidistance avec les pays du nord et de l’est de l’Europe », explique le quotidien. La principale pierre d’achoppement entre Berlin et Paris devrait être la question d’un futur budget de la zone euro, rapporte la Süddeutsche Zeitung qui voit deux points potentiels de discorde, le volume d’un tel budget et surtout la manière dont il sera abondé : « on ne peut s’empêcher de penser que Macron pense à un budget financé par emprunt – équivalent pour Berlin à introduire des euro-bonds par la petite porte et donc totalement exclu en cas de gouvernement dirigé par les conservateurs », écrit le journal sur la base de ses investigations à Berlin.

L’immobilisme du partenaire allemand préoccupe l’opinion publique et les observateurs français, rapporte pour sa part le correspondant en France du Handelsblatt Thomas Hanke. Après avoir par le passé admiré la prospérité de l’économie allemande et l’efficacité de son système politique, les décideurs français auraient désormais une image moins favorable de leur voisin suite aux scandales dans l’industrie automobile, aux déficiences en matière d’infrastructures ou d’objectifs climatiques et à l’inertie des partis face aux défis de la société. « La France souhaite une Allemagne qui soit en Europe un pôle de stabilité mais pas qui ronfle dans son coin. Ils espèrent qu’après les élections, les dirigeants politiques allemands feront preuve de l’agilité qui a manqué pendant la campagne, mais ils n’en sont plus si sûrs », conclut le quotidien.

  1. International

Discours de Donald Trump et d’Emmanuel Macron devant l’AGNU

Les commentateurs ne cachent pas leur stupéfaction devant le discours « pire que prévu » (Die Welt) du président américain devant l’Assemblée générale des Nations unies et en critiquent vivement le fond comme la forme (« un discours marqué par le manque de clairvoyance et un verbe quasi-anarchiste, Trump n’a aucun sens politique, c’est un anti-politique », Der Tagesspiegel). Evoquant le conflit nord-coréen, la Frankfurter Allgemeine Zeitung considère qu’il est l’exemple de ce pourquoi « il faut résister à la tentation de l’unilatéralisme qui peut conduire au chaos meurtrier » et qu’« il ne peut pas être dans l’intérêt des Etats-Unis d’affaiblir moralement et matériellement les Nations unies ».

Par son discours à la tribune de l’ONU, le président de la République s’est clairement posé en « anti-Trump » et a marqué son opposition avec son homologue américain, souligne le Tagesspiegel de Berlin en relevant qu’’Emmanuel Macron a prôné le dialogue dans le conflit nord-coréen, pris la défense de l’accord iranien et marqué l’intangibilité de l’accord de Paris. Le quotidien proche de Verts tageszeitung consacre pour sa part une correspondance au discours du chef de l’Etat sur un Pacte mondial pour l’environnement, relevant une réaction très réservée d’un porte-parole du ministère allemand de l’Environnement pour qui « l’Allemagne ne suit pas une approche fondée sur un droit à un environnement propre qui peut rapidement conduire à des attentes irréalistes et impossibles à mettre en œuvre »./.