Ambassade de France à Washington
Mercredi 20 septembre 2017
Réalisation : Tristan-Aurel Mouline
Validation : Mélanie Rosselet
- AGNU
Discours du président Macron
La presse américaine de tendance libérale (TIME, LA Times, The Hill) livre des commentaires positifs sur le discours d’Emmanuel Macron qu’ils examinent à la lumière de celui de Donald Trump. Soulignant que le président français a pris le contre-pied de Donald Trump sur tous les grands sujets (climat, Iran, Corée du Nord), Fox News qualifie de « barrières » les désaccords de fond qui séparent la France des Etats-Unis. « Emmanuel Macron a contesté de manière cinglante » l’approche de son homologue américain, titre le Wall Street Journal dans son édition en ligne. Pour autant, la presse salue l’entente entre les deux hommes après leur rencontre en marge de l’AGNU.
Dans ce contexte, ABC relève qu’Emmanuel Macron, sous « le feu des projecteurs avec Donald Trump et Antonio Guterres » qui participaient également pour la première fois à l’AGNU, a réaffirmé l’attachement de la France au multilatéralisme qui caractérise l’ordre international libéral (Bloomberg).
Enfin, la presse (CNN) relève l’engagement du président français en faveur de la protection des journalistes.
Discours du président Trump
Les commentaires des médias sur le premier discours particulièrement clivant de Donald Trump à l’Assemblée générale des Nations unies ne se tarissent pas. La presse de tendance libérale est unanimement critique. Sous-tendu, selon le Washington Post, par des considérations de politique intérieure visant à galvaniser sa base électorale, ce discours articulé autour du principe d’ « America First » n’a laissé aucune place au « compromis ou à la négociation », déplore l’équipe éditoriale du New York Times qui note un « contraste saisissant » avec l’approche qui était celle de Barack Obama, notamment vis-à-vis de l’Iran. Dans le Los Angeles Times, Doyle McManus craint que les moqueries dont le dirigeant nord-coréen a été la cible ne précipitent « une guerre ». Si Donald Trump a raison d’invoquer la défense des intérêts nationaux, son argumentation a pêché par son caractère restrictif, estime l’équipe éditoriale du Wall Street Journal. Donald Trump « a raison de braver les Nations unies », mais il n’est pas dans l’intérêt des Etats-Unis de laisser d’autres nations se positionner en première ligne dans la défense des valeurs et intérêts qui sont au cœur même de la démocratie américaine, précise le quotidien qui livre une analyse nuancée. Plus sévère, le Washington Post déplore, dans un éditorial également, le caractère « contradictoire » des déclarations de Donald Trump qui a simultanément appelé à une forme d’interventionnisme (lutte contre le terrorisme, endiguement de l’Iran et de la Corée du Nord, actions contre le Venezuela) et fait l’éloge du souverainisme.
Dans le Washington Post, David Ignatius livre une analyse sensiblement différente de celle qui prédomine dans la presse traditionnelle. Selon lui, au-delà des excès de langage, Donald Trump a prononcé un discours particulièrement « conventionnel », soutenant la démocratie et les droits de l’homme ; sur la Corée du Nord, confirmant simplement la doctrine de dissuasion américaine ; sur l’Iran, laissant les options ouvertes ; dénonçant les « Etats voyous » ; et faisant l’éloge d’une communauté internationale forte de nations souveraines. « Assez choquant », ironise le chroniqueur qui s’inquiète précisément du peu d’originalité des idées avancées par le président américain qui devra « avoir une approche originale » s’il souhaite, par exemple, juguler la menace nord-coréenne. Par ailleurs, jugeant le discours de Donald Trump « mauvais », Politico regrette cependant le catastrophisme des principaux titres de presse. Et le Christian Science Monitor de s’interroger : « la vision nationaliste de Donald Trump promeut-elle la paix ou bien la met-elle en danger ? ».
A l’inverse, les titres et observateurs les plus conservateurs (National Review, le site d’extrême droite Breitbart, l’ancien représentant permanent auprès des Nations unies John Bolton) ne tarissent pas d’éloges sur le discours de Donald Trump, sur la forme comme sur le fond. Dans une tribune publiée par Bloomberg, Eli Lake estime que le président américain a délivré un discours coloré de « l’exceptionnalisme américain » nettement meilleur que ses précédentes déclarations en matière de politique étrangère.
Enfin, ce discours marque « le retour de la realpolitik » dans la politique étrangère américaine, estime le chef du bureau du Wall Street Journal à Washington, Gerald Seib qui retient, sur un ton plutôt positif, le souhait de Donald Trump de mener un politique « guidée par les résultats et non par les idéologies ».
- International
Syrie
« Les Syriens sont prêts à accepter Bachar el-Assad comme président », affirme le reporter de Foreign Policy Anchal Vohra. Selon lui, alors que le régime syrien n’a, à ce stade, rien fait pour sa population, les Syriens admettent qu’il représente la seule chance de retrouver un semblant de normalité » en l’absence d’une opposition structurée.
Kurdistan irakien
Le Washington Post met l’accent sur l’inquiétude des Etats-Unis qui s’opposent à l’organisation du référendum consultatif sur l’indépendance des Kurdes, estimant qu’il est de nature à créer de nouveaux conflits et à exacerber les plus anciens au moment même où l’éradication de Daech doit être une priorité. La presse relève la nuance avec les positions exprimées par Emmanuel Macron sur ce sujet.
Birmanie
Le Washington Post rapporte qu’Aung San Suu Kii a apporté un démenti aux allégations qui visent l’armée Birmanie accusée de procéder à « un nettoyage ethnique » dont la minorité musulmane Rohingya est la cible. Le quotidien rappelle que « cette situation de détresse » est vieille de plusieurs siècles.
III. France/Europe
France – Allemagne / Union européenne
« Emmanuel Macron et Angela Merkel ne sauveront pas l’Union européenne ». Tel est le titre d’une tribune alarmiste de Michael Doughtery publiée par la National Review selon laquelle le président français ne parviendra pas à réformer le marché du travail français et la chancelière allemande ne saurait de redonner un élan à l’ordre international libéral.
- Politique intérieure
Mouvement antifa
En « une », le Wall Street Journal consacre un article au mouvement antifa américain dont les interventions violentes à Berkeley il y a un mois ont attiré l’attention grandissante des médias. Selon le quotidien, les progressistes sont divisés car ils peinent à se positionner face aux violences que les membres de ce mouvement commettent au nom de valeurs qu’ils partagent.
Extrême droite
Dans une longue tribune publiée par le New York Times, la chroniqueuse du New York Magazine Jesse Singal s’alarme de l’influence de « l’écosystème des réseaux sociaux de l’extrême droite » sur l’essor de « groupes haineux » auparavant « moribonds », aux Etats-Unis comme en Europe.
Ancien directeur du FBI James Comey
Le Wall Street Journal publie un virulent éditorial contre l’ancien directeur du FBI James Comey qu’il juge particulièrement « politisé » et estime que l’enquête sur les interférences russes lors de la campagne présidentielle américaine ne saurait être complète sans examiner « l’ensemble des écoutes de James Comey ».