Les gares routières, principal frein au développement du marché

Le nombre et le niveau de confort des infrastructures ne sont pas à la hauteur du développement attendu du marché, ce qui inquiète les opérateurs.

Développer le transport par autocar est une chose. Encore faut-il qu’il y ait des gares routières pour accueillir dans de bonnes conditions les voyageurs et les véhicules. En libéralisant le secteur par le biais de la loi Macron, les pouvoirs publics vont susciter dans les semaines à venir une multiplication des lignes nationales d’autocar pour relier les villes françaises (lire ci-dessus), mais les infrastructures ne seront, elles, pas à la hauteur.

Dans une note récente, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV), qui regroupe les entreprises du secteur, relève, sur la base d’une enquête nationale menée en octobre 2012, que seule la moitié des préfectures dispose d’une gare routière remplissant cinq critères de base (espaces d’accueil fermé pour les voyageurs, information théorique et en temps réel sur le trafic…). Et le confort qu’elles proposent est bien souvent précaire : «  Ces infrastructures sont peu adaptées aux transports longue distance, qui nécessitent des équipements et services développés (espaces d’attente, toilettes…) », soulignait en termes pudiques une enquête sectorielle de l’Autorité de la concurrence l’an dernier. Par ailleurs, seules 40 % des gares routières disposent d’une présence humaine lors du premier et du dernier départ. Et un quart d’entre elles ne proposent aucune présence en journée.

Pour ne rien arranger, le statut juridique de ces infrastructures, fixé par une ordonnance de 1945, est extrêmement flou, au point que les opérateurs ne savent parfois pas à qui s’adresser pour y faire escale !

Stationnement en double file

«  Les règles d’accès sont complètement opaques, déplorait l’an dernier Maria Harti, la directrice générale d’iDBus. Souvent, il est déjà très difficile de trouver le gérant. » Un gros dossier en perspective pour l’Arafer, la future autorité de régulation du secteur. Du côté du gouvernement, on a promis de s’atteler au sujet.

Un long travail de mise à niveau s’annonce. Dans l’immédiat, «  nous serons obligés de faire avec ce qui existe aujourd’hui », relève, fataliste, un professionnel. Ce qui suppose, comme cela se pratique déjà dans bien des cas, de se rabattre sur une place de la ville permettant un stationnement en double file, voire un parking de supermarché, pour embarquer et déposer les voyageurs. En espérant, côté opérateurs, que ce fonctionnement précaire ne sape pas les efforts faits pour réhabiliter le confort du voyage en autocar.

Les Echos 19/05/2015