Le service civique devient « universel »

C’était une promesse du président François Hollande, faite le 5 février 2015 : rendre le service civique « universel » en ce lundi 1er juin. En clair, le chef de l’État s’engageait à ce qu’à compter de cette date, chaque jeune entre 16 et 25 ans souhaitant effectuer une telle mission d’intérêt général obtienne une réponse favorable d’ici la fin de l’année. Mais cette ambition s’annonce difficile à tenir.

Lancé en 2010, le service civique propose des missions durant de six à douze mois auprès d’associations, de collectivités ou de services publics, indemnisées chacune 573 euros nets. L’an dernier, 34 000 missions ont été effectuées avec « quatre candidats pour chaque mission ». Devant ce succès, le gouvernement s’est engagé à porter leur nombre à 150 000 missions en 2017. Une promesse d’emblée jugée délicate par la Cour des comptes : « La question de la capacité à faire émerger 100 000 missions de qualité, chaque année, se pose », écrivait-elle en 2014. Cela n’a pas empêché François Hollande de promettre l’universalité après les attentats de janvier, ce qui représenterait quelque 150 000 missions pour la fin 2015.

Un objectif coûteux

A la question de la qualité des missions s’ajoute celle de leur financement. Le gouvernement se donnera-t-il les moyens de ses engagements ? Douze millions d’euros supplémentaires ont été débloqués en mars, et 61 millions de plus par un décret du 9 avril. Selon le ministère de la jeunesse et des sports, l’objectif présidentiel coûterait 680 millions d’euros. Un chiffre très largement sous-évalué selon la Cour des comptes, qui estime pour sa part à 1 milliard d’euros le plan service civique universel.

La veille du 1er juin, l’Agence du service civique, qui centralise les offres sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger, ne proposait sur son site internet que 6 037 missions en France. Du côté de l’agence, on reconnaît que ce nombre insuffisant, mais l’on préfère souligner que « l’objectif » est fixé. Le gouvernement a été prié d’étoffer l’offre disponible : le ministère de l’écologie devrait ainsi créer 5 000 missions avant la fin de l’année, 6 000 devraient être proposées au ministère de la culture, 4 000 au ministère de l’éducation nationale et 20 000 dans les hôpitaux et services sanitaires d’ici à 2017, sous la tutelle du ministère de la santé. Enfin, du côté du ministère de la ville de la jeunesse et des sports, en charge de mener à bien ce projet de service civique universel, c’est 114 fédérations sportives qui devront inventer dans les prochains mois des missions afin de contribuer à l’effort.