François Hollande inaugure la Cité de l’objet connecté

Angers a été choisie pour accueillir ce lieu, interface entre les start-up et l’écosystème industriel français.

INTERNET DES OBJETS Le rêve de développer en France l’industrialisation des objets connectés passe par Angers. Ce vendredi 12 juin, la Cité de l’objet connecté sera inaugurée en grande pompe. La cérémonie sera présidée par François Hollande, accompagné du ministre de l’Économie Emmanuel Macron et de la secrétaire d’État au Numérique Axelle Lemaire.

La mobilisation du gouvernement est à la mesure des enjeux portés par le projet. L’ambition est ni plus ni moins que de concurrencer la Chine. Angers dispose de toutes les structures industrielles nécessaires à la production d’objets connectés, au moins pour les petites séries. La Cité de l’objet connecté (COC) sera le trait d’union entre les start-up et leurs fournisseurs nationaux. « Nous aiderons les start-up et les industriels français à travailler ensemble, pour que les premières privilégient la production nationale à la délocalisation en Asie », ajoute Eric Carreel, vice-président de la COC, et cofondateur de Withings. « La Cité de l’objet connecté est l’un des premiers sites de la Nouvelle France industrielle. Nous allons y transformer un label en une réalité économique », se félicite Christophe Béchu, le sénateur maire d’Angers. À ceux qui s’étonnent du choix d’Angers, il concède que « la ville a un problème de rayonnement. La COC est une occasion unique pour l’agglomération de mettre en avant la richesse de son tissu industriel dans l’électronique et le numérique ». Ces secteurs y emploient quelque 7 000 personnes.

Opérateurs privés et publics se sont réunis pour créer ce lieu. Éolane, le numéro un français des sous-traitants de l’électronique, en est l’actionnaire majoritaire, avec 51 % des parts, soit la moitié des 1,5 million d’euros apportés par les acteurs privés. Il a réuni à ses côtés 17 partenaires, avec un ticket d’entrée minimum de 50 000 euros : Orange, Bouygues Telecom, La Poste ou Air liquide côtoient Harmonie Mutuelle et Inter Mutuelle Assistance, des financiers privés et le fonds régional du pays de Loire. L’État – via la BPI – soutient le projet par le biais de subventions et d’avances remboursables. « Une mobilisation de tous les acteurs qui dépasse les clivages politiques », souligne Christophe Béchu.

Une vingtaine de start-up seront accueillies cette année et une soixante en rythme de croisière. Moyennant un loyer de 300 euros par mois, ces entreprises bénéficieront de l’accompagnement d’experts, de « tuteurs » issus des partenaires, mais surtout d’un accès aux machines pour réaliser des prototypes et des préséries. « Les entrepreneurs auront à leur disposition des imprimantes 3D, des postes de travail électroniques ; des machines d’usinages… tous les équipements nécessaires à la réalisation d’un objet connecté », explique Régis Lauret, directeur marketing d’Éolane. Les achats pourront aussi être mutualisés, par l’intermédiaire d’Éolane.

Pour tester leurs objets en conditions réelles, les start-up auront accès à plusieurs réseaux télécoms. Bouygues Telecom offre la connectivité aux start-up qui le souhaitent. L’opérateur ouvrira en juillet sur Angers son réseau LoRa dédié à l’Internet des objets. De son côté, Orange a développé un « kit 4G pour objets connectés, un boîtier de la taille d’une boîte d’allumettes, qui s’intègre aux objets pour les connecter. Orange offrira la connexion », ajoute Mari-Noëlle Jégo-Laveissière, directrice de l’innovation chez Orange. La start-up Qowisio, qui déploie son propre réseau pour l’Internet des objets, offrira aussi l’accès à son réseau aux locataires de la COC. L’appétit des acteurs télécoms pour les jeunes espoirs de l’Internet des objets correspond aux attentes suscitées par le secteur. D’ici à 2020, il y aura une trentaine d’objets connectés dans chaque foyer français. De son côté, Docapost, filiale de La Poste, lance son concours d’innovation national. Elle ouvrira aussi son Hub numérique aux entreprises de la COC, qui pourront accéder gratuitement à ses supports techniques.

L’implication des grandes entreprises dans ce projet est déjà un premier pari gagné. Les barrières commencent à tomber.

Le Figaro 12/06/2015