10.000 chauffeurs amateurs utilisaient l’application désormais suspendue. Des recrues potentielles pour les services utilisant des VTC professionnels.
Les particuliers qui jouaient les taxis clandestins grâce à UberPop vont-ils franchir le pas de la professionnalisation et se reconvertir en véhicules de transport avec chauffeur (VTC) dûment autorisés ? C’est ce qu’espèrent plusieurs acteurs du secteur, dans la foulée de la suspension d’UberPop, annoncée la semaine dernière par Uber sous la pression des pouvoirs publics.
Selon la start-up américaine, l’application était utilisée par quelque 10.000 chauffeurs amateurs en France. Ces « popers », comme ils se surnomment eux-mêmes, ont été à la fois décontenancés et frustrés par la décision de la société américaine, et l’ont fait savoir sur leurs forums de discussion sur Internet.
Simplicité d’accès
Selon les cas de figure, UberPop représentait pour eux un revenu d’appoint ou une activité à temps plein, qui a suscité beaucoup de vocations du fait de sa simplicité d’accès : pas ou peu d’investissement de départ (ils conduisaient leur propre véhicule), pas d’autorisation officielle à obtenir, une grande liberté dans les horaires… Et le fait de ne payer ni cotisations sociales ni impôts ne gâchait rien.
Pour tenter de répondre aux critiques contre le service, les dirigeants d’Uber avaient certes durci ces dernières semaines les conditions pour être « partenaire ». Ils avaient demandé aux « popers » de créer une structure juridique (soit concrètement de prendre le statut d’autoentrepreneur), de souscrire à une assurance en responsabilité civile professionnelle et de passer une visite médicale avec un médecin agréé par la préfecture. Autant d’éléments qui ne faisaient plus tout à fait de ces chauffeurs des amateurs. Il est toutefois impossible de vérifier la sévérité avec laquelle Uber a fait respecter ces conditions.
UberPop suspendu, les chauffeurs qui l’utilisaient ont désormais 3 options : rentrer définitivement au garage ; se replier sur Heetch, une application « cousine » (lire ci-contre) ; ou bien faire du temps passé au volant leur gagne-pain officiel, en devenant VTC.
C’est ce que souhaite notamment Uber, qui annonçait dès la semaine dernière sa volonté de « remettre ces 10.000 conducteurs sur la route très rapidement, si possible comme chauffeurs VTC » pour la start-up californienne. Mais les concurrents français du secteur vont également tenter de séduire les « popers ». En effet, dans leur immense majorité, les VTC ne sont pas salariés mais indépendants, la plupart du temps sous le statut d’autoentrepreneurs. Ils sont donc libres de s’affilier à l’application de leur choix.
Outre Uber, des sociétés comme LeCab ou Allocab sont en campagne permanente pour affilier de nouveaux chauffeurs. Et les besoins sont particulièrement forts en ce moment, rapporte Yves Weisselberger, cofondateur de SnapCar : « La plupart des applis sont saturées, du fait d’un pic de la demande à cette période de l’année et du report d’une partie de la clientèle d’UberPop. » Des renforts seraient donc bienvenus.
Mais devenir VTC nécessite de remplir plusieurs conditions, et notamment de pouvoir justifier de 250 heures de formation. Cela pourrait décourager certaines vocations. LeCab, un concurrent d’Uber, a au contraire décidé d’en faire un argument, annonçant dès la semaine dernière : « Aux ex-chauffeurs UberPop désireux de se professionnaliser, le message est simple : les portes de LeCab Academy [l’école de formation montée par la société, NDLR] leur sont grand ouvertes ! »
Les Echos 09/07/2015