La France championne des microentreprises

En l’espace de sept ans, près de 1,9 million de Français sont devenus leur propre patron. Plus d’une création d’entreprise sur deux s’est faite sous forme d’autoentreprise.

Le Royaume-Uni attire toujours plus d’entrepreneurs, notamment français, mais c’est la France qui détient en Europe le record de créations d’entreprises. L’écart est énorme entre les deux pays puisqu’il se crée presque deux fois plus d’entités dans l’Hexagone qu’outre-Manche (538.100 en France en 2013, contre 346.000 outre-Manche).

Le problème, pour les jeunes entreprises françaises, c’est qu’une fois créées elles ont plus de mal à se développer et à assurer leur pérennité que leurs consœurs. Résultat, une sur deux met la clé sous la porte dans ses cinq premières années d’activité.

Les chiffres du mois de juin, publiés vendredi par l’Insee, confirment la bonne tenue de la création d’entreprises en France. Après deux mois consécutifs de baisse, le rythme a rebondi de 3,2 % en juin, pour s’élever à 44.362. Il s’agit d’un plus haut depuis décembre dernier, remarque l’Insee. En excluant les microentrepreneurs (ex-autoentrepreneurs), elles affichent encore une progression de 1,9 %, à 25.549. Le commerce revendique le rythme de créations le plus dynamique, avec 12.377 entités ouvertes en juin (+ 2,1 %). La situation reste négative dans l’industrie (- 0,5 %) et la construction (- 0,3 %).

C’est entre 2003 et 2010 que le nombre annuel de créations d’entreprises a connu une véritable explosion (+ 189 % en huit ans), sous l’effet d’un double impact. D’une part les Français ont changé de mentalité à l’égard de l’entrepreneuriat ; mais surtout, à partir de 2008 et la création du très avantageux statut d’autoentrepreneur, ils n’ont plus hésité à sauter le pas et à se lancer dans la création de leur structure.

Près de deux millions d’autoentrepreneurs

En l’espace de sept ans, près de 1,9 million de Français sont ainsi devenus leur propre patron. Plus d’une création d’entreprise sur deux se faisait sous forme d’autoentreprise. Un statut ultrasouple, qui permettait la création d’une entreprise par un simple formulaire sur Internet, avec des charges sociales très limitées. Un statut rêvé pour travailler à temps partiel, compléter ses revenus et exercer une activité tout en cherchant un emploi.

Le mouvement s’est toutefois essoufflé lorsque, en 2013, le régime d’autoentrepreneur a été revu sous la pression d’artisans très remontés, pour qui autoentrepreneur rimait avec concurrence déloyale. Nouvelles taxes, obligation de créer un compte bancaire séparé, hausse des charges, obligation d’avoir une assurance. D’un seul coup, le statut d’autoentrepreneur a perdu de son lustre, les candidats y regardant à deux fois avant de se lancer.

Les conséquences ont été immédiates sur les statistiques des créations d’entreprises. Alors qu’il s’était créé 307.500 autoentreprises en 2012, il n’y en avait plus que 283.500 fin 2014. Le nombre total de nouvelles sociétés restait toutefois dans le vert, avec une hausse de 2 % d’une année sur l’autre, à 550.700 entités.

Le Figaro 17/07/2015