Après une semaine de crise aiguë à Calais, où des centaines de migrants tentent de franchir le tunnel sous la Manche, Londres et Paris ont lancé, le 2 août, un appel commun parlant de “priorité absolue”. Mais David Cameron a tout à perdre dans cette crise, estime The Guardian.
“Ainsi s’achève la lune de miel, assène l’éditorialiste Matthew d’Ancona dans The Guardian ce 3 août. La tourmente à Calais a finalement fait chuter David Cameron de son piédestal de vainqueur des élections [législatives], pour le ramener au terrain politique et à un examen sans pitié de sa réponse à la crise transfrontalière”.
Le Premier ministre a en effet suscité une vive polémique en parlant de “nuées de migrants”, propos qui lui ont valu d’être taxé de raciste. Ce qu’il n’est pas, affirme d’Ancona, bien au contraire : David Cameron est en réalité incapable de donner aux conservateurs britanniques les gages de fermeté qu’ils attendent, notamment de fermer la frontière aux migrants et de créer ce que beaucoup appellent la “Forteresse Royaume-Uni”.
Outre-Manche, la presse de centre-droite n’a jamais vraiment apprécié l’actuel Premier ministre, écrit le journaliste, même si sa large victoire aux élections du 7 mai avait contraint les journaux conservateurs à lui adresser des louanges. “Le fiasco de Calais leur permet de revenir à leurs attaques routinières” contre Cameron, ajoute d’Ancona, pour qui le Premier ministre est coincé entre deux positions extrêmes : il a conscience que le contrôle des frontières est devenu “un véritable test de compétence pour le gouvernement”, mais sait aussi que l’économie britannique “a absolument besoin de la main d’œuvre que représentent les migrants, et qu’une société décente ne peut fermer la porte aux pérsécutés et aux victimes de tortures”. D’où le fait que le “drame de Calais” risque d’enfermer le Premier ministre dans un choix impossible, et devrait le hanter jusqu’à la fin de son mandat.Et ce sujet promet de jouer un rôle crucial dans la campagne pour le référendum sur la sortie de l’Union européenne, qui s’annonce pour l’année prochaine. Tandis que les partisans du maintien dans l’Union assureront qu’un “Brexit” saperait la prospérité économique du Royaume-Uni, “les adeptes d’une sortie avanceront que le pays a perdu le contrôle de son destin et doit d’urgence s’extirper des griffes de Bruxelles, explique l’éditorialiste. Et ils diront : vous n’avez qu’à regarder l’exemple de Calais. ”