La série star de France 3 véhicule une image 100 % positive de la cité phocéenne et attire les touristes.
Dix ans que ça dure : devant le peu pittoresque 37 rue Guibal qui longe les voies de chemin de fer de la gare Saint-Charles, un attroupement guette la sortie de Roland, Mirta, Blanche et Mélanie, les plus anciens des 17 personnages réguliers qui composent le tableau quotidien de « Plus Belle la Vie ». Après 2.800 et quelques épisodes diffusés 260 jours par an sur France 3 face aux JT de 20 heures, le studio de la Belle de Mai s’est hissé en haut du pavé audiovisuel français. Chaque jour, il emmène pas moins de 5 millions de téléspectateurs dans le quartier imaginaire du Mistral. Impossible pour le public de pénétrer les 1.100 mètres carrés de ce site où figurent plus vrai que nature la place ensoleillée du Vieux Marseille, le bar de Roland, le studio de Thomas, la boutique d’Eve, le rez-de-chaussée de l’hôtel Select et les appartements des personnages. Pour rassasier leur appétit de coulisses, les fans de la série doivent donc se rabattre sur le Panier à la recherche du Bar des 13 Coins qui a inspiré le décor principal dans le quartier historique surplombant le Vieux Port. Malgré la fermeture l’an passé de la boutique officielle, près de 100.000 visiteurs s’y pressent selon le décompte de la mairie.Et ils sont de plus en plus nombreux à arpenter aussi le Parc Borély, les jardins du Palais du Pharo, l’esplanade du Mucem, la place Bargemont et le quartier littoral des Goudes qui servent d’extérieurs à 20% des tournages. « Depuis Borsalino, c’est toute la ville qui vibre des souvenirs, parfois inconscients, de décors qui ont marqué le 7e art », explique un passionné. On pense à Marius et Janette, l’Immortel, MR-73, Taxi, Au fil d’Ariane ou la série No Limit.
Diffusion dans 8 pays
La vitrine télévisuelle offerte à la citée phocéenne avec une diffusion internationale dans huit pays, vaut au passage quelques facilités au producteur de « Plus Belle la Vie », Telfrance, comme la simplification de ses demandes administratives de tournage et la gratuité d’accès aux sites. « “Plus Belle la Vie” fait travailler 400 personnes à l’année et génère 30 millions d’euros de retombées pour la ville. Cela vaut bien un peu de bienveillance », explique Séréna Souaghi, déléguée à la mission Cinéma et Audiovisuel. La série a besoin de ça. Réglée comme une mécanique industrielle, elle doit produire chaque jour, sans stress ni heures sup, un épisode entier calqué sur le même schéma de séquences. Seize auteurs s’en répartissent l’écriture . Une équipe forme l’intrigue principale qui va tenir le public en haleine au fil des rebondissements. Une seconde intègre les faits de société du moment, avec une réactivité d’une à deux semaines. La dernière imagine les dialogues qui vont amuser et distraire. Trois mois s’écoulent entre les premiers jets du script et la diffusion de l’épisode qui réunit pêle-mêle « du lien social, du partage, des sursauts et un ancrage dans la vraie vie qui épouse le rythme des saisons, l’actualité et les débats agitant la société », selon Rémy Pfilimlin, président de France Television. En mai 2013 par exemple, la série célébrait un mariage gay, dix jours seulement après la promulgation de la loi. Avec un budget de 30 millions d’euros par saison, PBLV a aussi installé une économie durable dans l’industrie audiovisuelle marseillaise. Chaque épisode mobilise jusqu’à 150 personnes, mais surtout, les studios installés dans le pôle multimédia de la Belle de Mai – la pouponnière à start-up numériques de Marseille – influencent les évolutions technologiques de la série. Déjà très présente sur les réseaux sociaux, elle a lancé un jeu à réalité alternative qui permettra aux internautes d’influencer le destin d’un des personnages. Le producteur de la série a également lancé le chantier d’un nouveau studio dédié aux effets numériques.
Les Echos 07/07/2015