La justice administrative s’apprête à trancher sur l’offre d’un menu alternatif sans porc dans les cantines scolaires.
Les polémiques sur le respect de la laïcité par les maires ne s’arrêtent jamais, pas même en été. A quelques semaines de la rentrée, le menu des cantines scolaires revient sur le devant de la scène. Opposants au libre choix et partisans d’un repas alternatif sans porc se sont affrontés sur ce terrain mardi au tribunal administratif de Dijon.
Ses magistrats, saisis par la Ligue de défense judiciaire des musulmans, vont devoir trancher d’ici à la fin de cette semaine, sur la légalité d’une décision prise en mars dernier par Gilles Platret, le maire (Les Républicains) de Chalon-sur-Saône. Celle de mettre fin, dès la prochaine réouverture des classes, au repas de substitution au porc dans les restaurants scolaires de la ville.
Menus végétariens
Rien n’est simple. D’un côté, les défenseurs de l’association estiment que l’élu « viole la laïcité », les élèves ayant « droit au respect de la liberté de culte et de conscience ». Ce faisant, Gilles Platret aurait également commis, selon eux, un excès de pouvoir, les maires n’étant pas fondés à prendre ce genre de décision, estiment-ils. La partie adverse considère pour sa part que le premier magistrat de Chalon-sur-Saône n’a rien fait d’autre qu’appliquer « la jurisprudence constante du Conseil d’Etat ». Cette jurisprudence ferait de la laïcité « une abstention et non l’obligation positive de fournir à chacun ce qu’il attend pour l’exercice de son culte en exigeant des prestations différenciées », a plaidé Philippe Petit, l’avocat du maire.
Ce dernier, en mettant un terme à une pratique en vigueur depuis 1984, estime avoir posé un « vrai débat de société ». Imaginait-il que sa formation politique en serait le premier réceptacle ? Le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, le soutient. Mais pas Bruno Le Maire, très probable candidat à la primaire pour la présidentielle de 2017 comme l’est tout autant l’ancien chef de l’Etat. Christian Estrosi, le maire de Nice, mais aussi le chef de file des députés LR, Christian Jacob, avaient marqué leurs distances avec l’initiative de Gilles Platret. Christian Jacob avait affirmé au printemps dernier que la ville de Provins dont il est l’édile continuerait à proposer « un menu alternatif ».
Le maire de Chalon assure que d’autres collectivités ont pris des décisions analogues à la sienne. Mais, pour d’autres, le choix a été différent. Perpignan et Toulouse ont récemment indiqué qu’elles proposeraient un menu végétarien dans les cantines à la prochaine rentrée.