D’ici à 2020, la génération Y représentera 75 % des actifs. Cette population complexe entretient des rapports particuliers avec la vie, le travail, la technologie. Mais quel est son rapport à l’alimentation ?
La génération Y a fait et fait couler beaucoup d’encre sur son amour de la technologie et son manque de conformisme. Pourtant très observée et analysée, personne n’avait encore jamais essayé d’explorer réellement sa relation à la nourriture. Cette génération Y qui accède désormais en masse à l’emploi devrait rapidement dominer le monde du travail, comme celui de la consommation. Comment va-t-elle se nourrir ? Que va-t-elle consommer ? Comment ? Ou ? À quelles conditions ?
Ces questions, le monde de la restauration se les pose, car il sait qu’il va devoir s’adapter, anticiper des changements, voire des bouleversements des comportements. Au premier trimestre 2015, l’institut de veille britannique Allegra Foodservice a réalisé une étude auprès d’un millier de jeunes âgés de 18 à 30 ans, sur leurs habitudes et leurs préférences alimentaires. Ces recherches font clairement ressortir cinq grandes tendances :
1) L’avenir appartient à ceux qui se nourrissent tard
La génération Y boude les horaires de repas traditionnels. Elle saute souvent le petit déjeuner, remplacé par un encas en milieu de matinée. Au moment d’acheter son déjeuner, elle cherche une solution à valeur ajoutée, rapide et pratique.
2) Les solutions faciles sont reines
La génération Y mène une vie trépidante. Habituée des repas avalés en peu de temps, la rapidité du service est le facteur le plus important aux moments d’acheter son petit-déjeuner ou son déjeuner. Elle apprécie particulièrement l’aspect pratique que lui offrent les supermarchés et la restauration rapide.
3) Les 18-30 ans, c’est la génération connexions numériques
Les réseaux sociaux sont une partie intégrante de la vie quotidienne de la génération Y. Elle privilégie souvent les points de vente actifs sur les réseaux et souhaite intégrer la technologie à son expérience de restauration.
4) À la recherche théorique d’une alimentation plus saine
Une écrasante majorité des 18-30 ans dit se nourrir sainement, ou du moins en avoir l’intention. Mais leurs choix alimentaires révèlent encore l’inverse. En effet, les burgers et les frites restent nettement plus prisés que les salades, les sandwichs et les fruits.
5) Se mettre à cuisiner : une vraie tendance
91 % de la génération Y déclare cuisiner et s’attend à diminuer ses sorties au restaurant dans les années à venir. Elle cuisine et sert généralement les mêmes plats que ceux qu’elle commande à l’extérieur.
Les conclusions de cette étude ont d’importantes implications pour tout un secteur économique, tout particulièrement pour les traiteurs et les restaurateurs qui servent des repas à cette génération, sur leur lieu de travail et sur les campus universitaires. Mais au moment de repenser ces modes de restauration, des questions se posent :
– Comment adapter les offres au mode de vie de la génération Y, à ses attentes, ses habitudes, ses préférences et ses goûts ?
– Comment utiliser la technologie numérique comme outil marketing ?
– Comment accompagner cette génération dans ses efforts pour manger plus sainement ?
– Quelles sont les implications du retour croissant aux fourneaux pour ce secteur d’activité ?
Cette précieuse observation, qui permet de comprendre les goûts de ces jeunes actifs, devrait encourager les professionnels de la restauration à se renouveler et à proposer de nouveaux concepts pour répondre aux attentes d’une génération Y hyper connectée, exigeante et attentive aux évolutions de la société.
Frédéric Fougerat
Les Echos 17/08/2015