Voici la raison pour laquelle les femmes accèdent plus rarement aux postes de dirigeant.
La perception de la compétence d’une femme baisse de 35% quand elle fait preuve d’un tempérament affirmé dans le monde du travail. Celle d’un homme baisse de 22%. C’est la curieuse découverte d’une étude menée par Joseph Grenny et David Maxfield, deux chercheurs en sciences sociales.
Cette mauvaise image des femmes faisant preuve de fermeté ou de pouvoir a déjà été identifiée. La campagne «Ban Bossy» lancée en mars 2013 par Sheryl Sandberg, la directrice des opérations de Facebook, et savamment parrainée par Beyoncé, visait par exemple à bannir le mot «autoritaire» pour désigner les femmes. Cette interdiction devait aider à casser l’amalgame entre femme dirigeante et femme désagréable.
Féminité inoffensive
Cette fois-ci, les deux spécialistes du monde du travail sont même parvenus à quantifier en argent ce rejet des femmes affirmées dans une entreprise. Selon le magazine Forbes, qui relaie leur étude, le salaire annuel estimé «mérité» d’une femme chute de de 15.088 dollars (soit 13.466 euros) quand elle est est jugée «énergique» ou «affirmée», quand celui d’un homme baisse de 6.547 dollars (5.842 euros) pour la même aggressivité.
Selon Joseph Grenny et David Maxfield, ce sexisme implicite repose en grande partie sur des associations inconscientes. Il existe des raccourcis cognitifs dans notre cerveau qui nous font gagner du temps, le fait d’associer «le vin» au «fromage» et aux «crackers», par exemple, pendant les courses. Mais beaucoup d’autres de ces raccourcis très nourris par la télévision et la presse sensationnaliste, en l’occurrence le fait d’associer la féminité à l’inoffensif et au consensuel, existent aussi en nous et peuvent nous faire glisser dans le sexisme.
Préciser son but
Deuxième volet de cette étude: la réception d’un ordre ou d’un désaccord verbalisé par une femme change si elle en formule le pourquoi. Autrement dit, expliquer avant de vous montrer ferme ou de refuser une proposition pourquoi vous n’êtes pas d’accord, faire état des arguments qui vous amènent à avoir une réaction vive ou pressante, en améliore l’acceptation par votre interlocuteur.
Et bonne nouvelle, il en va de même pour les hommes. Joseph Grenny et David Maxfield préconisent de faire un énoncé bref sur «le but» de sa requête pour éviter le plus possible de semer l’amertume. Le risque d’être perçue comme agressive pour une femme diminue alors moins, de «seulement» 27%. Reste qu’il peut être un peu paradoxal d’amener les femmes à se justifier pour lutter contre leur difficulté à instaurer la fermeté…
Slate 31/08/2015