Amazon devient e-épicier

Le géant américain défie Carrefour et Leclerc avec son supermarché en ligne, dépourvu de produits frais. Mais les grandes marques renâclent.

DISTRIBUTION Amazon se lance à l’assaut de Carrefour, Leclerc, Auchan et Casino. Le leader mondial du commerce en ligne investit véritablement mercredi l’alimentaire en France en ouvrant deux nouvelles boutiques : l’une dédiée à l’épicerie, l’autre aux bières, vins et spiritueux. Alors que le géant américain commercialisait jusque-là de façon disparate moins d’un millier de références alimentaires (nutrition infantile, petfood…), il propose dès ce mercredi un véritable hypermarché en ligne : 30 000 produits d’épicerie sèche (cafés, thés, infusions, biscuits, confiseries, légumes secs et riz, chocolats…) et 4 000 références de bières, vins et spiritueux sont disponibles.

En dehors des produits frais (fruits, légumes, yaourts, viandes…) et surgelés, toujours pas disponibles, les clients d’Amazon trouveront l’équivalent de l’offre de leur supermarché, des biscuits LU aux chips Lays (PepsiCo), en passant par la moutarde Amora (Unilever), les gâteaux Bonne-Maman (Andros), les thés Kusmi Tea, les bonbons Carambar (Mondelez). Alors que le groupe restait jusqu’alors très discret sur son offre alimentaire, il semble aujourd’hui redoubler d’ambition dans ce secteur, particulièrement bataillé entre les enseignes de la grande distribution qui se livrent depuis trois ans à une féroce guerre des prix. « Notre souci est de répondre aux besoins quotidiens de nos clients, et donc de proposer une sélection la plus large possible et des prix attractifs », explique Yannick Migotto, le directeur des catégories biens de consommation sur Amazon.fr. Après cette offensive d’envergure, l’offre devrait s’étoffer dans les prochains mois.

Livraison gratuite à partir de 25 euros d’achats

Amazon dit travailler « avec tous les fournisseurs, aussi bien des grandes marques, que des PME ou des petits producteurs. C’est logiquement dans leur intérêt d’être accessibles au plus grand nombre, et notamment sur un site comme Amazon.fr ». Toutefois, le géant américain n’a pas réussi à convaincre tous les fournisseurs de la grande consommation. La tâche semble particulièrement ardue dans l’univers des boissons sans alcool. Il s’agit, en ­effet, de produits lourds et peu chers, mais coûteux à transporter. Ce qui rend le modèle économique complexe.

Les discussions achoppent souvent sur les prix – qui doivent être alignés sur ceux des hypers et des Drive – et la logistique. Les eaux de Danone et Nestlé, les sodas de Coca-Cola, les pâtes Barilla et la bière de Kronenbourg ne sont pas vendus en direct par ces groupes sur Amazon.fr. Le site promet néanmoins qu’il proposera plusieurs références de ces marques, probablement sur sa place de marché via des vendeurs tiers. De quoi s’attendre à des prix plus élevés et à des conditions de livraison un peu moins bonnes…

Un point sensible, car Amazon compte se distinguer de ses rivaux de la grande distribution et du e-commerce alimentaire (houra.fr, ooshop.fr…) par le service. Il offrira ainsi à ses clients la livraison à domicile ou en point relais à partir de 25 euros d’achats, et sans minimum d’achat pour les membres de son programme Premium. Quitte à perdre de l’argent sur de coûteuses livraisons.

Enfin, comme sur les 15 000 produits d’hygiène et de beauté déjà disponibles par livraison automatique, la livraison par abonnement de paquets de café ou aux packs de lessive sera possible, avec des réductions allant de 5 à 15 %. En revanche, sur sa place de marché, qui pourrait représenter une part substantielle de son offre alimentaire, Amazon ne pourra pas garantir son service maximum, la livraison en J + 1 notamment. Un point qui pourrait décourager les amateurs de courses de dernière minute…

Le Figaro 23/09/2015