Le secteur de la high-tech continue de rebattre les cartes du monde du travail. Après les polémiques sur le statut des chauffeurs employés par Uber, c’est au tour d’Amazon de lancer un nouveau type de contrat de travail : le livreur payé à la tâche. Le distributeur sur Internet a annoncé, mardi 29 septembre, qu’il allait embaucher des employés intermittents pour livrer ses colis.
Le nouveau service, baptisé Flex, consiste à proposer de devenir livreur sur des créneaux de deux, quatre ou huit heures, quitte à reprendre ses activités traditionnelles entre-temps. L’initiative est résumée dans un slogan : « Soyez votre propre chef : livrez quand vous voulez, autant que vous voulez ».
Pas de couverture sociale ou de chômage
Les conditions sont assez limitées : il faut avoir au moins 21 ans, l’âge de la majorité légale aux États-Unis, être détenteur d’un permis de conduire, disposer d’un véhicule et d’un smartphone équipé du système d’exploitation Android. Enfin, les candidats ne doivent pas avoir d’antécédents judiciaires. Le tout est payé entre 18 et 25 dollars de l’heure. La contrepartie : l’employeur ne vous assure aucune couverture chômage ou maladie, tandis que l’assurance du véhicule et les frais d’essence restent à votre charge. C’est le même type de statut de travailleur indépendant, qui permet à Uber de limiter ses coûts et de se développer rapidement sur de nouveaux marchés.
« Il existe une population considérable, qui veut travailler à la demande, affirme Dave Clarck, le responsable des opérations au niveau mondial chez Amazon dans une interview au Wall Street Journal. C’est une autre opportunité pour les gens de travailler avec l’entreprise », ajoute-t-il.
Trouver une solution au casse-tête du « dernier kilomètre »
L’initiative s’intègre dans le cadre du service « Prime Now », que propose Amazon dans une douzaine de villes américaines comme Seattle, le siège du groupe, New York, Chicago ou Atlanta. Il consiste à proposer une livraison dans l’heure suivant la commande pour 8 dollars ou gratuitement si c’est au-delà de deux heures.
Flex est destiné à optimiser le système de livraison d’Amazon. L’employé intermittent a la possibilité de récupérer les colis à proximité de son domicile dans des mini-entrepôts et de les livrer dans un périmètre relativement limité, lui permettant de travailler sur une courte période. Amazon espère ainsi améliorer l’efficacité du « dernier kilomètre », qui reste un casse-tête pour quantité de distributeurs et baisser ainsi ses coûts de livraison qui augmentent plus vite que son chiffre d’affaires.
Mais en lançant ce service, Amazon risque également d’être confronté aux mêmes obstacles juridiques qu’Uber. Le leader mondial des Voitures de transport avec chauffeur (VTC) devrait prochainement faire l’objet en Californie d’une action judiciaire en nom collectif (« class-action ») de la part de plusieurs employés, qui réclament une reclassification de leur contrat de travail. Ils considèrent en effet qu’ils sont des salariés à part entière d’Uber et qu’ils doivent donc bénéficier des avantages liés à un contrat de travail classique.
Le Monde 30/09/2015