Les chauffeurs de taxi ont fait appel d’une décision de justice favorable à Uber. La société californienne est très controversée à Londres.
La décision de justice est tombée la semaine dernière. Uber est conforme à la réglementation à Londres, a jugé la High Court. Transport for London, l’autorité qui régule les transports dans la capitale britannique, avait saisi la justice sous la pression du puissant lobby des taxis. Les black cabs, les fameux taxis noirs, estiment que l’application d’Uber est utilisée comme un compteur de taxi. Or les compteurs sont exclusivement réservés aux taxis traditionnels. Les minicabs, qui peuvent être commandés par téléphone mais ne peuvent pas être hélés dans la rue, n’ont pas le droit d’en utiliser. Ils facturent à leurs clients une somme déterminée à l’avance en fonction du trajet.
Le juge n’a pas suivi le raisonnement des black cabs. L’application d’Uber, qui utilise le GPS, n’est pas un compteur, a-t-il estimé, même si le smartphone tient bien compte de la distance et du temps de trajet pour déterminer le prix de la course. Uber s’est félicité de la décision de la High Court, tandis que l’association des chauffeurs de taxi a fait appel.
Uber n’est pas tiré d’affaire pour autant à Londres, où l’application est aussi controversée que dans d’autres grandes villes et suscite, comme à Paris, des manifestations de taxis provoquant des embouteillages géants. Le mois dernier, Transport for London, qui dépend de la mairie, a lancé une concertation en vue de réguler le boom d’Uber et des applications concurrentes. Parmi les mesures envisagées – rien n’est décidé pour l’instant -, les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) devraient attendre un minimum de cinq minutes avant de prendre un client. Les usagers auraient la possibilité de réserver les voitures jusqu’à une semaine à l’avance. Et les chauffeurs ne pourraient travailler que pour une entreprise de VTC à la fois.
Prises de position
Le maire de Londres, Boris Johnson, a plusieurs fois pris la défense des black cabs, soulignant que l’essor des VTC posait des problèmes de circulation et de pollution. Transport for London estime qu’il y aura 128.000 VTC dans l’agglomération en 2017, deux fois plus qu’en 2010. Mais le maire a dû tempérer ses prises de position ces derniers jours face au succès d’Uber. Quelque 130.000 clients ont signé la pétition de la société californienne, lancée le mois dernier. Le ministre de l’Economie, le très libéral Sajid Javid, a critiqué les propositions mises sur la table pour limiter le développement de l’application, estimant qu’elles représenteraient un « préjudice spectaculaire » pour les clients. L’Institute of Directors, une organisation patronale, a elle aussi pris la défense d’Uber en se félicitant de la décision de la High Court
Les Echos 20/10/2015