Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 23 octobre 2015

 

  1. La Frankfurter Allgemeine Zeitung titre sur le « démantèlement d’un groupe terroriste d’extrême-droite en Franconie », région au nord de la Bavière. Die Welt juge que « la police est débordée par la crise migratoire » et ses conséquences. La Süddeutsche Zeitung consacre sa Une aux allégations d’achat de l’organisation de la coupe du monde de football 2006 par l’Allemagne (« le trafic en millions du Mondial 2006 »). Le quotidien économique Handelsblatt s’inquiète des conséquences pour l’épargnant allemand du renforcement des orientations actuelles de la politique monétaire de la BCE, esquissé hier par Mario Draghi (« Le cadeau de Draghi »). Le dossier du week-end du Handelsblatt est consacré aux dirigeants étrangers des grandes entreprises allemandes et se demande « les étrangers sont-ils les meilleurs Allemands ? » Le Tagesspiegel indique que la chancellerie fédérale doit sauver la compagnie aérienne Air Berlin.
  2. Allemagne

« Un groupe terroriste d’extrême droite démantelé en Franconie » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Sous ce titre à sa Une, la FAZ fait état d’une vaste perquisition ayant conduit à l’interpellation, mercredi à Bamberg, de 13 personnes (11 hommes et 2 femmes âgées de 21 à 36 ans). Surveillés par la police en raison de leur appartenance supposée à un groupuscule criminel, ces personnes sont soupçonnées d’avoir planifié des incendies criminels contre deux foyers de demandeurs d’asile de la région, ainsi que des actes de violence contre des militants d’extrême gauche.

Outre les mises en garde de la police criminelle fédérale contre le risque accru d’actes de violence visant responsables politiques et personnes impliquées dans l’aide aux réfugiés, Die Welt indique aujourd’hui que le syndicat de la police allemande lance un avertissement. Les forces de police « débordées par la crise des réfugiés », n’auraient plus les moyens nécessaires pour assurer le contrôle de la circulation, ce qui se traduirait par une augmentation des accidents et des morts sur les routes.

Gabriel, « l’homme des quotas » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble des quotidiens rapportent, non sans marquer leur surprise, que le président du SPD a exprimé sa sympathie pour la motion qui doit être présentée lors du prochain congrès du parti en décembre visant à instaurer à la direction du SPD et de son groupe parlementaire une présidence paritaire bicéphale. Doutant de l’enthousiasme réel de Sigmar Gabriel, les quotidiens marquent leur scepticisme. « Voilà un projet qui sent la pseudo égalité homme-femme », estime ainsi la tageszeitung. Si un partage des tâches revêt tout son sens à la base du parti, en province, où il est difficile de trouver des candidats, au niveau des fédérations régionales et a fortiori au niveau national, ce n’est en revanche aucunement une garantie de succès, fait valoir la Süddeutsche Zeitung pour qui il suffit de regarder du côté des Verts ou de Die Linke pour en avoir la certitude. Pour la Berliner Zeitung, force est de constater que le projet touche déjà à ses limites dans la mesure où la candidate prédestinée à occuper le poste aux côtés de Sigmar Gabriel, Hannelore Kraft, a toujours répété qu’elle n’envisageait aucunement de quitter Düsseldorf pour Berlin, sans compter qu’on imagine mal Sigmar Gabriel se laisser rabaisser au rang de co-président. Bref, un tel projet ne saurait être envisagé que pour après 2017, à la suite d’une élection perdue pour le SPD, juge le quotidien.

  1. Europe

« La Commission européenne veut faire plus de concessions à la Turquie » (Bild)

Le tabloïd Bild, ayant eu connaissance du procès-verbal d’une réunion de la commission européenne le 14 octobre dernier, rapporte que l’UE est prête à proposer à la Turquie d’ouvrir le chapitre « Energie » des négociations d’adhésion en contrepartie de l’aide d’Ankara pour stopper l’afflux de réfugiés en Europe. Lors de cette réunion, le vice-président de la commission Frans Timmermans s’est prononcé en faveur d’un « partenariat stratégique [avec la Turquie] sur la base de concessions mutuelles », indique encore le quotidien.

Réfugiés / interview dans Die Welt de la ministre des affaires étrangères croate

Interrogée sur la crise des réfugiés et la relation tendue entre Slovénie et Croatie, Vesna Pusić juge que les critiques du Premier ministre slovène sur un manque de coopération croate « sont totalement hors de propos », minimisant les problèmes slovènes. « Le fait est que les réfugiés ne veulent pas rester dans les Balkans, c’est pourquoi c’est l’Allemagne qui devrait bénéficier le plus d’aide et de solidarité dans l’UE », botte en touche la ministre des affaires étrangères croate en se déclarant « impressionnée par le rôle de leader assuré par Angela Merkel dans la crise ». Estimant que l’origine de la crise se trouve dans le refus de la Turquie d’assumer plus longtemps seule les conséquences du conflit en Syrie, elle appelle l’UE à concentrer ses efforts sur les négociations avec la Turquie.

« Draghi prépare la prochaine injection d’argent frais » (Handelsblatt)

Les quotidiens conservateurs, rétifs à la politique d’assouplissement monétaire pratiquée par le président de la BCE, donnent un large écho aux déclarations de Mario Draghi envisageant de nouvelles mesures de soutien avant la fin de l’année pour lutter contre l’inflation très basse, « une bonne nouvelle pour les actionnaires et exportateurs et une mauvaise pour les épargnants », résume le Handelsblatt. Sans surprise, le quotidien économique juge que la situation économique de la zone euro, plutôt dans une phase de reprise naissante, ne justifie pas une nouvelle intervention de la BCE, et déplore une « politique monétaire erratique » alors que la « sérénité » s’imposerait face à la volatilité des marchés. La FAZ estime, dans un portrait du « maître des taux d’intérêt nuls », que Mario Draghi est certes plus puissant politiquement que ne l’a jamais été un président de la BCE, mais reste impuissant à relancer l’économie européenne uniquement par sa politique monétaire.

  1. International

Avant-papier sur la visite de la chancelière en Chine : « désenchantement diplomatique » (Süddeutsche Zeitung)

Evoquant le déplacement prévu de la chancelière la semaine prochaine en Chine pour une visite de trois jours, le quotidien indique que les relations germano-chinoises se trouvent actuellement « dans une phase de désenchantement ». « L’attentisme allemand contraste actuellement avec l’hyperactivité déployée par les Britanniques », relève le quotidien en faisant allusion à la visite d’Etat du président chinois à Londres. A ceci s’ajoute que les Allemands sont sous le coup d’une demande chinoise en repli dans le secteur de l’automobile et des machines-outils après la période faste qu’ont été les années 2005 à 2013.

Dialogue germano-russe de Saint-Pétersbourg

La presse allemande rend compte de l’ouverture du Dialogue germano-russe de Saint-Pétersbourg hier à Potsdam et indique que la chancelière y a souligné l’importance du dialogue avec la Russie tout en jugeant que les relations germano-russes étaient face à « une mise à l’épreuve difficile » dans le contexte de la crise ukrainienne. Les quotidiens relèvent également les tensions manifestes sur la Syrie entre les co-présidents du Dialogue – le représentant allemand Ronald Pofalla et le représentant russe Victor Subkov – dont la conférence de presse inaugurale a relevé de la « joute oratoire » (Süddeutsche Zeitung). La FAZ publie, dans ce contexte, une tribune de Wolfgang Ischinger dans laquelle le président de la conférence de Munich sur la sécurité insiste sur « l’échec de la construction d’un partenariat de confiance [entre Berlin et Moscou] après plus de 25 ans de relations » entre les deux pays. W. Ischinger propose un plan en cinq points « pour surmonter le fossé » entre l’Allemagne et la Russie : renforcer les mesures de confiance entre l’OTAN et la Russie pour réduire le risque d’escalade militaire, régler la crise ukrainienne, défendre l’OTAN et le droit international tout en conservant une porte ouverte pour la Russie, définir une nouvelle procédure diplomatique pour défendre les acquis d’Helsinki et mettre en avant le « rôle clé » joué par la Russie et l’Allemagne sur la scène internationale.

Rencontres diplomatiques à Berlin : « beaucoup de volonté, peu de puissance » (Tagesspiegel)

« Benjamin Netanyahou rencontre Angela Merkel, Netanyahou rencontre Frank-Walter Steinmeier, Steinmeier rencontre John Kerry, Netanyahou rencontre Kerry – tout cela en 24 heures à Berlin », écrit le Tagesspiegel en exergue d’un commentaire sceptique sur les résultats à en attendre tant pour contrer l’escalade de la violence à Jérusalem que pour résoudre la crise syrienne. Pour le quotidien de Berlin, cette succession de contacts dans la capitale allemande témoigne malgré tout de « l’augmentation énorme des attentes internationales vis-à-vis de l’Allemagne », notamment dans le contexte de la crise migratoire. Evoquant également la tournée décevante de F.-W. Steinmeier au Moyen-Orient, le journal juge que le gouvernement allemand doit renforcer sa politique étrangère, car « se retirer ou abandonner n’est pas une option ». Die Welt déplore, de façon générale, « la faiblesse » des Occidentaux dans la gestion de la crise syrienne, dont les appels à dialoguer avec la Russie et l’Iran ne sont pas entendus et qui, sous couvert de Realpolitik « se laissent mener par Moscou et Téhéran en Syrie »./.