Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

26 octobre 2015

 

  1. Les propositions de la Commission présentées lors de la rencontre de Bruxelles hier sur la crise migratoire font les gros titres de la presse écrite (dont les éditions étaient bouclées avant la connaissance du résultat de la réunion) : « les Européens contre la politique du laisser-passer » (Frankfurter Allgemeine Zeitung),  « l’UE veut des contrôles pour la route des Balkans » (Süddeutsche Zeitung). Die Welt met à sa Une une interview du vice-président du SPD Ralf Stegner qui estime qu’« il n’y a pas de grande coalition sans Merkel » comme un avertissement à ceux qui la critiquent dans les rangs conservateurs. Le Tagesspiegel estime que « les citoyens vont devoir payer la sortie du charbon » compte tenu des mesures figurant dans l’accord trouvé entre le gouvernement fédéral et les énergéticiens. Le quotidien économique Handelsblatt consacre un dossier à Facebook, « puissance mondiale sans morale ».
  2. Allemagne/Europe/réfugiés

Politique migratoire : « les Afghans vont devoir retourner d’où ils viennent » (Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung)

Sous ce titre, l’hebdomadaire fait état de la volonté du gouvernement fédéral de limiter l’afflux de réfugiés originaires d’Afghanistan qui constituent, après les Syriens, le plus fort contingent de demandeurs d’asile. Depuis 2012, pas plus de 10 ressortissants afghans par an ont été reconduits à la frontière, indique le journal qui avance le chiffre de 7 200 Afghans qui résideraient en Allemagne sans bénéficier du droit de séjour, une situation à laquelle le ministère fédéral de l’intérieur souhaiterait mettre fin.

En outre, la presse reprend depuis vendredi les déclarations du ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière (CDU) annonçant un accord au sein de la grande coalition sur la mise en place de « zones de transit » aux frontières allemandes. Elle constate néanmoins que le contenu de l’accord reste imprécis au-delà d’une entente sur l’enregistrement des réfugiés et le traitement rapide de leurs dossiers au premier point d’accueil, le SPD affirmant qu’il n’y aura pas de zones de rétention aux frontières allemandes. La presse voit dans la « confusion » entre les messages des responsables CDU et SPD un signe de fébrilité au sein d’une grande coalition qui cherche l’équilibre entre un message dissuasif et un message d’accueil pour les persécutés.

« Schäuble se positionne-t-il contre Merkel ? » (Handelsblatt)

L’ensemble de la presse fait état des dissensions au sein de la grande coalition, notamment après les déclarations du chef de la CSU et ministre-président de Bavière qui aurait déclaré face à des élus locaux bavarois que « si l’on ne corrige pas le tir en matière de politique migratoire, alors c’est l’existence de la CDU et de la CSU qui est menacée », des propos que la Süddeutsche Zeitung interprète comme un avertissement de la CSU envers la CDU et une forme de remise en cause de la coalition. « Dans les rangs du groupe parlementaire CDU, les détracteurs de Merkel espèrent l’appui de Wolfgang Schäuble », indique le Handelsblatt selon lequel lors de la dernière réunion du praesidium de la CDU la semaine dernière, le ministre des finances aurait énergiquement contredit l’optimisme du secrétaire général de la CDU et évoqué une « situation dramatique » à la base du parti, ajoutant que si les nouvelles dispositions législatives en matière de droit d’asile n’entrent pas rapidement en vigueur, c’est une scission qui menace la CDU. Dans un commentaire qui critique la « perte de contrôle » de la situation, la FAZ fait valoir que les vertus morales ne sauraient suffire à maîtriser la crise des réfugiés et qu’il faut que l’Allemagne redevienne maîtresse de ses frontières. « La politique migratoire ratée de Mme Merkel isole l’Allemagne en Europe », déplore le journal qui s’interroge : « pourquoi le citoyen devrait-il avoir confiance en un Etat qui ne se conforme pas lui-même au droit comme on a pu en faire le constat avec Dublin dans la crise des réfugiés ou avec Maastricht lors de la crise de l’euro ? ».

Dans un entretien à l’hebdomadaire Bild am Sonntag, l’ancien ministre des affaires étrangères Joschka Fischer prend la défense de Mme Merkel et déclare ne pas entrevoir actuellement de majorité contre elle. Interrogé sur le virage politique à droite observé en Suisse, en Autriche et en Pologne, il déclare se soucier bien plus de la France. « Si une Marine Le Pen devait y être élue à la présidence de la République, l’Europe aurait un problème existentiel », déclare-t-il avant d’ajouter qu’une plus étroite coopération franco-allemande est le seul moyen de lui barrer la route.

« Les Européens contre la ‘politique du laisser-passer’ » (FAZ)

La presse est peu optimiste sur les résultats du « mini-sommet » de Bruxelles consacré à la crise des migrants, après un début de rencontre marqué par les dissensions entre les pays touchés directement par l’engorgement de la route des Balkans. Les annonces et déclarations d’intention sur une meilleure coordination des mesures nationales et la création de centres d’enregistrement aux frontières extérieures de l’UE sont certes saluées comme des « tentatives de réguler un peu le chaos » (Süddeutsche Zeitung, Handelsblatt), mais les commentaires restent sceptiques sur l’évolution à court terme de la situation et pessimistes sur l’avenir de l’Union européenne si elle n’arrive pas à maîtriser cette crise migratoire. « La cohésion entre les Etats membres n’a probablement jamais été mise à si rude épreuve, l’UE est pour l’instant tout sauf solidaire », s’alarme la FAZ. « Il manque un esprit communautaire dans la résolution de cette crise, qui va avoir une signification historique pour l’Europe face à la montée des extrémismes nationaux », renchérit le Handelsblatt. « Le problème est que nombreux sont ceux au sein de l’UE qui refusent de reconnaître qu’il s’agit d’un problème commun », déplore la Süddeutsche Zeitung sans nommer les pays visés par cette critique.

Revenant sur les conditions d’organisation de la rencontre de Bruxelles, le Handelsblatt fait par ailleurs le constat de la perte de poids politique du président du Conseil européen, « spectateur au lieu d’être maître de cérémonie ». Le quotidien se fait l’écho de critiques de hauts fonctionnaires européens envers Donald Tusk, « très décevant » dans le rôle d’un médiateur entre les chefs d’Etat et de gouvernement européens et dont l’action à la tête du Conseil serait trop partisane et manquerait de professionnalisme.

  1. Allemagne

« Décision sur une sortie partielle du charbon : des milliards pour rien » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Les quotidiens font état de l’accord intervenu entre le ministère fédéral de l’économie et les énergéticiens allemands portant sur la mise à l’arrêt progressive ces sept prochaines années de neuf centrales au charbon qui recevront en compensation 230 millions d’euros annuels, une mesure que le ministre Sigmar Gabriel (SPD) a qualifiée d’importante pour que l’Allemagne puisse atteindre ses objectifs en matière de réduction des émissions de CO2 à l’horizon 2020 sans pour autant que les régions concernées soient sinistrées en matière d’emplois. Doutant de la compatibilité de telles subventions avec la législation européenne et s’interrogeant sur les réels bienfaits climatiques du compromis, la presse, à l’instar de la FAZ, vilipende son coût pour le consommateur et contribuable allemand, même si cet accord, qui marque une étape dans la sortie du charbon, pourra être mis en avant par l’Allemagne en vue de la COP 21 à Paris, souligne la Süddeutsche Zeitung.

  1. Europe

Grèce / « Hollande veut aider Tsipras » (Süddeutsche Zeitung)

Die Welt et la Süddeutsche Zeitung rendent compte brièvement du déplacement en Grèce du président de la République en se focalisant sur les questions budgétaires et de réformes. Dans une brève, la Süddeutsche Zeitung indique que la France a évoqué la possibilité d’une renégociation de la dette grecque si les réformes promises par Athènes étaient mises en œuvre. Le quotidien rapporte que contrairement à Alexis Tsipras, François Hollande estime qu’une sortie de la Grèce de la zone euro n’est plus envisagée par les partenaires européens d’Athènes. A la marge, le journal note enfin la signature d’un accord bilatéral de partenariat stratégique. Die Welt évoque pour sa part les déclarations du président de la République sur un allègement de la dette grecque dans le contexte plus général de la situation budgétaire des Etats endettés en Europe. Le quotidien de Berlin écrit que l’endettement général a certes diminué mais que la volonté de réformes et de rigueur budgétaire laisse à désirer dans certains pays (la France et l’Italie sont citées) d’autant que certains, telle l’Autriche, exigent davantage de flexibilité budgétaire face au coût de la crise des réfugiés. S’agissant de la Grèce, Die Welt précise qu’avant la visite du président de la République, les représentants des créanciers de la Grèce s’étaient rendus à Athènes et que le vice-président de la commission européenne Valdis Dombrovskis y est attendu aujourd’hui et demain pour évaluer l’état d’avancement des réformes promises.

  1. International

Visite du premier ministre ukrainien à Berlin

Dans leurs éditions du week-end, les quotidiens rendent compte du déplacement à Berlin du Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, au cours duquel il s’est entretenu avec la chancelière, principalement sur les réformes en Ukraine. Le Tagesspiegel et la Berliner Zeitung mettent en avant les propos d’Angela Merkel qui a affirmé « croire à la volonté de réforme du Premier ministre » et soulignent que la chancelière a ainsi réfuté les déclarations du président du groupe parlementaire d’amitié germano-ukrainienne, Karl-Georg Wellmann (CDU), qui avait dénoncé le manque de volonté du gouvernement ukrainien pour lutter contre la corruption. Les journaux insistent également sur le volet économique de la visite du premier ministre ukrainien, A. Merkel et A. Iatseniouk ayant participé à une conférence sur les investissements en marge de laquelle a été inaugurée la chambre de commerce et d’industrie germano-ukrainienne. Dans ce contexte, la chancelière a rappelé que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et l’Ukraine entrerait en vigueur le 1er janvier 2016 et que celui-ci n’est pas dirigé contre la Russie.

Dans un entretien au Handelsblatt, Arseni Iatseniouk martèle l’engagement du gouvernement ukrainien à mener des réformes pour lutter contre la corruption et stabiliser l’économie ukrainienne et détaille les mesures qui ont été déjà prises dans ce but, notamment en matière de dérégulation économique, énergétique et de réformes des salaires et des retraites. A. Iatseniouk tire entre outre à boulets rouges sur la politique régionale et internationale de Moscou, estimant que Vladimir Poutine ne cesse de « rejeter la faute sur les autres », que ce soit dans le cadre de la crise ukrainienne ou de la crise syrienne. Il se réjouit également de l’absence de nouveaux morts sur le front oriental ukrainien et insiste sur son attachement au respect des accords de Minsk./.