Les écoles de la fonction publique devront diversifier leur recrutement

« Il n’y a pas assez de hauts fonctionnaires issus des milieux populaires, et ce n’est pas normal. Le décalage entre les élites et la société est trop important », a estimé le premier ministre Manuel Valls lors du comité interministériel à l’égalité et à la citoyenneté, aux Mureaux (Yvelines), lundi 26 octobre.

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Pour y remédier, il a annoncé que les 75 écoles qui donnent accès à la fonction publique « devront s’engager au premier semestre 2016 sur un plan permettant de renouveler les origines sociales de leurs étudiants pour une mise en œuvre à la rentrée 2016 ». Sont notamment concernés les instituts régionaux d’administration (IRA), les écoles de police, de la magistrature ou encore l’ENA.

A l’issue d’un diagnostic de l’origine socio-économique des élèves, un objectif de diversification de leur recrutement sera fixé. Le programme, qui sera « progressivement » mis en place à compter de la prochaine rentrée, « pourra inclure des dispositifs du type développement de l’apprentissage, mobilisation des classes préparatoires intégrées et toute autre modalité qui sera proposée par les écoles », précise le dossier de presse.

Dispositif « égalité des chances » à l’ENM

Le premier ministre s’est défendu de « promouvoir la discrimination positive ». Selon lui, « il s’agit de donner sa chance à chacun, vraiment à chacun. Ce n’est pas le cas lorsque, comme aujourd’hui, les enfants d’ouvriers sont 5 % en cursus de doctorat, 6 % en classes préparatoires et moins de 3 % dans les écoles normales supérieures et autres grandes écoles ».

Un dispositif « égalité des chances » existe déjà à l’Ecole nationale de la magistrature, sous la forme de classes préparatoires qui préparent chaque année au concours d’entrée 45 étudiants en droit, notamment sélectionnés en fonction de leurs ressources financières et de leurs résultats antérieurs.

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A l’ENA, le concours a été remanié afin de démocratiser le recrutement : selon une récente étude, 70 % des élèves de cette école formant les hauts fonctionnaires ont leur père qui appartient aux catégories socioprofessionnelles supérieures, alors que celles-ci représentent seulement 15 % de la population active.

Le Monde 27/10/2015