Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

28 octobre 2015

 

  1. Les critiques du ministre président bavarois et président de la CSU contre la gestion par l’Autriche de la crise migratoire, assorties d’un « ultimatum » au gouvernement fédéral allemand pour que ce dernier intervienne, font les gros titres de la presse allemande ce matin : « pour la Bavière, la gestion de la crise par l’Autriche est ‘scandaleuse’  » (Süddeutsche Zeitung) ; « la Bavière reproche à l’Autriche de mettre en danger la sécurité de l’Allemagne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « M. Seehofer entre en conflit avec tout le monde » (Die Welt). Le quotidien économique Handelsblatt dresse un bilan positif des politiques de sauvetage de la zone euro, soulignant toutefois une exception grecque.
  2. Allemagne

« La Bavière reproche à l’Autriche de mettre en danger la sécurité de l’Allemagne » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

L’ensemble de la presse se fait l’écho des déclarations du ministre bavarois de l’intérieur qui a reproché aux autorités autrichiennes, accusées de conduire les migrants à la frontière allemande, un « comportement scandaleux ». Les journaux indiquent aussi que le ministre-président de Bavière et chef de la CSU a demandé à la chancelière de prendre contact avec son homologue autrichien pour mettre fin à cette situation. Reprenant le contenu de l’entretien de Horst Seehofer avec le quotidien bavarois Passauer Neue Presse, les journaux insistent sur « l’ultimatum » (trouver une solution d’ici dimanche destinée à contrôler et limiter l’afflux de migrants) lancé par le chef de la CSU auquel la chancelière a répondu par : « on ne saurait inverser la tendance d’un seul coup ; il va falloir agir pas à pas ». La presse indique qu’une rencontre est prévue samedi entre Mme Merkel et M. Seehofer et sera suivie d’une nouvelle rencontre élargie à Sigmar Gabriel (SPD) dimanche. Sous le titre « Seehofer va-t-il faire éclater la coalition ? », le tabloïd Bild avance qu’il n’est pas exclu que le chef de la CSU, qui réunira lundi les instances dirigeantes de son parti, exige le retrait des trois ministres CSU du gouvernement fédéral. Parmi les réflexions en cours, ajoute le journal, il est question de fermer la frontière entre la Bavière et l’Autriche, soit par une présence policière, soit par une clôture, ou encore de faire monter les réfugiés dans des bus ou des trains pour les répartir dans d’autres Länder. Les appels à une fermeture des frontières se font de plus en plus insistants, relève Bild, qui signale un courrier en ce sens des responsables politiques locaux de la CDU au chef de la chancellerie Peter Altmaier.

Commentant les nouvelles menaces proférées par Horst Seehofer, les journaux s’accordent à constater que Seehofer « n’en est pas à ses premières menaces et que celles-ci ont rarement été suivies d’effet » (Bild). A ceci s’ajoute que si le défi migratoire est devenu un péril pour la poursuite de la grande coalition, la CSU a davantage besoin de la CDU pour exister politiquement en dehors de la Bavière que la CDU n’a besoin de la CSU. Pour le Handelsblatt, ce que veut obtenir Horst Seehofer c’est l’aveu par la chancelière que sa politique des frontières ouvertes a échoué. Non seulement il n’obtiendra pas cet aveu, mais en plus ses menaces sont contre-productives car la dispute amène les électeurs conservateurs, qui ont perdu confiance, à se détourner de la CDU/CSU et fait le jeu des partis extrémistes, à commencer par l’AfD qui prospère particulièrement en Bavière. « Le seul fait de menacer d’un cavalier seul ne suffit pas pour ôter à la population ses peurs », estime également la FAZ qui doute des options que pourrait concrètement mettre en oeuvre la CSU. Toujours est-il qu’au lieu de chercher à conserver la cohésion de la population actuellement mise à l’épreuve, la CDU/CSU devient elle-même une partie du problème », déplore le quotidien conservateur.

Le président du Bundestag menace de bloquer le TTIP

Dans un entretien accordé aux quotidiens régionaux du groupe Funke-Medien, le président du Bundestag, Norbert Lammert (CDU), déplore vivement que les documents relatifs aux négociations sur l’accord de libre-échange UE-Etats-Unis ne soient toujours consultables par les membres des gouvernements et parlements nationaux que de manière très restreinte dans les ambassades américaines. « Je considère comme exclu que le Bundestag ratifie un accord commercial entre l’UE et les Etats-Unis dont il n’aura pu accompagner le processus de négociation et sur lequel il n’aura pu influer par des propositions alternatives », déclare-t-il.

  1. Europe

Adoption du paquet législatif relatif aux télécommunications

Les quotidiens prennent acte en passant de la décision du parlement européen de mettre fin en 2017 aux frais d’itinérance dans l’UE, mais font grand cas du vote des nouvelles règles censées garantir la « neutralité du net », c’est-à-dire l’égalité de traitement de tous les flux de données sur internet, tout en autorisant certaines exceptions. A l’instar du Tagesspiegel, la presse souligne que les défenseurs de la liberté des usagers du net craignent l’instauration de facto d’un « internet à deux vitesses » selon la puissance économique et le besoin en haut débit de certains services commerciaux. « C’est la quadrature de l’égalité, en pratique certains sont plus égaux que d’autres », lâche Die Welt en préconisant la mise en place d’une autorité de la concurrence dédiée aux télécommunications : « il en va du monde virtuel comme du monde réel : pas de liberté sans encadrement du marché ». Le Handelsblatt fait le lien avec la conférence numérique franco-allemande en déplorant l’envoi par l’UE de « signaux contradictoires » : « alors que les annonces faites à Paris renforcent les start-ups, les parlementaires européens au contraire les freinent en touchant à la sacro-sainte neutralité du net ». Estimant que la formulation « vague » des textes permet trop de marge d’interprétation sur les exceptions autorisées pour les « services spécialisés », le Handelsblatt craint que les start-ups européennes ne soient défavorisées par manque de capacités financières, « et pire encore, par rapport à leurs concurrentes aux Etats-Unis, où la neutralité du net a été au contraire récemment réaffirmée ».

Dans ce contexte, le Tagesspiegel publie un entretien avec le commissaire européen chargé de l’économie numérique, Günther Oettinger (CDU), lequel défend son bilan et ses compétences au bout d’un an à ce poste. Interrogé sur l’avancée des projets européens dans le domaine du numérique, il promet à nouveau la création d’un « Airbus du cloud » doté des « meilleurs standards en matière de protection des données ».

« Les crédits pour Athènes à nouveau sur la corde raide » (FAZ)

La Grèce est toujours en attente du déblocage du versement d’une tranche de deux milliards d’euros du troisième paquet d’aide européen, les créanciers achoppant sur le fait que seules 18 des 49 réformes exigées ont été mises en œuvre, rapporte l’ensemble de la presse, tout en soulignant qu’à ce stade, la commission européenne ne voit néanmoins encore aucune raison de s’alarmer. Le Handelsblatt – qui consacre son dossier de Une au succès des plans européens de sauvetage (« L’Europe y arrive quand même ! ») compte tenu du fait que Chypre s’apprête à boucler son plan d’aide, tout comme avant elle l’Espagne, le Portugal et l’Irlande – estime que la Grèce reste le cas à part de la politique de sauvetage de l’euro.

  1. International

Mali

La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre deux longs reportages à la situation sécuritaire au Mali. Sous le titre « exploration d’un nouveau monde », un premier article décrit la préparation de l’engagement de la Bundeswehr dans ce pays et précise que Berlin planifierait le déploiement d’un contingent de 700 soldats maximum dans la région de Gao en 2016. Le quotidien de Francfort indique que les premiers rapports de planification insistent sur le fait que « la situation sécuritaire menaçante et la nature de la mission des forces allemandes exigent une conduite des opérations autonome et robuste ». C’est une tonalité, juge le journal, qui semblerait tirée d’un document de planification pour une intervention en Afghanistan. De fait, rapporte le journal, il s’agit d’une mission à risques, y compris parce que la MINUSMA est contestée par la population et que le gouvernement malien ne tait ses critiques que sous la pression française. Un second article, intitulé « signal aux partenaires de l’alliance », revient sur l’intervention française au Mali et sur l’évolution de la position allemande dans le contexte de la crise malienne. Pour la FAZ, « l’histoire de la participation allemande à la MINUSMA au Mali a commencé par une erreur d’appréciation ; alors que la France s’est engagée en premier en janvier 2013 contre les islamistes (…), Berlin ne voulait alors rien savoir ». L’article décrit ensuite l’évolution allemande, liée notamment au déploiement d’une mission des Nations unies et à l’engagement néerlandais. Le quotidien décrit par ailleurs les succès des opérations Serval puis Barkhane tout en jugeant que la menace terroriste demeure réelle dans l’espace saharo-sahélien.

  1. France

Conférence numérique franco-allemande  

Sur un mode factuel, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le Handelsblatt et la Berliner Zeitung rendent compte de la conférence numérique franco-allemande, hier à Paris, soulignant qu’elle a vocation à se tenir tous les ans./.