Aujourd’hui en Allemagne

Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne

Synthèse de la presse quotidienne

 

29 octobre 2015

 

  1. L’augmentation d’environ 5% des retraites en 2016, permise par un taux d’activité élevé et une correction statistique, fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « la plus forte augmentation des retraites depuis des décennies » (Süddeutsche Zeitung), « l’augmentation des retraites la plus élevée depuis 20 ans » (Die Welt), « la plus forte augmentation des retraites depuis 22 ans » (Bild). La Frankfurter Allgemeine Zeitung juge en Une que « Le ton monte dans la dispute entre Berlin et Vienne au sujet des réfugiés». Le Handelsblatt retient d’une interview donnée par le vice-chancelier et président du SPD Sigmar Gabriel à l’hebdomadaire Stern que « M. Gabriel veut [être candidat au poste de chancelier en 2017] ». Le Tagesspiegel indique « les banques vont être tenues d’ouvrir des comptes pour tous », y compris les SDF et les demandeurs d’asile.
  2. Allemagne

« Le ton monte dans la dispute entre Berlin et Vienne au sujet des réfugiés » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)

Le quotidien de Francfort fait état des déclarations du ministre fédéral de l’intérieur, Thomas de Maizière (CDU) qui, à son tour, a vivement critiqué hier l’attitude du gouvernement autrichien. « Nous critiquons le fait que, sans le moindre avertissement, une fois la nuit tombée, des réfugiés ont été conduits à des endroits précis d’où, sans aucune préparation ni assistance, ils ont pu gagner la frontière allemande », a-t-il fait valoir. Dans un entretien à la FAZ, la ministre autrichienne de l’intérieur se défend contre l’affirmation que son pays agirait de la sorte. Evoquant par ailleurs l’ultimatum adressé par le chef de la CSU à la chancelière, la presse s’interroge sur les possibilités de recours juridique que pourrait envisager la CSU, la Süddeutsche Zeitung doutant des chances d’une plainte (pour non-respect du règlement Dublin) déposée devant la Cour constitutionnelle d’aboutir. Le journal indique aussi que la présidente de la CSU bavaroise a démenti les informations selon lesquelles la CSU pourrait rappeler ses trois ministres du gouvernement fédéral. Dans un commentaire à sa une, le Tagesspiegel critique vivement la « politique des ultimatums et des lignes rouges » dont use Horst Seehofer, estimant que ce n’est pas une manière de gouverner et que cette posture soit conduit à l’escalade, soit se termine en farce.

Dans un article consacré à l’élaboration du budget 2016, le Handelsblatt avance que le ministre fédéral des finances préparerait l’opinion publique à un abandon de l’objectif de budget à l’équilibre compte tenu du coût revu à la hausse de la prise en charge des réfugiés. Jusqu’ici estimé à 7 milliards d’euros, ce coût pourrait être de l’ordre de 10 milliards, précise le journal de source gouvernementale. « Les experts économiques estiment à entre 15 et 45 milliards d’euros par an le coût des réfugiés », écrit dans un commentaire la Berliner Zeitung qui appelle le gouvernement fédéral à « jouer cartes sur table » au lieu de faire du « paternalisme » en passant sous silence les vérités pas bonnes à dire.

Sous le titre « les patrons prennent leurs distances », l’hebdomadaire Die Zeit observe un changement d’attitude de la part des représentants économiques allemands dont l’enthousiasme ferait de plus en plus place au scepticisme. Alors que les patrons ont vu au départ dans l’afflux de réfugiés la solution au manque de main d’œuvre qualifiée dont souffre l’Allemagne, ils seraient de plus en plus nombreux, surtout parmi les PME/PMI, à douter de l’aptitude des réfugiés à s’insérer rapidement sur le marché du travail et à redouter qu’ils constituent bien plus « un fardeau pour l’Etat providence ».

« Gabriel veut devenir chancelier » (Süddeutsche Zeitung)

L’ensemble de la presse fait état de l’entretien accordé par le vice-chancelier et président du SPD à l’hebdomadaire Stern. « Evidemment que j’ai l’intention de devenir chancelier si le SPD fait le choix de me désigner », déclare Sigmar Gabriel dans la perspective des élections de 2017. Ironique sur les précautions de langage de l’intéressé pour qui cette décision « ne dépend pas de son orgueil personnel », les journaux, à l’instar de la Süddeutsche Zeitung, estiment que c’est bien la moindre des choses que l’on puisse attendre d’un président de parti même si ce parti continue de stagner aux alentours des 25% d’intentions de vote.

  1. Europe

TTIP : « le coup de semonce de Lammert » (Tagesspiegel)

Après les déclarations du président du Bundestag Norbert Lammert (CDU) – lequel, excédé que les parlementaires allemands n’aient toujours pas accès aux documents de négociation du TTIP, a jugé exclu que le Bundestag ratifie dans ces conditions l’accord de libre-échange UE-Etats-Unis – le Tagesspiegel et le Handelsblatt estiment cette mise en garde justifiée. Pour le Tagesspiegel, le fait que les documents ne soient accessibles que de manière restreinte dans l’enceinte de l’ambassade des Etats-Unis est scandaleux : « qu’au moins cette consultation se fasse dans les locaux de la représentation de la Commission européenne à Berlin, c’est une question d’amour-propre », pointe le journal en estimant que Norbert Lammert « exprime le malaise de nombreux députés ». Le Handelsblatt considère comme « incompréhensible » l’attitude de la Commission européenne, laquelle craint que les parlementaires ne respectent pas la confidentialité des documents : « le vrai danger pour le TTIP, à ce stade, est que la pression croissante des opposants à l’accord pousse le Bundestag à voter contre ». Il faut au contraire considérer l’intérêt énorme de la population pour un accord commercial comme un chance démocratique et contribuer à démonter les idées reçues des opposants par davantage d’ouverture, conclut le Handelsblatt.

Interrogé par la Berliner Zeitung, le vice-président du groupe CDU/CSU au Bundestag Michael Fuchs, spécialiste des questions économiques, adopte une position en retrait par rapport au président du Bundestag – connu comme un « esprit indépendant » au sein de son parti, rappelle la presse. Soulignant que les négociations se tiennent « sur la base d’un mandat accordé à l’UE » et qu’à ce titre, « ni le Bundestag ni l’opinion publique ne peuvent être impliqués dans chaque détail », il suppute qu’il s’agit de la part des opposants d’anti-américanisme : « nous avons négocié il y a quelques années un accord avec la Corée du Sud et je n’ai entendu personne se plaindre des négociations, même M. Lammert. Si c’est le cas maintenant, c’est uniquement parce qu’il est question des Américains ».

  1. International

Rencontre entre Sigmar Gabriel et Vladimir Poutine à Moscou

La presse allemande rend compte de la visite « surprise » du vice-chancelier et ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Gabriel (SPD),  hier à Moscou, au cours de laquelle il s’est entretenu avec le président russe. Les quotidiens indiquent que S. Gabriel a insisté sur la nécessité de trouver une solution à la crise syrienne en soulignant notamment que « chaque bombe d’Assad pousse davantage de réfugiés vers [l’Occident] ». En lever de rideau de la réunion des ministres des Affaires étrangères allemand, américain, français, iranien et russe aujourd’hui à Vienne, le tabloïd Bild note que Vladimir Poutine s’est dit prêt à « travailler à une solution [pour la Syrie] avec l’Allemagne, la France et les Etats-Unis ». Le Tagesspiegel ajoute que S. Gabriel a également appelé Moscou à faire davantage d’efforts dans le contexte de la crise ukrainienne et à « tracer de nouveaux chemins pour relancer la coopération » entre l’Allemagne et la Russie.

Turquie

Les quotidiens allemands dénoncent la prise de contrôle en direct de la régie de deux chaînes de télévision turques, jugées critiques du gouvernement, par les forces de police du pays. Pour la Süddeutsche Zeitung, « cette démonstration de force montre la nervosité des dirigeants turcs » trois jours avant la tenue des élections législatives. Le quotidien alternatif de gauche tageszeitung s’alarme des atteintes à la liberté de la presse en Turquie, regrette l’« hystérie » du gouvernement de Recep Tayyip Erdoğan à vouloir faire obstacle à tout commentaire critique à l’égard de sa politique et juge que « si Erdoğan remportait les élections dimanche, la liberté de la presse ne serait plus que de l’histoire ancienne ». Die Welt craint la mise en place progressive d’un régime autoritaire en Turquie et appelle l’Europe à soutenir la démocratie turque.

  1. France

Entretien de la FAZ avec Christian Noyer

A l’occasion de son départ en retraite et de l’arrivée de son successeur François Villeroy de Galhau à la tête de la Banque de France, le correspondant économique de la FAZ publie un compte rendu d’entretien avec Christian Noyer, dont il dresse un portait élogieux, soulignant qu’il est l’un des banquiers centraux les plus expérimentés et un « homme de la première heure de l’euro ». S’agissant des récentes annonces de Mario Draghi sur un nouveau programme de la BCE pour lutter contre l’inflation trop basse, Christian Noyer conseille la patience : « le programme actuel fonctionne bien, mais on ne peut attendre qu’il ait atteint son objectif en seulement six mois. Il faut lui donner le temps de porter ses fruits ». Pour lui, les objections des détracteurs de Mario Draghi, craignant que l’aide de la BCE ne soit pas mise à profit par les gouvernements pour faire des réformes, sont infondées : « ces dernières années, il y a eu une vraie volonté de mettre en œuvre des réformes structurelles, certes trop lentement dans les pays subissant moins la pression des marchés financiers, mais ces réformes ont bien été entamées ». Expliquant qu’il ne se prive pas de critiquer si nécessaire dans la presse française « la lenteur et le manque d’ambition » des réformes en France, Christian Noyer souligne à nouveau que ces réformes « vont dans la bonne direction ».

La loi sur la transition énergétique n’est qu’un leurre pour Die Zeit

Dans une correspondance de Georg Blume décrivant la « toute-puissance » d’EdF et du lobby nucléaire sur le marché énergétique français, l’hebdomadaire Die Zeit doute que la loi sur la transition énergétique arrive effectivement à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique en France, tant qu’EdF continuera à vendre l’électricité à prix cassé au regard de l’endettement considérable du groupe pour financer sa filière nucléaire. « La transition énergétique ne pourra se faire tant qu’EdF maintiendra artificiellement les prix trop bas pour que ses concurrents des énergies renouvelables aient une chance. Mais une hausse drastique du prix de l’électricité pousserait les Français sur les barricades et François Hollande le refuse, transition énergétique ou pas », regrette Die Zeit./.