Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
Synthèse de la presse quotidienne
30 octobre 2015
- L’annonce par John Cryan, nouveau patron de la Deutsche Bank, d’un plan de restructuration comprenant la suppression de 9 000 emplois et de la fermeture de plusieurs filiales étrangères fait les gros titres de la presse : « réduction des effectifs et fermetures de filiales à la Deutsche Bank » (Frankfurter Allgemeine Zeitung) ; « la Deutsche Bank en cure d’assainissement radicale » (Die Welt) ; « du sang, de la sueur et des licenciements » (Handelsblatt). La Süddeutsche Zeitung titre pour sa part sur le fait que « les villes allemandes veulent davantage d’argent pour la prise en charge des réfugiés ».
- Allemagne
Dispute entre la CDU et la CSU sur la politique migratoire : « qu’est-ce qui motive Seehofer ? » (Bild)
A la veille de la rencontre entre la chancelière et le chef de la CSU sur la crise migratoire, plusieurs journaux s’interrogent sur les récentes attaques de Horst Seehofer contre Angela Merkel. De l’avis de la Süddeutsche Zeitung et de la Berliner Zeitung, les haussements de ton assortis de menaces du ministre-président bavarois doivent être compris avant tout comme un « appel à l’aide », révélant toutefois que chacun est déçu de l’autre et que la confiance est brisée entre les deux responsables politiques. « Qu’est-ce que la mise en application de ses menaces de sortir de la coalition apporteraient à Horst Seehofer ? D’un point de vue strictement mathématique, la chancelière serait en mesure de gouverner avec le seul SPD », fait valoir la FAZ. « La chancelière serait-elle disposée à prendre davantage en compte le fardeau que représente pour la Bavière l’afflux des réfugiés dès lors qu’elle n’aurait plus à ménager une CSU qui aurait quitté le gouvernement ? », renchérit la Süddeutsche Zeitung. Pour le tabloïd Bild, il y va davantage pour Horst Seehofer de son avenir politique personnel en Bavière que de la situation des réfugiés à strictement parler. Le 20 novembre prochain, Horst Seehofer doit être réélu à la tête de la CSU et le journal de laisser entendre que l’intéressé a bien l’intention d’améliorer son précédent score de 95,3% afin de consolider sa position, notamment vis-à-vis de ses dauphins potentiels Markus Söder et Ilse Aigner.
Nouveau recul du chômage en Allemagne
La presse fait état de la nouvelle baisse inattendue du chômage au mois d’octobre (-0,2%) et souligne qu’avec 2,649 millions de demandeurs d’emploi, soit un taux de chômage de 6%, ces chiffres sont les plus bas enregistrés depuis 24 ans. Nuançant cette bonne nouvelle, les journaux relèvent que dans le même temps les agences pour l’emploi enregistrent une hausse du chômage parmi les étrangers issus de régions en crise, à commencer par la Syrie. « La phase expérimentale ne fait que commencer pour le marché du travail », estime la Süddeutsche Zeitung pour qui il ne fait pas de doute que le nombre des demandeurs d’emploi va augmenter l’année prochaine. Les journaux soulignent, dans ce cadre, le défi de réussir l’intégration des demandeurs d’asile.
« Un constructeur d’armement porte plainte contre le gouvernement fédéral » (Süddeutsche Zeitung)
Selon des informations recueillies de source gouvernementale, le quotidien de Munich fait état d’une plainte déposée en août auprès du tribunal administratif de Francfort par le constructeur d’armement Heckler & Koch contre le gouvernement fédéral auquel il reproche de ne pas lui accorder les autorisation d’exportation nécessaires pour des pièces des fusils G36 en Arabie saoudite. Depuis 2014, ces autorisations ne sont plus délivrées, rappelle le quotidien, conformément à la nouvelle ligne prônée par le gouvernement fédéral en matière d’exportations d’armes légères à destination de pays tiers, mais les demandes de l’entreprise Heckler & Koch portent sur une autorisation datant de 2008, pour laquelle la nouvelle politique gouvernementale ne saurait s’appliquer.
- Europe
Visite en Grèce du ministre allemand des Affaires étrangères
Frank Walter Steinmeier a adressé des « mises en garde amicales » à ses interlocuteurs grecs, rapporte le Tagesspiegel, tandis que la Süddeutsche Zeitung se fait l’écho du « souci de Berlin et de Bruxelles que la Grèce tente de faire l’amalgame » entre la gestion de la crise des migrants et la mise en œuvre difficile des réformes exigées par les créanciers d’Athènes. Pour parer à d’éventuelles manœuvres dilatoires du gouvernement grec, le ministre des Affaires étrangères allemand a, d’une part, rappelé l’aide proposée par l’UE à la Grèce dans la crise des réfugiés, et d’autre part, souligné la nécessité de mettre en œuvre « dès maintenant et pas demain » des réformes pour que le pays renoue avec la stabilité financière et la croissance, écrit la Süddeutsche Zeitung. Frank-Walter Steinmeier a par ailleurs consacré une large part de ses entretiens à la crise des réfugiés, appelant à davantage de coopération au niveau européen mais aussi avec la Turquie, indique la presse. « Sans le dire ouvertement, Berlin a manifesté son mécontentement de voir que les réticences d’Athènes à coopérer avec la Turquie perdurent », écrit la Süddeutsche Zeitung.
A noter que Die Welt publie une interview de l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, qui se pose en Européen convaincu « très fier » de l’action de la chancelière Merkel face à l’afflux de réfugiés, et qui juge le règlement de Dublin totalement inadapté pour un pays comme la Grèce « qui n’est même pas capable de prendre en charge ses propres citoyens ». « Nous sommes un Etat failli, notre système social s’est effondré il y a des années, nos forces de protection des frontières sont en sous-effectifs et tous les jours arrivent des dizaines de milliers de personnes à qui nous pouvons juste offrir à manger et à boire avant de les laisser partir », déclare-t-il.
- International
« Gabriel fait son Schröder à Moscou » (Die Welt)
La rencontre « surprise » entre le vice-chancelier et ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Gabriel, et le président russe Vladimir Poutine continue d’être commentée. Tout en précisant qu’il exprimait « son opinion personnelle », le président du SPD a notamment fait part au président russe de son ouverture à une levée partielle des sanctions « si des parties substantielles de l’accord de Minsk sont mises en œuvre », recueillant le soutien de plusieurs ténors socio-démocrates allemands. Plusieurs commentaires regrettent, à l’instar de Die Welt, que S. Gabriel expose ainsi devant V. Poutine un sujet qui est une source de tensions au sein de la grande coalition, Le journal de Berlin juge que Gabriel a voulu afficher la recherche d’un compromis avec la Russie, dans la lignée de « la politique réaliste de Schröder ».
Déplacement de la chancelière en Chine
L’arrivée d’Angela Merkel en Chine, pour son huitième déplacement officiel à Pékin, bénéficie d’un important écho dans la presse qui souligne que ce voyage doit donner lieu à de nombreux échanges politiques et économiques entre la chancelière et le premier ministre chinois Li Keqiang. Les journaux retiennent principalement qu’A. Merkel a évoqué dès son arrivée la question des réfugiés et soulignent que la Chine a promis son aide à l’Allemagne pour gérer l’afflux de migrants syriens. Le tabloïd Bild croit savoir « qu’en coulisses, la chancelière a appelé la Chine à soutenir le projet de résolution du CSNU contre les bombes baril ». Les quotidiens insistent sur la signature hier par Pékin d’un contrat d’achat de 130 avions Airbus à hauteur de 15,6 milliards d’euros. Dans un commentaire, la Berliner Zeitung relève que le contrat de vente d’avions Airbus a été signé lors de la visite d’A. Merkel en Chine, et non pas lors de celle du président de la République la semaine prochaine, et suspecte les dirigeants chinois « de ne pas seulement vouloir créer des tensions entre les Etats-Unis et l’Europe, mais également entre Européens ».
- France
« Un coup de pied à la BCE en guise d’adieu » (Handelsblatt)
Sous ce titre, le Handelsblatt se fait l’écho des déclarations à la FAZ du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, à l’occasion de son départ en retraite, jugeant prématuré de la part de la BCE de vouloir réévaluer à la hausse le programme de rachat d’actifs destiné à lutter contre l’inflation trop basse (cf. synthèse du 29/10). Le fait qu’à son départ Christian Noyer critique ouvertement Mario Draghi et reconnaisse que le conseil des gouverneurs est divisé sur ses propositions étonne le Handelsblatt, pour qui il contraint ainsi son successeur, François Villeroy de Galhau, à se positionner clairement vis-à-vis du président de la BCE dès son arrivée à la tête de la Banque de France./.