Ce document est à usage strictement interne et a été réalisé par l’Ambassade de France en Allemagne
Synthèse de la presse quotidienne
2 novembre 2015
- L’échec des responsables de la grande coalition à trouver un accord sur des mesures de gestion de la crise migratoire hier, notamment sur la question des « zones de transit », fait les gros titres de la presse allemande ce matin : « le différend sur la crise migratoire divise la CDU-CSU et le SPD » (Süddeutsche Zeitung) ; « La coalition ne s’accorde sur rien lors du sommet sur les réfugiés » (Die Welt) ; « crise de l’asile – La coalition dans l’impasse » (Tagesspiegel) ; « la coalition de la grande défiance » (Handelsblatt). La Frankfurter Allgemeine Zeitung consacre pour sa part sa Une à l’élection législative turque («majorité absolue pour l’AKP en Turquie »).
- Allemagne
Rencontre de la grande coalition : « pas d’accord sur la politique migratoire » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
L’ensemble de la presse note que la grande coalition n’est pas parvenue à s’entendre ce week-end sur les mesures à mettre en œuvre pour freiner l’afflux de réfugiés auquel l’Allemagne fait face. La rencontre d’hier entre les présidents des trois partis du gouvernement s’est achevée sans résultat, Sigmar Gabriel ayant quitté la chancelière et Horst Seehofer au terme de deux heures de discussion, relèvent les quotidiens qui indiquent qu’une nouvelle rencontre à trois est prévue jeudi de cette semaine, juste avant la rencontre entre la chancelière et les ministres-présidents des Länder.
Ceci étant, la CDU et la CSU se sont accordées sur un papier conjoint dans lequel la mise en place de zones de transit aux frontières allemandes, principale pierre d’achoppement avec le SPD, figure comme « mesure la plus urgente pour un meilleur contrôle des frontières ». Ce document envisage également, selon les détails avancés par Bild, un centre commun aux polices allemande et autrichienne pour faciliter leur travail à la frontière et mettre en place des patrouilles communes, une carte unique servant à identifier les réfugiés et destinée à faciliter leur enregistrement et leur contrôle, ainsi que le gel pendant deux ans des possibilités de regroupement familial pour les réfugiés bénéficiant de la « protection subsidiaire ».
A l’instar du Handelsblatt qui titre aujourd’hui sur « la coalition de la grande défiance », les journaux font le constat d’une grande coalition profondément divisée qui, par son incapacité à s’entendre, envoie un « signal catastrophique » (Tagesspiegel) à la population et à tous les bénévoles et volontaires qui affrontent un défi quotidien. Selon le dernier sondage Emnid publié hier par l’hebdomadaire Bild am Sonntag, le score de la CDU/CSU, avec 36% d’intentions de vote, reste inchangé par rapport à la semaine dernière, mais le parti populiste AfD, avec 8%, progresse d’un point et le SPD (25%) en perd un.
Quelques quotidiens analysent le compromis intervenu entre les conservateurs comme une « offre de paix de la part de la chancelière à la CSU » (Berliner Zeitung) ou une « victoire partielle » (tageszeitung) pour Horst Seehofer qui, après l’ultimatum lancé à la chancelière, ne pouvait ressortir des négociations les mains vides. « Merkel ne s’oppose plus à des zones de transit et en échange, Seehofer renonce à la fixation d’un plafond chiffré pour l’accueil des réfugiés », souligne le Handelsblatt. De l’avis de la presse, ce compromis contribue à augmenter la pression sur le SPD qui fait valoir ses doutes quant au bien-fondé, y compris juridique, des zones de transit et prône la mise en place de centres d’accueil et d’enregistrement des réfugiés au niveau de chaque Land.
Départ de la secrétaire générale du SPD : « la fin d’une relation problématique » (Süddeutsche Zeitung)
Les journaux notent que l’annonce du départ de la secrétaire générale du SPD, Yasmin Fahimi, qui rejoint le ministère du travail où elle prend le poste de secrétaire d’Etat laissé vacant par Jörg Asmussen, intervient quelques jours après les propos de Sigmar Gabriel signalant sa candidature pour les élections à la chancellerie fédérale. Ce départ fournit l’occasion à la presse de revenir sur la difficile relation entre Sigmar Gabriel et celle qui était supposée préparer la campagne de 2017. La presse relève aussi la rapidité de la réaction de Sigmar Gabriel qui n’a pas tardé à trouver une remplaçante en la personne de Katarina Barley, une juriste de 46 ans membre du SPD depuis 1994 et députée au Bundestag depuis 2013.
- Europe
Union bancaire / garantie des dépôts bancaires
Selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé vouloir faire une concession à l’Allemagne – opposée à une mutualisation des fonds nationaux de garantie des dépôts bancaires, où l’épargne allemande serait mise à contribution pour rembourser les dépôts garantis d’autres pays – en permettant aux caisses d’épargne et banques coopératives allemandes de rester hors de ce système de solidarité européenne. Dans son édition en ligne, la Süddeutsche Zeitung indique que cette information a été confirmée par la porte-parole de Jean-Claude Juncker. Pour le président de la commission européenne, cette exception se justifierait par le fait que les caisses d’épargne et banques coopératives n’ont pas d’activités spéculatives ni de modèles économiques tels que ceux qui ont provoqué la crise financière, précise la FAZ. L’obligation d’adhérer au système communautaire de garantie de dépôts bancaires serait ainsi limitée aux autres établissements bancaires. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, cette annonce – lâchée par l’intéressé « comme un ballon d’essai lors d’une visite en province en Allemagne » – pourrait lever le blocage du gouvernement allemand sur ce point de l’union bancaire, mais sur le fond, la différenciation entre « bonnes » et « mauvaises » banques est trop subjective et défavorise l’épargnant client d’une banque commerciale. La FAZ reste opposée à toute mutualisation de la garantie des dépôts bancaires.
Tests de résistance des banques grecques
Les journaux rendent compte, dans des articles détaillés mais factuels, du résultat des tests de résistance des banques grecques : « le besoin de recapitalisation est moins élevé que ce que l’on craignait, les fonds du MES pourraient suffir », résume la FAZ.
« Airbus renforce son site de production de Hambourg » (FAZ)
Comme de coutume, la présentation par Airbus de ses résultats trimestriels a trouvé un large écho dans la presse, qui relaie l’annonce par le constructeur de son intention d’augmenter la cadence de production de l’A320, pour la porter à 60 exemplaires par mois à la mi-2019 contre un peu plus de 42 actuellement. Le Handelsblatt souligne pour sa part les difficultés de l’avionneur avec l’A380, dont le modèle actuel ne trouve pas preneur.
- International
« Majorité absolue pour l’AKP en Turquie « (FAZ)
Tous les quotidiens allemands se font l’écho de la victoire de l’AKP du président Recep Tayyip Erdoğan lors des élections législatives turques d’hier. Rappelant les conditions de la campagne électorale dans leurs compte rendus et commentaires, les journaux ne masquent pas leur inquiétude sur la portée de ce scrutin pour l’avenir de la démocratie turque, à l’instar du tabloïd Bild qui se demande si le pays est en train de devenir un nouveau « régime autoritaire ». Die Welt déplore « un jour noir » pour la Turquie et présente ses condoléances au peuple turc auquel il souhaite de retrouver « à l’avenir une démocratie qui fonctionne ». Sous le titre « sur les terres d’Erdoğan », la FAZ juge que le président turc a réussi « son pari de manière triomphale » en demeurant « l’homme le plus fort du pays ». Pour le quotidien de Francfort, si cette victoire est « une bonne nouvelle pour Erdoğan », c’est « une mauvaise nouvelle pour la Turquie » car le président turc est parvenu à museler les forces d’opposition à l’extérieur et à l’intérieur de son parti et met en danger la démocratie dans le pays. La Süddeutsche Zeitung estime que « le problème n’est pas le système politique en Turquie, ni l’AKP, (…) mais ce qu’un homme en a fait : Erdoğan a fait de la Turquie un pays de la peur et de la paranoïa ». A l’instar de la Berliner Zeitung, plusieurs médias rappellent qu’Ankara est un partenaire clé pour l’Europe dans la crise des réfugiés ; plusieurs d’entre eux s’inquiètent que le partenaire turc puisse devenir un interlocuteur plus difficile dans ce contexte politique.
- France
« La fusion entre KMW et Nexter presque parfaite » (Die Welt)
Dans leurs éditions de samedi, Die Welt et la Süddeutsche Zeitung signalent que le projet de fusion franco-allemand dans le domaine de l’armement est en bonne voie et devrait être scellé d’ici la fin du mois de novembre. Faisant état de l’approbation du ministère allemand de l’économie, la Süddeutsche Zeitung évoque la forme juridique que devrait prendre la nouvelle entité et signale une double présidence avec, pour la partie allemande, l’actuel chef de KMW, et un conseil de surveillance constitué de sept membres à la tête duquel ne figurerait ni un Français, ni un Allemand. Pour le côté opérationnel, le journal avance qu’« aucune décision politique n’est en vue pour la construction d’un nouveau type de char franco-allemand » et que KMW et Nexter devraient continuer à produire leurs modèles respectifs, le Leopard 2 et le char Leclerc./.